La promesse de Noël

220 30 57
                                    

Il faisait très froid en ce soir du 24 décembre 1998. C'était sans doute l'un des hivers les plus froids du siècle. Les journaux des Moldus avaient titré récemment « Nouveaux records historiques pour les températures saisonnières », mais aussi « Le mercure cessera-t-il de baisser ? » et enfin « Cinq nouveaux décès par le froid à Londres la semaine dernière ! ».

Drago passait rapidement dans les rues désertées, serrant de sa main gauche les pans de son lourd manteau en fourrure d'ours de Moldavie autour de son cou. Un léger sortilège de réchauffement, lui permettait d'affronter le froid sans craindre d'engelures mais, contrairement à ce que pensaient les Moldus, les morts de la semaine passée n'avaient, pour la plupart, rien à voir avec le froid. En réalité, le froid, lui-même, n'avait rien à voir avec le climat. Sa baguette en main, dissimulée dans les plis de son habit, il était sur le qui-vive : le vrai danger, en s'aventurant dehors, c'était le brouillard. Le brouillard et ceux qu'il cachait aux yeux des simples mortels : les Détraqueurs.


Leur nom était maintenant aussi craint, parmi les sorciers, que celui de Voldemort quelques mois auparavant. La Grande Bataille de Poudlard avait vu la mort du mage noir, mais aussi celle de Harry Potter et de nombreux autres sorciers et sorcières. Les victimes les plus nombreuses avaient été les jeunes élèves de Poudlard. Les pertes parmi les Aurors et les sorciers de premier plan de l'Ordre du Phénix avaient été effroyables. Les parents des élèves, qui s'étaient joints à la lutte, avaient aussi payé un lourd tribut. Les Mangemorts avaient négocié leur liberté contre la vie d'un certain nombre d'otages qu'ils avaient pris sur le champ de bataille ainsi que la promesse de cesser définitivement les combats.

Cela n'avait pas été une fin glorieuse. Personne n'était vraiment vainqueur. Après les morts simultanées de Harry Potter et de Voldemort, les combats n'avaient pas cessé. Une semaine d'affrontements violents et des centaines de morts plus tard, seule la paix et l'arrêt des hostilités avaient alors importés. Les négociations de la Réconciliation avaient été acharnées. Entre autres, en échange de leur liberté, les anciens partisans de Voldemort avaient dû accepter de cohabiter avec des sorciers de l'autre parti. Une sorte de surveillance mutuelle permanente. Deux jours entiers avaient été nécessaires afin de procéder à un recensement exhaustif : blessés, morts, orphelins... La priorité avait été de trouver des foyers pour recueillir ces derniers. Il avait ensuite fallu déterminer qui vivrait où et avec qui, parmi les partisans des deux camps. Cette Répartition n'était pas allée sans nombre de grincements de dents. Depuis... Depuis, par la force des choses, les adversaires d'hier s'étaient rapprochés. Les soins aux blessés et l'enterrement des morts avaient mobilisés de nombreux volontaires. La reconstruction de l'école de magie ravagée, joyau de l'Angleterre, demandait à tous d'unir leurs compétences. Enfin, il importait surtout redresser le ministère de la magie exsangue et faire front commun devant le nouvel ennemi.

Les Détraqueurs. Il ne s'était pas écoulé plus de quinze jours après la fin des combats, que leurs premières victimes étaient déjà signalées aux quatre coins de l'Angleterre. C'étaient des créatures malfaisantes avec lesquelles le ministère avait autrefois réussi à négocier une trêve en leur assignant la garde de la prison d'Azkaban. Comment cette trêve avait-elle été mise en œuvre ? Personne n'aurait su le dire. Ces abominations se nourrissaient des émotions positives des prisonniers et, occasionnellement, pouvaient même aspirer l'âme d'un condamné. En contrepartie, elles acceptaient de rester confinées sur l'île où était située la prison, en pleine mer du Nord, à l'écart de toute autre vie humaine. Voldemort avait rompu cet équilibre. Il s'était assuré l'allégeance des Détraqueurs en leur promettant une vie libre sur l'ensemble du territoire à condition qu'ils ne s'attaquent qu'aux Moldus.

Ils avaient accepté. Bien sûr. Il n'aurait pu en être autrement. Les géants, les loups-garous, tous avaient cédés aux belles promesses du mage noir. Rétablir les équilibres rompus avec ces créatures avait demandé beaucoup de temps et d'énergie. Concernant les Détraqueurs, ce que personne n'avait prévu, c'était qu'ils se multiplieraient autant. Au point d'influer sur le climat du pays tout entier. Détail tragique, la seule personne apte à communiquer avec celui qui semblait être leur chef était Voldemort. Du moins celui-ci avait réussi à se faire comprendre d'eux d'une façon ou d'une autre et personne ne savait comment il avait fait. Toutes les tentatives de prise de contact durant ces derniers mois s'étaient soldées par des échecs cuisants... et parfois mortels.

La promesse de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant