Chapitre 2 - Haydan

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— Monsieur Brown ? Votre mère est à la réception.

— Dites-lui que je descends dans une minute.

Cassie hoche la tête d'un air entendu puis referme la porte vitrée sur ses talons. Le nez dans la présentation la plus importante du semestre, j'hésite un instant à annuler ce déjeuner. Je sais que maman ne va me parler que de cotillons, de lâchers de colombes et de fleurs. Ce mariage va finir par me rendre fou. L'idée me traverse, je l'avoue, de l'annuler en même temps que ce déjeuner.

Mais ce n'est malheureusement pas de mon ressort.

Je soupire en refermant l'écran de mon Macbook. Tu n'y couperas pas, mon vieux. Je tire sur le col de ma chemise blanche pour la replacer, vérifie que mes cheveux soient arrangés dans le reflet de la baie vitrée qui fait face à mon bureau, puis je pousse la porte. Direction une heure en enfer.

Debout devant le comptoir en bois laqué de la réception, ses cheveux bruns remontés en un chignon sophistiqué, Maman m'attend en pianotant dans le vide sous le nez de Cassie. Ma secrétaire a l'obligeance de ne pas montrer son agacement. Je lui adresse un regard désolé et elle réprime un sourire en baissant ses yeux de biche. Je crois que je lui plais bien. Elle a cette façon de minauder quand elle est près de moi qui la rend très mignonne. Bizarrement, je ne la vois pas battre des cils quand elle sert le café à Jared, mon associé.

— Ah ! Te voilà, s'exclame Maman à mon approche.

Un sourire illumine son visage, mais elle a ce ton qui semble dire « ça fait des plombes que je t'attends ». Elle n'est pourtant là que depuis cinq minutes.

— Me voilà, confirmé-je, nonchalant. On y va ?

Je me penche pour lui déposer un baiser sur la joue et, tout en marchant vers les ascenseurs, elle commence à se perdre en paroles, me détaillant le programme chargé de sa journée, qui ne consiste qu'à courir les boutiques pour les derniers préparatifs du mariage. Comme si son temps était plus précieux que le mien, alors que j'ai une boîte de cinquante salariés à faire tourner.

— Bon appétit, Monsieur Brown.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je me retourne une fois à l'intérieur pour profiter du regard en coin que m'adresse ma secrétaire, un stylo glissé entre ses lèvres pulpeuses.

— Bon appétit, Cassie, réponds-je d'un ton neutre.

Pourtant, dans ma tête, les images qui défilent sont beaucoup moins professionnelles, et ce n'est pas le stylo que j'imagine glisser sur l'ourlet de sa bouche. Mais je m'efforce de garder un air impassible, pour ne rien laisser deviner de mon trouble. Flirter avec ma secrétaire, ça ferait mauvais genre. Ça pourrait même finir dans les colonnes people des canards de San Francisco. J'imagine déjà les titres « Le jeune prodige de la Tech s'envoie l'une de ses subordonnées » ou encore « L'Héritier Brown nous révèle son vrai visage : sous ses airs de jeune premier, il n'est qu'un débauché. » Ouais, ç'a été suffisamment difficile de me faire un nom par moi-même. De faire oublier la cuiller en argent qui m'a été glissée dans la bouche à la naissance. J'ai beau avoir fondé Cheef-Express à partir de rien, avec Jared, personne ne veut croire à ma success story. Je ne peux pas me permettre le moindre écart. Si je commence à coucher avec mes employées, ma réputation n'ira pas en s'améliorant. Aussi ouvertes et mignonnes soient-elles...

— Dis, tu m'écoutes ?

Je sursaute. Maman attend une réponse. Mes yeux se portent sur le décompte des étages de l'ascenseur. Encore un et nous atteindrons le rez-de-chaussée.

Tinder Love {Tous droits réservés à Peach Miller}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant