Je ne reveille en sursaut, sûre que mes assaillants vont me sauter dessus. Mes yeux parcourent le trottoir beige, la bâtisse brune et noire devant moi, les cadavres a mes pieds. Les cadavres...
Je me crispe en criant. Du sang. Partout. Des membres désarticulés. Des cheveux arrachés de leur crâne. De la salive qui coule lentement, goutte-a-goutte, sur le sol chaud. Mais le pire, c'est les yeux.
Quatre paires d'yeux vitreux et fixes qui me devisagent, comme pour me demander "qu'à tu faaaaais?".
Je pousse une autre cri et recule, me raclant les paumes et le dos sur le sol. Je me roule en boule sous un perron en béton, tremblante. Des larmes dévalent mes joues. J'ai tué ces hommes. Comment j'ai fait?
Mes cheveux blancs immaculés se mettent à voletter dans le vent, comme si un tremblement de terreur les secouaient eu aussi. Mes iris bruns aux reflets violets survolent la scène de crime avant de disparaitre sous mes deux paupières. Je renifle et garde les yeux clos, du regret et de l'horreur montant en moi comme un tsunami.
Je sais que mes dons sont à craindre... Mais je ne pensais pas que c'était a ce point. Bien que les quatre hommes fussent dotés de mauvaises intentions, je ne peux qu'imaginer la détresse de leurs proches lorsque les gars ne reviendraient pas.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là a pleurer toutes les larmes de mon corps, mais ce que je sais, c'est que lorsque je me suis levée, j'étais plus forte. Je ne regrettais plus rien. Je me sentais... Libre.
Je me rappelle que je me suis cachée lorsque la police est arrivée, mais je n'ai jamais quitter l'abri que m'offre le perron.
Je retire mes gants tâchés de sang (pourquoi je ne l'ai ai pas enlevé avant, aussi?) et me lève. Je lance les gants dans une poubelle et lance le sac de cette dernière a l'eboueur qui passe. Il me remercie d'un signe de tête.
Je monte les escaliers du perron et cogne a la porte.
Un homme aux cheveux blancs m'ouvre, un monocle scintillant sur son oeil gauche. Je me sens soudain toute petite devant lui. Il lève un sourcil en me voyant.

??: Petite enfant, que faites-vous devant ma porte a... *Consulte sa montre* 18:32 un soir d'été?
Moi: Je cherche hospitalitée.
??: À moins d'être "spéciale", je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile.
Moi: Speciale?

Il se gratte le menton, puis hoche pensivement la tête. Ses durs yeux gris perçants et froids se posent dans les miens. Son regard examine le mien et, l'espace d'un instant, j'ai l'impression qu'il me reconnaît... Ou du moins, que MOI je le connais.
Il se recule vivement et son monocle menace de tomber.

??: Née le 1er octobre? Âgée de 11 ans?
Moi: Exactement. Comment vous...?

Il me coupe d'un geste de la main.

??: Êtes-vous magique, mademoiselle?
Moi: Magique, est un bien large mot.
??: Votre vocabulaire l'est tout autant pour votre âge.

Je le scrute, méfiante. Et puis je n'ai rien a perdre, sauf quelques minutes a me faire pousruivre par un milliardaire assoiffé de pouvoir.

Moi: Je suis immortelle. Ce qui, en quelque sorte, veux dire que je me regenere rapidement, je suis plus forte et rapide que la moyenne. Aussi, je...

J'hésite. Devrais-je lui dire? Ou bien je le garde comme une sorte de surprise?

Moi: Je peux lire et transmettre les pensées.
??: Parfaaait!

Il plisse les yeux, la mine autoritaire.

??: Je veux des preuves.

Je prend une roche et me coupe rageusement le bras. Le sang coule sur ma peau, tombe dans un "plac" rouge sur le béton du perron et s'incruste dans les lézardes du sol. Ma blessure est profonde, un melange de sang et d'éclats de pierre.
Soudain, ma peau cicatrise et la plaie se referme doucement, presque gracieusement. Je lève mon regard vers l'homme. Il semble satisfait.

??: Pensées?

Je plonge dans son esprit, comme dans un lac glacé. Ses pensées sont tout aussi autoritaires et formelles que ce qu'il dégage physiquement. Il y a beaucoup de tristesse et de colère, mais un peu d'attachement et une touche de bonheur. C'est un homme tourmenté.
Je trouve alors ce qu'il me faut, et un large sourire éclaire mon visage.

Moi: Les enfants qu'il y a dans cette bâtisse, tous nommés par des numéros de 1 a 7, pourquoi les faire attendre? Numéro 2 et 5 sont couchés, mais les autres attendent encore.
??: Intéressant... Numéro 8, bienvenue a la Umbrella Academy!

Je lève un sourcil. Je suis maintenant un chiffre? Bon, j'imagine que c'est le prix à payer pour avoir l'hospitalitée d'un vieux milliardaire américain.

Mr HargreevesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant