De L'autre côté de la vallée

Partie 1

- Kira dépêche-toi d'aller chercher les Rosaceae, demanda l'homme à la jeune fille, le rituel est ce soir!

- J'y vais de ce pas père, répondit-elle d'un ton agacé.

La jeune femme, nommée Kira, s'empressa d'aller chercher son panier d'osier chez elle. Sa maisonnette se trouvait à la limite de la sortie du village, perchée dans l'un des plus haut Quercus de la forêt. Elle était juste à côté de celle des chefs de la tribu, ses parents. Contrairement à la leur, la maison était plus petite, faite de bois clair avec une ouverture au milieu du toit, laissant entrer la lumière du soleil et de la lune.

Kira monta les marches, qui n'étaient d'autres que des branches, avec beaucoup d'agilité. Lorsqu'elle arriva en milieu de l'arbre, elle se faufila entre deux dernières branches et poussa une trappe gravée dans une langue inconnue et incrustée de saphir, émeraude et d'autres pierres que Kira aimait tant. En ouvrant ce qui lui servait de porte, elle fut aveuglée par la lumière, contrastant avec l'ombre qui parcourait les feuillages. L'intérieur de ce petit refuge était plus grand que ce qu'il ne laissait paraître de l'extérieur. Il y avait dans la pièce centrale une table avec des chaises en lierres, quelques commodes qui servaient de rangements divers, et une grande bibliothèque vide de moitié. Dans un renfoncement se trouvait un espace qui ressemblait à une cuisine mais dépourvue de source de chaleur, quelques étagères contenaient des baies ou autres végétaux. Kira traversa son logis sans hésitation et escalada son échelle menant à la chambre qui se trouvait en mezzanine. Cette pièce était la plus remplie de la maisonnette, un grand lit situé au milieu était entouré d'un côté d'une coiffeuse illuminée par des bougies et de l'autre un bureau désordonné, dégoulinant de papiers ou plans en tout genre. Quant au panier d'osier, il se trouvait dans un coin rempli lui aussi de livres et grimoires. Elle s'empressa de le prendre. Sur le chemin inverse elle prit un sac en bandoulière fait de grandes feuilles, elle regarda si tout ce dont elle avait besoin se trouvait bien à l'intérieur : pierres et divers cristaux, un cahier de note, une plume de paon avec une sorte d'encre noir, un petit grimoire et pour finir un petit couteau en bois. Elle vérifia une dernière fois son image dans le miroir de sa coiffeuse. Ses cheveux malva étaient coiffés de quelques fleurettes, derrière ses oreilles pointus. Ils ondulaient le long de sa robe d'une couleur qui était assortie à son collier quartz rose ; sa ceinture en chanvre était parfaitement ajustée, tout comme ses sandales dont les cordes commençaient à marquer de rouge sa peau pâle. Peau qui scintillait au contact des quelques rayons de soleil qui rentraient dans la pièce. Mais une chose la troubla, ses yeux hétérochromes n'étaient plus aussi clairs qu'avant, sûrement car l'approche du Samhain était dans quelques lunes.

- C'est curieux, normalement ce sont mes cheveux qui s'assombrissent... pensa-t-elle à voix haute, je me préparerai une potion en rentrant.

Sur ces paroles, elle sortit de sa maison en fredonnant une douce mélodie qu'elle avait entendu en rêve. Quelques mètres lui suffire pour sortir du village, entouré d'une barrière protectrice, seuls les habitants pouvaient la voir et la traverser, néanmoins quelques gardes cachés dans des feuillus garantissaient la sécurité de tous. Dans l'un d'eux se trouvait un des amis de Kira, elle ressentait son aura. Elle ne s'était pas trompée, un jeune homme fit une pirouette dans le ciel avant d'atterrir devant elle. Il n'était pas beaucoup plus grand qu'elle, vêtu seulement d'un pantalon, c'est sa cape de la garde, son carquois et son grand arc brun qui lui servaient d'habits pour son torse musclé. Ses cheveux marrones étaient remplis de feuilles, bien qu'ils soient long jusqu'à ses oreilles légèrement pointus, cela le démarquait des autres hommes de la tribu qui les portaient étendu jusqu'aux mollets. Cette particularité lui donnait un charme différent de celui des autres garçons que connaissait Kira. Quant à ses yeux, ils étaient de la même couleur que son âme, topaze pure comme le ciel. Homme guerrier, son aura aurait dû être plus proche de la clinohumite comme ses camarades, Kira ,seule de ces lieux à posséder la capacité de lire les âmes et auras, se demandait bien pourquoi il était comme ça. 

- Bonsoir princesse ! s'exclama le jeune homme en s'inclinant. Où allez-vous comme cela ?

- Oh pas besoin d'autant de formalités Euginè, ria-t-elle, nous nous connaissons depuis le berceau enfin. Je me dirige vers l'alpage afin de ramener des Rosaceae. Mais je dois me dépêcher et revenir avant la tombée de la nuit.

- Toute seule ? hors de question je viens avec toi ! ordonna Euginè.

- Tu ne vas pas faire comme père à me surveiller toi aussi... répondu Kira, commençant à rougir de colère.

Euginè connaissait bien le caractère lunatique et exacerbée de cette princesse elfe. Il ne valait pas mieux être dans les parages lorsqu'elle explosait de colère, bien que cela n'était quasiment jamais arrivé. Ce jour était rester dans la mémoire du jeune homme, c'était il y a bien des lunes de cela, lorsque la jeune fille avait voulu aller au-delà de la haute montagne, ces lieux, qui étaient interdits de franchir, éveillaient la curiosité naissante de cette elfe. C'était le père du jeune homme qui l'avait retrouvé à temps et qui l'avait ramené au village. Le chef du la tribu était fou de rage, punissant sa fille pendant très longtemps de sortir, l'enfermant dans la maisonnette. Kira n'a jamais compris pourquoi c'étaient des lieux inexplorés par sa tribu, pourtant certains livres anciens en parlaient vaguement. Personne n'a su lui expliquer pourquoi elle n'avait donc pas le droit de partir à l'aventure. Mais ce n'était pas pour l'empêcher de commettre à nouveau cette erreur qu'il voulait l'accompagner, mais la protéger des autres créatures de la forêt qui pouvaient parfois être maléfique si on ne voulait pas les écouter ou jouer avec elles. Il prit alors son courage à deux mains et s'imposa.

- Je t'accompagne que tu le veuilles ou non ! dit-il droit comme une brindille.

A la vue de ce spectacle peu habituelle, Kira explosa de rire laissant s'envoler sa colère. Main sur le ventre et sourire sur ses lèvres framboise, elle le regarda les larmes aux yeux. Euginè, lui se décomposa en voyant la réaction de son amie, pêchant la tête sur le côté en attendant une réponse de vive voix.

- D'accord, d'accord, tu pourras venir. souffla-t-elle entre deux rires.

- Très bien ! affirma-t-il en levant la tête avec fierté. Mais pas besoin de te moquer de moi comme cela, je sais me montrer ferme.

- Oui, en effet...bafouilla-t-elle, les larmes coulant sur ses joues tachetées.