Chapitre 8: Désaccords

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Le ciel était d'un beau bleu ce samedi et seuls quelques nuages éparses le décoraient. Thorn et Ophélie profitaient d'une accalmie dans leur salon, pendant que Noham faisait la sieste. L'animiste, assise dans un fauteuil au coin de la fenêtre, lisait un livre sur d'anciennes pratiques de l'arche de Babel tandis que Thorn remplissait des formulaires fiscaux qu'il n'avait pas eu le temps de finir la veille. Certains commerces rechignaient à se plier aux impôts et l'Intendance devait s'occuper de leur envoyer des relances. Un silence confortable régnait.

Ophélie sortit soudainement la tête de son ouvrage.

- Je viens de penser à quelque chose d'important pour le futur.

Son époux ne répondit pas, ni même ne bougea la tête mais elle avait toute son attention.

- Nous pourrions mourir.

Thorn se retint de lâcher un soupir exaspéré.

- C'est le cycle de la vie, Ophélie. Je pensais que tu étais déjà au courant.

- Non mais je veux dire.. pas de manière naturelle. Nous pourrions être tués ou mourir d'une façon inattendue avant même de devenir vieux.

Le grand blond ne prit pas la peine de répondre. Encore une fois, Ophélie passait par quatre chemins avant d'arriver à dire ce qu'elle voulait. S'exprimer de manière claire et précise n'était pas son fort.

- du coup, je me disais.... Si jamais nous venions à mourir prématurément, Noham se retrouverait tout seul. Il faut que quelqu'un soit là pour s'en occuper.

- Ma tante saura parfaitement s'occuper de notre fils.

La jeune femme ouvrit grand les yeux, ébahie. Elle en vint à refermer son livre pour mieux se concentrer sur la discussion.

- C'est hors de question ! Je ne remets pas en question l'éducation que ta tante t'a donné ni même celle qu'elle donne à sa fille mais j'ai un mauvais souvenir de ma formation au grand monde lors de mon arrivée au Pôle et de la considération qu'elle a pour son personnel. Des images du temps où elle n'était que Mime, simple valet au service de ses moindres désirs, lui vinrent en tête. Je ne veux pas que Noham ait un tel dédain pour les gens qui sont à son service.

Ophélie se heurta à un silence.

- Même Archibald ferait mieux l'affaire !

Évidemment, la phrase fit mouche. Thorn arrêta brusquement d'écrire au point de laisser son stylo en l'air. Ses doigts se crispèrent sur ledit stylo.

- Il est absolument inenvisageable qu'Archibald ait la garde de notre enfant. Qu'il faille lui trouver un parrain ou une marraine, soit. Mais il est difficile de faire pire modèle parental que cet être mal fagoté aux mœurs douteuses.

L'animiste ne releva pas. Elle savait que malgré toute l'affection qu'elle portait à l'ex-ambassadeur, il n'en serait jamais de même pour son époux. Il avait la rancune tenace et pardonnait rarement.

- J'entends ton désaccord mais cela ne résout pas le problème. Hormis Bérénilde, qui serait en capacité d'élever notre fils ?

Thorn réfléchit quelques secondes et lâcha :

- personne.

Et il se remit à écrire comme si l'affaire était close. Ophélie, elle, considérait au contraire que c'était loin d'être fini.

- Nous avons encore tous deux des personnes qui cherchent à nous nuire et certains seraient capables d'attenter à notre vie. Je souhaite que Noham continue à avoir une vie heureuse après nous.

La parentalité au PôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant