Le sol s'éloignait de plus en plus et j'étais en train d'agoniser à cause de la pression qu'exerçait le col de ma robe de sorcier sur ma gorge. Je me débâtis en toussant sans savoir qui m'avait ainsi attrapée.
Cela ne faisait qu'un court instant que j'étais dans les airs, mais j'avais tellement de mal à respirer que je me sentis pâlir et m'éloigner du monde réel.
Soudain, j'eus l'impression que l'on me projetait dans les airs. Je pensai que cela venait d'une hallucination due au manque d'oxygène, mais quand mon délicat postérieur heurta violemment une surface dure et saillante, je revins brutalement à la réalité.
Un air frais s'engouffra dans mes poumons. Ce fut un vrai soulagement. Je ne m'aperçus qu'après une durée indéterminée que j'étais en fait assise en cavalière sur Eliott. Un ouragan de soulagement m'envahie.
Je passai ma jambe droite à côté de ma jambe gauche de sorte à m'assoir en amazone puis entortillai soigneusement mes doigts dans la fine crinière d'Eliott. Je ne remarquai qu'à cet instant que celui-ci n'effectuait que des cercles au dessus des plaines tel un gros rapace aux aguets.
Je compris alors que je ne lui avais pas donné de destination précise : « les sombrales savent très bien trouver la destination de leur cavalier ». M'avait un jour dit ma mère.
Je dis alors à la bête ailée qu'était Eliott :
_" Emmène-moi au 5 avenue Phyllida Augirolle, chemin de traverse"
Aussitôt, Eliott vira vers la gauche et fit battre ses ailes d'un mouvement régulier pour se donner de la puissance. Ce brusque mouvement me fit perdre l'équilibre, je me rattrapai de justesse au coup de mon ami.
Je me dis que le voyage ne devrait pas durer longtemps, car j'étais arrivée ici sur mon balai et je n'avais volé qu'à peine 1 demi-heure tout au plus.
Le temps passe de moins en moins vite et j'ai maintenant l'impression que cela fait des heures que nous volons, mais ce n'est bien sûr qu'une impression. Le soleil commençait à décliner et je peinais à garder les yeux ouverts. J'étais tiraillée par la faim et le sommeil, je crus que je n'allais pas pouvoir tenir jusqu'à la fin du voyage. J'eus alors une envie irrésistible de déguster Eliott au barbecue ou juste cru, mais je me repris immédiatement en chassant à jamais cette pensée de ma tête.
Je regarde le paysage défiler, j'avais oublié que cela avait le pouvoir de me bercer et je m'assoupis un court instant.
~ ~ ~
« En ouvrant les yeux, je me retrouvai en face d'un homme que je ne connaissais point. Il avait les cheveux d'un noir de jais et des yeux noisette. Un peu plus loin, il y avait une masse sombre inerte plongeant dans une mare de sang. J'étais trop loin pour distinguer la nature de cette chose, mais ce dont j'étais certaine, c'est qu'elle était morte.
L'homme qui était, devant moi pointa alors sa baguette sur mon torse puis un éclair de lumière verte me toucha en pleine poitrine. Une vague de désespoir m'envahit. »
~ ~ ~
Je poussai alors un cri strident qui fut ponctué par un soubresaut de ma monture. Je compris, mais trop tard que je glissai du dos d'Eliott.
Des collines ainsi que des maisons éclairées se dessinèrent autour de moi, l'homme et la masse de sang avait disparu. J'étais en train de tomber dans le vide sans personne à qui me rattraper. Le désespoir que j'avais ressenti dans mon rêve ne m'avait pas quitté, je fermai mes yeux et attendis le choc sans espoir.
Quelqu'un m'agrippa le bras droit et un horrible bruit de déchirure parvint à mes oreilles. Ce n'était que ma robe et mon pull qui avaient lâché. Je recommençai à tomber puis tout à coup, mon coccyx se fracassa contre une paroi osseuse. Cela me fit monter les larmes aux yeux, mais la douleur se dissipa quelques instants plus tard. J'étais sauve ! Eliott m'avait une nouvelle fois sauvé la vie.
C'est encore de ma faute si j'avais failli mourir, mais tout allait bien.
Je ressentis alors une nouvelle secousse, cette fois, je vis mon fidèle destrier descendre vers une rue pavée. Je la regardai plus attentivement et aperçus la devanture de ma maison. Le voile de désespoir qui recouvrait mon cœur se dissipa immédiatement. Je souris.
Eliott se posa sur le sol avec délicatesse.
Certains passants me regardèrent avec des yeux ronds, ils ne devaient surement pas voir les Sombrales et j'étais bien contente pour eux. J'ignorai les murmures des autres et descendis de mon ami. Ensuite, j'avançai sur le perron du numéro 5 de la rue et actionnai la poignée de la porte en fer. Elle était fermée à clef.
Je toquai donc trois coups, après plusieurs secondes, des bruits de pas se firent entendre puis j'entendis un déclic familier. Le battant de la porte s'entrouvrit. Je vis un œil vert injecté de sang apparaître à l'entrebâillement ainsi qu'une multitude de bouclettes rousses. Je reconnus instantanément mon père et lui aussi apparemment, car il tira la porte d'un coup sec et m'enlaça. Je répondis avec plaisir à son étreinte.
_ « On te croyait morte ma grande » Chuchota-t-il
« Super accueil !! » pensai-je
Cependant, je ne répondis rien et me contenta de ne rien faire. Un énième gargouillis fut émis par mon estomac. Je n'en pouvais plus d'attendre, je m'arrachai de l'étreinte de mon père et me faufila à l'intérieur de la grande bâtisse sous le regard ébahi de mon papa : Rolf.
Je courus mécaniquement vers la cuisine sans regarder autour de moi les décors familiers de ma maison qui m'avait tant manqués. Il fallait que je le trouve, il le fallait !
Enfin, j'émergeai dans la grande cuisine du cocon familiale et épiai tous les recoins de la pièce à la recherche de mon seul espoir.
Je le vis au bout de quelques secondes, là, entre une armoire en bois et un mur, il était d'un gris métallique scintillant et jonché de listes de courses et de croquis d'animaux fantastiques : Le réfrigérateur !!.
J'ouvris la porte à la volée et observa attentivement sont contenu. Je fus un instant déçue de constater qu'il n'y avait que des légumes dans le haut, mais fus heureuse en découvrant dans le bas les ¾ d'un gâteau au chocolat ainsi qu'un grand saladier de chili-con-carne. Je pris les deux plats et les posa sur l'îlot de la cuisine puis referma le frigo. Ensuite, je vis une grosse cuillère à soupe dans l'évier et n'hésita pas une seule seconde à la plonger dans le plat à base de haricots rouges.
J'en extirpai une grosse cuillerée que j'enfournai dans ma bouche puis répétai l'opération un bon nombre de fois jusqu'à en vider l'entièreté de son contenu.
Mon estomac criait grâce mais j'avais envie de manger un peu de gâteau, je coupai une fine tranche de celui-ci avec le manche de la cuillère et la gobai. Pour finir mon repas, je passai la tête sous le robinet et bus une grande gorgée d'eau. Je poussai un soupir de soulagement.
Je regardai le reste du gâteau,
« Il sera pour Eliott » pensai-je. Je pris l'assiette et me retourna vers la porte. Je tombai alors nez à nez avec 4 personnes.
Il s'agissait de ma famille au complet : ma mère, mon père et les jumeaux Lorcan et Lysander.
_ « t'en a un peu là » Dit Lorcan en désignant le coin de ma bouche.
J'essuyai ma joue avec ma manche valide et me mis à rire. Ils m'imitèrent puis je serrai dans mes bras ma mère qui avait une grosse larme sur la joue et me contentai de serrer la main de mes frères.
Mes parents ne me punirent pas, en tous cas pas tout de suite, mais me posèrent des dizaines de questions. Je me décidai donc à leur raconter toutes les péripéties de ma petite excursion en évitant de leur dire que j'avais fait des rêves très étranges et que je pouvais faire de la magie sans baguette magique. Cela les aurait inquiétés plus qu'autre chose. Nous nous endormîmes serrés les uns contre les autres sur le canapé du salon un plaid sur les genoux. Demain sera un autre jour.
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Dragonneau un jour...
Fanfiction"Quand elle sent pour la première fois sa vie en danger, E. D va développer une sorte de magie très puissante qu'elle à du mal à contrôler, puis par la suite découvrir des secrets plus lourds à porter les uns que les autres. En ferrât-elle bon usage...