Lors d'une journée d'été, le son crissant d'une flûte s'envolait dans le vent. Les stridulations des quelques sauterelles et insectes aux alentours témoignèrent de leur torture à l'écoute de l'affreuse musique. Le chant des souimanga asiatiques se fit plus lointain qu'à l'ordinaire jusqu'à ne devenir qu'un léger murmure aux oreilles des trois hommes.
Au sein de cette campagne verdoyante, la cacophonie se tenait à l'intérieur d'un pavillon de bois et de toile. L'ermitage était aussi simplement décoré que le temple PuQi, reculé au pied d'une montagne, éloigné de la route principale. Les trois frères d'arme avaient pris l'habitude de se retrouver dans ce lieu et de l'entretenir un minimum. Céans, il n'y avait pas de règles à suivre, ni de visites de riverains ou de cultivateurs. L'endroit semblait coupé de tout, ce qui encouragea l'un d'eux à faire une sérénade.
Le musicien avait pris place sur le rebord de la fenêtre. Une de ses jambe était à moitié pliée, l'autre était tendue dans le vide. Les yeux mi-clos, il contrôlait son souffle pour faire jouer son instrument. Ses longs doigts fins touchèrent les trous de sa flûte ébène. Sa tête se balançait de droite à gauche comme pour accompagner sa mélodie.
Ses deux spectateurs, quant à eux, grimacèrent. Les nombreuses notes fausses et aiguës ne les aidèrent pas à passer un agréable moment. Excédé, l'un d'eux finit par se lever d'un bond.
- Wei Wuxian tu devrais songer à changer d'un instrument ou bien à prendre des cours.
La voix de Shen Qingqiu eut le don de faire cesser la fausse mélodie. Quelques mèches s'échappaient de sa coiffe, probablement dû aux frissons qui l'avaient parcouru. Toutefois, sa posture restait à la hauteur d'un ancien seigneur du Pic Cang Qiong. Une main était dissimulée dans son dos, l'autre tenait un éventail raffiné. Ses lèvres étaient cachées derrière l'exquis accessoire. Il ouvrit un demi-oeil pour fixer le musicien.
Wei Wuxian lui tira la langue tel un enfant boudeur. Il descendit de son piédestal sans prendre garde au parquet fragile, qui menaçait de se briser sous son poids. Il s'approcha et fit une légère pichenette à l'éventail pour le taquiner.
- Shen Gege, si tu n'es pas content, je peux te jouer un autre morceau meilleure que celui-ci.
Son sourire et ses yeux coquins ne présagèrent rien de bon.
Dès que les premières notes furent jouées, Shen Qingqiu fit un bond en arrière. Son regard s'assombrit tandis que ses mains couvrirent ses oreilles après avoir refermé son éventail d'un geste brusque. Il fit de son mieux pour garder un air sérieux et inattaquable. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'observer minutieusement le pavillon à la rechercher d'un large bocal pour le lancer au fauteur de trouble.
Ce musicien de malheur interprétait « le ressentiment de Chunshan ». Une musique qui horripilait le cultivateur du Pic Cang Qiong depuis sa première écoute. En effet, elle contait une histoire d'amour interdite entre un disciple et son Shizun. De plus, il faisait partie de l'un des deux protagoniste.
Si Wei Wuxian appréciait la scène, au moins Xie Lian ne chantait pas. Il n'avait suffit que d'un regard de la part de Shen Qingqiu pour faire comprendre à son second frère d'arme le sort qu'il lui réserverait s'il entrait dans le jeu.
L'ancien cultivateur démoniaque finit enfin son morceau, puis sautilla vers l'homme en blanc.
- Xie Gege, ne te laisse pas embêter par ce rabat joie de Shen Gege.
Son interlocuteur sourit doucement pour apaiser les tensions. Il avait l'habitude des espiègleries de ses deux frères d'arme. Il laissait tout d'abord faire, riant derrière sa manche, puis quand l'un d'eux venait se cacher dans son dos, il intervenait. Xie Lian ne souhaitait pas voir leur ermitage être réduit en miette encore une fois. Il n'aurait pas la force de le rénover et Sang Lan le convaincrait de ne plus se préoccuper ni de l'endroit ni des deux cultivateurs turbulents.
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Délicate attention [𝐒𝐕𝐒𝐒𝐒/𝐌𝐃𝐙𝐒/𝐓𝐆𝐂𝐅]
FanfictionPar une belle journée d'été, Shen Qingqiu, Wei Wuxian et Xie Lian trouvent une lettre devant leur pavillon. Une adresse y est inscrite. Toutefois, le nom de l'admirateur reste anonyme. Qui a bien pu écrire cette missive ? A qui est elle destinée...