7 - Rien qu'un verre

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Une semaine s'était écoulée depuis sa première soirée à l'Atlantide. Une semaine éprouvante où bien des verres avaient été renversés puis brisés. Mais tout le monde, mis à part Tressie, avait été d'une patience spectaculaire. Et désormais, elle se sentait plus à l'aise dans son rôle de serveuse. Elle était à présent capable de préparer des cocktails, des bières, des alcools forts et de marcher plateaux rempli en main. Un exploit quand on connaissait sa maladresse légendaire. Ses collègues étaient d'une gentillesse infinie. Elle n'aurait pu mieux tomber.

Durant son apprentissage elle n'avait aperçu qu'une fois le biker. Il était passé en coup de vent pour chuchoter quelque chose à un de ses frères. Mais Spencer avait souri intérieurement quand, avant de partir, il avait zieuté la pièce jusqu'à la trouver pour lui faire un clin d'œil et un sourire en coin. Son égo de femme en avait pris un sacré coup. Birdie avait d'ailleurs bien vu cette petite scène et c'était sûr, elle haïssait Atalante. Son regard noir en disait long sur ses pensées. Elles étaient meurtrières à n'en pas douter. Mais spencer s'en fichait. D'ailleurs, des quelques brebis qu'elle avait pu côtoyer, la seule qu'elle appréciait était Leny. Une petite rousse aux allures enfantines qui faisait fondre bien des clients. Et elle la soupçonnait de flirter avec le Président des PHR car les motards ne faisaient que faire des commentaires salaces sur ce duo fort étonnant. Qui aurait pu imaginer cette petite femme toute frêle et fragile avec un homme de la poigne d'un Président de club ? Bien qu'elle ne sache absolument pas à quoi ressemble ce fameux président puisqu'elle ne l'avait jamais croisé au club.

Peu à peu Spencer prenait ses marques dans cette ville. De jours en jours elle lâchait prise, au point d'oublier par moment d'où elle venait et pourquoi elle se trouvait ici. Ethel avait l'impression d'être dans une brèche du temps. Un endroit où plus rien, si ce n'est-elle, n'avait d'importance et où rien ne pouvait lui arriver.

Après ses services, elle n'était cependant jamais restée aux côtés des bikers et de ses collègues. Elle ne savait pas pourquoi mais elle était effrayée à la simple idée qu'ils lui posent des questions sur sa vie et son passé. Elle voulait éviter de se faire remarquer. Mais refuser sans cesse attirait plus que de raison l'attention. Personne ne comprenait pourquoi cette si jolie demoiselle se renfermait sur elle-même. Pourquoi un si affectueux personnage -quoiqu'on en dise- est si souvent seul. Sa solitude questionne. Et c'est dans le cours de sa deuxième semaine qu'elle se rendit vraiment compte que malgré ses efforts, rester dans son coin n'était pas une solution.

Ses collègues l'évitaient quelque peu, ils avaient même arrêté de proposer quoique ce soit. Spencer commençait véritablement à se sentir seule. Ces personnes étaient les seules de sa nouvelle vie.

A la fin de son service en ce jeudi soir, ce fut la première fois que la salle était vide de bikers. Un fait étrange mais appréciable. C'était à son tour aujourd'hui de fermer la salle, ce qui fait qu'elle se retrouvait de nouveau seule. Et même s'il lui était interdit, elle se servit un verre de digestif pour se remettre les idées en place et éviter une crise de nerfs qui la ferait pleurer à coup sûr. Beaucoup de choses s'accumulaient. Beaucoup de stresse et d'inquiétudes. Elle n'avait aucune nouvelle de sa famille, ce qui était à la fois bon et mauvais signe. Puis il y avait ce lieu, cet endroit qu'elle aimait bien mais qu'elle tenait à distance du fait de son passé...

_Un peu plus et je pourrais aller cafter au patron, la fit sursauter une voix inconnue dans son dos.

Elle se tourna de moitié, appuyée d'un coude sur le bar, le verre et la bouteille à ses côtés.

_Et qu'est-ce qui t'en empêche ?

_Ton jolie minois sans aucun doute, blagua l'inconnu.

Paré d'un blouson de biker identique à ceux des PHR, elle observa également des tatouages parsemant ses bras et son cou. Ses yeux claires lui donnaient un air dur et froid, en contraste avec sa voix enjôleuse à souhait. Il se plaça à sa gauche pour se pencher et attraper un verre qu'il remplit sans plus attendre. Il faisait comme chez lui, pourtant elle ne l'avait jamais vu.

1 - Hey Biker !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant