Chapitre 3

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Chapitre 3 :

Mon ancienne assistante maternelle est désormais l'unique propriétaire de la seule bibliothèque de notre village. Une reconversion professionnelle qui m'apporte quelques avantages : que ce soit sur les horaires d'ouvertures ou sur la quantité de livre que je peux emprunter.

Madame Orine a rejeté l'une de ses mèches grises.

Même si je connais son visage depuis mon enfance : j'aime prendre le temps de le détailler.

Ses cheveux gris reviennent toujours devant ses yeux et ses petites rides semblent disparaître avec le temps : quelque chose que ma mère et sa meilleure amie commentent toujours dans mon salon.

-Hélène ! Tu vas bien ?

Sa petite taille et son âge ne l'empêchent pas de s'occuper de cette immense bibliothèque toute seule.

-Je vais très bien... ai-je soupiré en déposant quelques livres sur le comptoir.
-Tu devrais être en train de te reposer ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
-J'avais envie de prendre l'air... ce n'est pas drôle de rester enfermer dans un hôpital.

Elle a grimacé.

-Et ta mère ? Elle n'a rien dit ? a-t-elle demandé en passant mes livres à sa caisse.
-Elle voulait que je dorme un peu...

J'ai passé une main à l'arrière de ma tête.

-Je n'ai pas sommeil alors...
-Tu es encore passée par la fenêtre ? a-t-elle demandé en arrêtant ses gestes.
-Euh... ai-je marmonné en fronçant les sourcils.

Comment est-ce qu'elle peut savoir que je passe par la fenêtre ?

-Tu vas finir par lui causer un arrêt cardiaque ! s'est-elle exclamée. On m'a dit qu'elle avait piqué une crise sur le parking de l'église.

J'ai hoché la tête : elle avait hurlé sur les villageois et prononcé des insultes que je n'aurais jamais eu l'audace d'imaginer.

-Père Antoine est intervenu... ai-je marmonné en jouant avec ma fermeture éclair.

Madame Orine m'a jeté un petit coup d'oeil et elle a soupiré. Elle venait sûrement de comprendre que je n'avais pas envie de parler de ça...

-On m'a dit que la voiture était complètement vide... Tu as vu quelqu'un ?

... et elle venait visiblement de décider qu'elle s'en fichait.

-Non.

Après m'avoir renversé : la voiture a terminé sa route contre un arbre et les villageois se sont séparés en deux groupes. Il y avait ceux qui venaient me voir (et qui empêchaient ma mère de passer) et ceux qui allaient voir le conducteur (et qui empêchaient ma mère de lui faire la peau).

-Ils n'ont trouvé personne et je n'ai vu personne.
-Mais... a-t-elle commencé.
-Je ne sais pas ce qu'il s'est passé... je n'ai rien alors...

J'ai haussé les épaules et j'ai désigné un rayon derrière moi.

Les livres m'étaient toujours plus agréables que les êtres humains, sûrement parce qu'ils ne me posaient jamais de questions ou parce qu'ils ne demandaient jamais de changer.

-Attention !

À ce moment précis : un livre m'a frappé en pleine tête.

____

Pas de chance pour Hélène ! 
À demain !
-Mélissa 

LES INVOCATEURS - La prêtresse de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant