Chapitre 18 - Les lois de la génétique et de l'esprit

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Poppy

— Dites-moi que vous mous moquez de moi, tous les deux ? s'étouffe Minerva. Ça ne peut être qu'une très mauvaise blague de votre part !

Certes, se faire tirer du sommeil par un fantôme un peu trop exubérant, à six heures du matin, est loin d'être agréable. Mais de toute ma longue carrière à travailler aux côtés de cette honorable sorcière, jamais je ne l'avais vu dans un état similaire.

Sa chevelure, retenue habituellement en chignon, se déverse en cascade de cheveux plus sel que poivre dans son dos, son teint déjà pâle a viré au blanc, et tout le maintien et la prestance qu'elle dégage en temps normal ne sont plus qu'un très vague souvenir dans mon esprit.

Non, en cet instant, elle n'est plus que Minerva, Minnie pour les intimes, la directrice de Poudlard, directrice qui vient d'apprendre que deux de ses élèves préférés ont une Patacitrouille dans le ventre. Dur réveil, même pour elle...

— Minerva je t'assure que..., commencé-je avant qu'elle ne m'interrompe.

— Enceints ! explose-t-elle enfin. Deux de mes lions se retrouvent enceints ! Et aucun de vous ne s'est dit qu'il serait intéressant, je ne sais pas moi, de leur enseigner les sorts de contraception ? Non ?

Rares ont été les fois où j'ai vu cette grande dame perdre tout son sang-froid. L'an dernier, quand elle avait vent des retenues imposées par les Mangemorts, elle est entrée dans une folie furieuse. Mais là, elle vient de dépasser ce stade.

Je me demande si ce n'est pas tant le fait que ce soit ces deux lions en particulier, plutôt que ce soit deux Gryffondor, qui soient en pleine grossesse, qui la met dans cet état de nerfs.

Parce que des grossesses à Poudlard, qu'elles soient désirées ou non, nous en avons souvent eu. Certes, ces dernières années, elles se sont faites plus rares qu'auparavant, mais une quinzaine d'années plus tôt, c'était bien plus courant !

À l'époque, les cours d'éducation sexuelle étaient de mise dans le château pour les septième année. D'un commun accord, nous avions décidé de le faire débuter aux sixième année mais, entre-temps, la paix s'est confortablement installée dans la communauté sorcière, et de là a découlé le laxisme de ces leçons. Et voilà le résultat...

— Voyons, Minerva, tu sais très bien que je ne déchaîne pas les foules, ricane-t-il.

Ce serait même le contraire... Certes, depuis que le monde britannique connaît la vérité sur son combat et, grâce à Miss Granger, les raisons de celui-ci, les étudiants le regardent avec respect et non plus crainte.

Mais il semblerait que Severus soit plutôt le genre d'homme à préférer recevoir la haine et les critiques, plutôt que les félicitations et les lauriers. Plus les mois passent, et plus un certain pan de sa personnalité ressort : son sarcasme et son cynisme.

— Et toi, Poppy, c'est quoi ton excuse ? susurre-t-elle fraîchement. Ton physique est trop ingrat pour que les étudiants viennent te demander conseil ? Tu as été trop prise par ton travail ces derniers temps ? Ta vie de famille est si fastidieuse que tu n'as pas senti le courage en toi de le faire ?

C'est un coup très bas, et elle le sait parfaitement. Pour avoir une vie de famille, il aurait déjà fallu que j'aie ladite famille ! Mais travailler à Poudlard impose de ne jamais pouvoir quitter les murs de l'établissement, si ce n'est le week-end et durant les vacances.

Pourtant, à une époque, je me souviens qu'il était plus simple d'être infirmière ici. En ce temps-là, les professeurs avaient le droit d'avoir leurs enfants en bas âge, de même que leur conjoint dans le château. Puis le directeur Dumbledore est arrivé au pouvoir, et tous ces privilèges nous ont été refusés.

Le Souffle Du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant