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Je rentre chez moi comme après toutes ces journées de cours. J'ouvre la porte du garage, avance entre les vélos et je m'arrête face à la porte qui permet d'entrer dans la maison.

Je reste immobile, debout. Je regarde mon ombre, projetée sur le blanc du mur. J'ai les cheveux en pagaille.

Je suis dans un entre-deux : j'ai trop avancé pour faire demi-tour, mais je sais que si j'ouvre la porte, je devrais en assumer les conséquences. Je voudrais rester ici indéfiniment. Je me sens bien, sans contraintes ni devoirs. Je peux être dans mon propre monde sans que personne ne m'en empêche. Je m'échappe pour quelque temps de la réalité. Il ne reste plus que le bonheur de vivre sans les peurs et les dangers qui l'accompagnent.

Si quelqu'un me voyait là, debout devant ma porte d'entrée, sans bouger, il me prendrait pour une folle. Et il aurait bien raison, une folle qui préfère vivre dans son propre monde plutôt que dans une réalité hermétique et codée qui enferme les gens.

Mais il faut bien que je me résolve à entrer. Je pose ma main sur la poignée de la porte. Le froid du métal se transfert dans mes doigts. Je pousse la porte et entre enfin dans ma maison.

LOST IN THE MOMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant