Chapitre 26 : Bryan

45 6 0
                                    

Patrick tient fermement sa femme dans ses bras, il se balance d'avant en arrière tandis que le drap blanc, installé soigneusement par Ondouze plus tôt cache l'état de Marianne. L'Alsien a ensuite ramené avec lui des personnels soignants qui essayent de prendre les choses en main. Un brancard a été appelé et attend que le mari soit prêt à lâcher prise.

— Monsieur, monsieur, nous devons enlevé le corps. dis gentiment une infirmière rousse, habillée en bleu.

— Je comprends pas pas... ce qu'il s'est passé... pas... tout.

J'entends à peine sa voix mais comprends assez vite que cela la vraiment bouleversée.

— Monsieur.

De fines larmes coulent sur ses joues alors que sa fille, étendue dans la même pièce reste toujours en sommeil.

Après un moment, alors que Patrick ferme avec force ses paupières, je le vois lâcher prise et laisser le personnel faire son travail. Très vite, le corps est enlevé.

Alors que le conseiller d'orientation se relève, il est vite rejoint et enlacé par un Cameron, tout aussi attristé que moi par la situation.

Je remarque à peine Ondouze partir de la chambre tandis que nous tous, accompagné par un médecin, restons dans la chambre.

Omphraque prend les choses en main et emmène le docteur pour un aparté afin de lui parler. Cameron et Patrick sont toujours dans les bras l'un de l'autre tandis que moi, je regarde Louise, puis Camus, me demandant quelle sera la suite des événements. Camus resserre son bras autour de ma taille, me montrant son soutien.

J'observe l'homme en blouse blanche acquiescé plusieurs fois avant de parler, puis partir. Omphraque nous rejoint juste après, puis prend la parole.

— J'ai expliqué au médecin que Marianne a eu un regain d'énergie, ce qui l'a conduit à avoir assez de force pour se lever et rejoindre sa famille, avant de s'effondrer.

Je regarde l'immortel pendant qu'il parle puis acquiesce avant de me tourner en direction de Cameron qui s'est écarté. Quant à Patrick, il affiche des sourcils froncés et une incompréhension sur le visage.

— Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe ?

Cameron ouvre la bouche puis la referme, cherchant ces mots. Quant à moi, j'essaye de savoir ce que les autres veulent faire.

— Vous devriez vous assoir. dis d'un ton formel l'Alsien.

— Et si je reste debout.

— Faites ce que vous souhaitez, mais il serait mieux pour vous, que votre cerveau se concentre sur mes paroles et non sur le fait de rester debout. Sa voix est calme, mesurer, somme s'il chercher à rationaliser Patrick. Moi et Cameron nous regardons, cherchant à savoir si l'on doit intervenir.

— Pour un jeunot, tu es très convaincant.

Il regarde autour de lui, puis s'installe sur une chaise, jambes écarter, coudes dessus et mains rejointes en forme de poing contre sa bouche. J'ai eu tout le long le cœur à mil à l'heure, espérant que Patrick garde son calme et écoute. Omphraque fait de même, il s'installe sur une chaise, le dos droit. Ainsi, il se met à son niveau, je suppose.

— Commençons. dis professionnellement l'Alsien.

Pendant ce temps, je rejoins Cameron et le prends dans mes bras, Camus me suivant dans la pièce, toujours à mes côtés. Nous sommes dos au mur contenant la porte de la salle de bain.

Camus regarde quelques instants Omphraque et je pressens qu'une conversation silencieuse se passe entre les deux hommes.

— Je reviens vite. Me murmure l'ange à mon oreille. Puis il part de la pièce en silence, nous laissant mon ami et moi, un bras chacun dans le dos de l'autre, nous soutenant.

Notre attention est de nouveau centrée sur les deux hommes assis, calme, concentrée.

— Tous d'abord, vous devez comprendre que l'humanité n'est pas la seule race qui existe. Il parle lentement, choisissant ses mots avec soin. Moi par exemple, tous comme Camus ne venons pas d'ici.

— Et d'où venez-vous ? Sa voix est un brin amusée.

— Je suis de la race des Alsiens, je viens de la planète Athos. Je commande la dimension de l'Enfer et protège tous les individus des âmes qui s'y échappent. Camus quant à lui, est de la race des anges, il est de l'Enfer est commande les divisions combattantes de la dimension.

— Ouah, admettons que je vous crois, ce qui est loin d'être le cas. En quoi ça a un rapport avec ma femme.

Omphraque fait un geste des main et en un instant, le sol se transforme en immense écran, montrant l'Enfer. Nous avons tous une réaction de recul, avant de comprendre qu'on est or de danger.

— Voici la cité, plusieurs millions de personnes y habitent...

Des immeubles et moyens de transport s'affichent devant nos yeux.

— Et voici les sous-sols, là où les âmes damnées se font purifier. La vision qu'on a est celle d'ombre par millier en forme d'humain, puis, comme un zoom dans une caméra, nous voyons une faille, comme celle qu'Ondouze a crée. Et là, c'est une faille, elles sont imprévisibles et se créent sans qu'on puisse l'empêcher. Il y a près d'une semaine... Continue l'Alsien. Cette fissure s'est créée, ce qui a abouti à six âmes en fuite, celle-ci les a conduits sur Terre, fuyant l'Enfer et cherchant à se venger.

Patrick est impressionner par ce qu'il voit, et nous le somme tout autant.

— Les âmes peuvent posséder chaque corps ressemant inoccupé.

Nous voyons un corps humain, mort qui, alors qu'une ombre l'englobe, se réanime aussitôt.

— Voyez, quand une âme s'approprie un corps qui ne lui est pas destiné, ses yeux se colorent de blanc.

— C'est ce qui est advenu à Marianne ?

— Oui, mais sachez-le, une âme ne peut en chasser une autre. Il faut que le corps soit vide pour pouvoir être possédé. Votre femme est morte avant que l'âme damnée ne s'en approprie l'accès.

D'un nouveau geste de la main, le sol de l'hôpital redevient ce qu'il était.

Patrick inspire un grand coup, réfléchissant aux paroles de l'Alsien.

— C'est beaucoup à digérer. L'homme est au bord des larmes et une pointe au cœur m'assaille.

— Je sais. répond l'immortel. Je vais vous laisser, vous avez beaucoup à assimiler, et une discussion entre vous s'impose.

L'immortel regarde, d'un regard doux et amoureux Cameron, puis part de la pièce, respectueusement.

— Vous étiez au courant de tout cela ? demande le père de la belle endormi.

C'est moi qui réponds, tandis que me ami à la parole coupé.

— Nous l'avons su il y a peu...

— Omphraque est... Commence Cameron. Il est... ma destinée. Termine-t-il dans un souffle.

Je reprends la parole, lui expliquant tandis que mon frère de cœur garde les yeux baisser.

— Pour un ange ou un Alsien, le destin leur insigne un être qui les complète, une âme sœur, quoi. Je suis celui de Camus, quant à Cameron, il est...

— Celui d'Omphraque. Termine le conseiller.

J'acquiesce silencieusement.

— Et vous, qu'en pensez-vous ?

À nos visages il sourit et dit.

— Je vois, vous ne savez pas.

Patrick regarde ensuite Louise, d'un regard doux et fatigué.

— Veux-tu qu'on te laisse seul ?

Je demande, me questionnant si un peu de solitude lui fairait du bien.

Il prend une grande respiration, puis s'installe plus confortablement sur la chaise.

— Pour l'instant, pas vraiment.

Et nous avons continué de discuter, laissant parfois un silence bienvenu s'étendre entre nous.

Noire Plume : Camus - Tome 2 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant