Chapitre 19

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Mes muscles se tendent et la douleur me traverse de toute part. Ma plaie se rouvre, elle saigne. Tout devient rouge autour de moi. Ma tête bourdonne. Les sons s'éloignent peu à peu de moi, ils deviennent inaudibles. Ma vision se trouble, les lueurs se mettent à danser devant mes yeux et se teinte de noir.

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Je me réveille, humaine et nue. Ma tête est si lourde. Elle résonne, comme si un marteau frappait du verre. Mes mains sur le sol, je pousse sur elle pour essayer de me redresser. Ma vision est encore trouble, ma tête tourne, mes mains me lâchent. Ma tête frappe à nouveau le sol. Ma respiration se bloque. Je ne bouge plus, essayant de stabiliser ma respiration. Il me faut plusieurs minutes avant que m'a vue ne se stabilise également. Alors je réessaye, je m'appuie sur mes mains et me redresse.

Je m'assois contre le tronc d'un arbre mort à deux mètres de moi. J'observe quelques temps le soleil. Il est déjà haut dans le ciel. Une fois que je suis un peu près sur de me sentir mieux je me relève en m'appuyant au tronc. Je trésaille et vacille. Mes genoux tremblent et s'entrechoque. Mais finalement j'y arrive, je tiens enfin debout. Je me dirige doucement vers mon sac. Heureusement il n'a pas souffert de la chute. Il devait toujours être dans ma patte lorsque je suis tombée. Je ferme les yeux et me concentre. Mon corps me brûle, je me transforme lentement.

Je bats des ailes doucement, les testant. J'abandonne rapidement lorsqu'elles se crispent et se mettent à me brûler. Je prends mon sac dans ma gueule et le jette dans le creux de mon dos. Je vérifie qu'il ne bouge pas avant de me mettre en route. Je marche vers le sud à travers la forêt. Je marche pendant des heures, testant mes ailes régulièrement. Lorsqu'elles ne me font plus mal je jette mon sac de mon dos et le prends à nouveau dans ma patte. Puis je m'envole, toujours vers le sud. Je vole tout le reste de la journée et même toute la nuit.

Quand mes ailes recommencent a tirer je m'arrête pour dormir quelques heures. Je me réveille quelques heures avant le zénith et reprend mon chemin. Je fais la même chose encore et encore. Je vole toute la journée et toute la nuit puis je dors quelques heures après le lever du soleil. Je sais que je serai bientôt à la maison, je le sens. Jours après jours, je vole toujours plus. C'est lorsque les premiers rayons du soleil éclairent le sol que j'aperçois enfin la maison. Mes ailes battent encore plus fort. Les larmes me montent aux yeux. Alors que je me pose dans le jardin silencieusement, je remarque une forme assise à la terrasse.

Je me rends rapidement compte qu'il s'agit d'Alec. Il est installé dans un des fauteuils de la terrasse, endormi avec un plaid sur les épaules. Mon cœur se réchauffe tellement qu'il pourrait exploser. Je retransforme en marchant vers lui. Je jette mon sac derrière moi et cours vers lui. Je suis nue et le froid effleure ma peau. Je m'arrête juste devant lui, l'observant de plus près. Je regarde ses traits crispé et les cernes qu'il a sous les yeux. Je me glisse sur ses genoux, m'entourant du plaid et de sa chaleur. Je me recroqueville contre lui, ma tête dans son cou et je m'endors comme ça, me baignant dans son odeur. Je sens le froid s'éloigner doucement avec ma conscience alors que la chaleur d'Alec m'entoure. Son parfum me calme et me berce, l'odeur de sapin ancré dans mon cœur.

Je me réveille, toujours avec cette sensation de chaleur. Mais je me sens tellement reposer, tellement calme. Je constate ensuite qu'Alec dort toujours paisiblement. Doucement je laisse tomber de léger baiser papillon le long de son cou. Il grogne légèrement tandis que je remonte le long de sa mâchoire. Voyant qu'il refuse toujours de se réveiller je dépose plein de baiser sur ses lèvres. Enfin ses yeux papillonnent, et après quelques secondes où il semble encore endormi il pose finalement son regard sur moi. Il me fixe, sans cligner des yeux pendant presque une minute. Puis ses yeux s'ouvrent en grand et il écrase brutalement ses lèvres sur les miennes. Ses bras m'enserrent et m'étouffent presque, et son front se pose contre le mien. Sa voix résonne, tremblante et pleine d'émotion alors qui répète mon nom dans une faible litanie.

Elizabeth et la dernière descendante.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant