Il était une fois nous deux

Chapitre 17

6 mois plus tard

Je me réveillai après une nuit courte et mouvementée. Je m'habillai en silence. Avant de sortir de la chambre, je me retournai et murmurai :
- à ce soir, Mo grá.
Je quittai l'appartement pour me rendre à L-Corp.
En arrivant je saluai Jessica comme tous les matins.
- Bonjour Mlle Luthor. Voici votre café et votre planning de la journée.
- Merci beaucoup Jessica.
Je jetai un œil à mes rendez-vous. Un nom m'interpella.
- Andréa Rojas ?
- Oui, c'est M. Wilson du conseil d'administration qui a organisé le rendez-vous.
Wilson... Je ne pouvais pas sentir ce type. Il avait tenté à plusieurs reprises de contrecarrer mes projets notamment ceux concernant la création d'hôpitaux.
- Parfait.
Je me réfugiais dans mon bureau.

Je pouvais enfin effacer mon masque de Luthor. Celui que j'arbore en permanence depuis 6 mois dès que je ne suis pas seule. Celui que Kara avait réussi à me faire enlever.
Car oui, j'avais beau faire semblant devant tout le monde, ça faisait 6 mois qu'à l'intérieur de moi, j'étais morte... depuis que Kara avait totalement disparu.
6 mois. 6 mois qu'elle n'avait plus donné signe de vie. Même Alex ou Clark n'avaient aucune nouvelle.
Je m'assis à mon bureau et ouvris le 1er tiroir. J'en tirais cette photo que je gardais précieusement. Celle qui avait inspiré le tableau qui ornait le mur de ma chambre, qui m'aidait chaque soir à m'endormir et me donnait chaque matin le courage de me lever.
Je pensais alors à celle qui avait pris cette photo. Comme moi, Alex était anéantie. Seul le soutien de Sam et Ruby l'aidait à tenir le choc. Elles avaient fini par officialiser leur relation pour le plus grand bonheur de ma filleule.
Ça avait été la seule éclaircie de ces 6 mois.
J'avais tout tenté pour la retrouver. Je lui avais laissé un nombre incalculable de messages, au point de saturer sa boîte vocale, j'avais utilisé le bracelet de secours qu'elle m'avait offert. Sans résultat.
J'avais même envisagé de sauter depuis ma terrasse mais j'avais renoncé au dernier moment. Pas que la peur de mourir m'aie retenue. Mais au moment où j'allais enjamber la rambarde de mon balcon, j'avais cru entendre la voix de Kara qui me disait « ne fais pas ça. Aies confiance en nous ».
C'était il y a un mois et à nouveau cette envie d'en finir revenait. À quoi  bon continuer dans un monde où elle n'était pas à mes côtés ?
Donc je faisais semblant. J'étais un peu comme ces zombies dans la série que Kara m'avait forcé à regarder. Même si elle avait passé tout l'épisode blottie dans mes bras avec les mains devant les yeux. Ce souvenir m'arracha un pauvre sourire. C'était d'ailleurs le seul moyen de me voir sourire, même furtivement, penser à elle.
Je venais au boulot tous les matins, je faisais ce qu'on attendait de moi mais dès que j'étais seule, comme en ce moment, je ne pouvais empêcher les larmes de couler.

Je tentais de me concentrer sur mes dossiers mais tout était brouillé par mes larmes. Mon téléphone se mit à sonner. J'essuyais mes yeux et décrochais.
- Oui Jessica ?
- Mlle Luthor, je viens de recevoir une nouvelle demande d'interview de Catco magazine. Que dois-je leur répondre ?
- Comme toujours.
- Je me suis permise de leur demander si c'était Mlle Danvers qui viendrait ils m'ont indiqué qu'ils n'avaient plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs mois.
- Je suis au courant. Merci Jessica.
Je raccrochais rapidement craignant que ma voix ne me trahisse à l'évocation de Kara.
Je me concentrais à nouveau sur le rapport que m'avait adressé Sam. Il faisait référence à des mouvements de capitaux chez nos petits actionnaires qui commençaient à devenir suspects. Ça aurait dû m'intéresser, voire même m'inquiéter mais je ne ressentais rien.

Je n'avais pas de rendez-vous de la matinée, je la passai donc à essayer de me concentrer sur les divers rapports et répondre à mes mails. Je ne pris même pas le temps de déjeuner. Je pensais au rendez-vous avec Andréa. Que pouvait-elle vouloir ? Nous avions coupé les ponts depuis sa trahison avec Jake.
A 14h pile, Jessica m'annonça qu'elle était là. Je jetais un œil à la photo dans mon tiroir afin de me donner du courage et indiquait à Jessica de la faire entrer.Je me levai pour l'accueillir.
- Andréa ! Je dois dire que j'ai été surprise de voir ton nom sur mon agenda aujourd'hui. Lançais-je froidement.
- Lena ! Je n'aurai pas voulu être ailleurs aujourd'hui. Me répondit-elle avec un sourire mauvais.
- Et puis-je savoir pourquoi ?
Elle me lança un regard empli d'une profonde haine. Elle était presque palpable. Je reculais d'un pas.
- Aujourd'hui, ça fait 5 ans que Jake est mort. Mort par ta faute.
- Ma faute ? Tu oublies que c'est lui, et lui seul qui a voulu tester ces nanobots sur lui-même en n'attendant pas les résul...
- Tais-toi ! Si tu avais accepté de l'aider, tout ça ne serait pas arrivé. Mais maintenant je vais me venger. Tu m'as pris tout ce que j'aimais et je vais faire pareil.
J'avais envie de lui dire qu'elle arrivait trop tard, mais j'étais comme paralysée.
- Depuis plusieurs mois, avec mon associé, nous œuvrons dans l'ombre. Nous rachetons discrètement des petits paquets d'actions L-Corp. Il faut dire que tu nous a facilité la tâche vu ta gestion de l'entreprise. Aujourd'hui, nous disposons de 5% et pouvons désormais déclarer officiellement une OPA sur L-Corp.
Elle se rapprocha encore de moi. Je continuais à reculer jusqu'à ce que mes jambes butent contre le canapé. Je me sentis basculer en arrière. Elle me dominait maintenant totalement.
- Je vais te prendre ta société Lena. Dans quelques mois tu n'auras plus rien et ça sera grâce à moi.
Elle me cracha ces derniers mots au visage. Puis, elle me saisit par le col et rapprocha encore nos 2 visages.
- Tu vas souffrir comme...
Elle fut interrompue par la porte de mon bureau qui s'ouvrit avec fracas.
- Lâchez-la tout de suite !
Cette voix... Non, ça n'était pas possible... Je n'osais pas tourner la tête de peur que ça ne soit mon pauvre cerveau fatigué qui me joue un tour. La voix reprit.
- J'ai dit : lâchez-la tout de suite.
- Et je peux savoir qui vous êtes.
- Kara Danvers.
- Et moi tu ne me remets pas Rojas ?
- Arias...
Alors c'était bien elle ? Mes oreilles ne me trompaient pas ? J'osais enfin tourner la tête. Elle était bien là. Encore plus lumineuse que dans mon souvenir.
- et de quoi vous vous mêlez ? C'est une affaire entre Lena et moi !
- Tout ce qui concerne Lena me regarde. Affirma Kara.
- Quant à moi, je suis la responsable du secteur fusion-acquisition de L-Corp. J'ai cru comprendre que tu comptais lancer une OPA sur notre société ?
La surprise se lisait sur le visage d'Andréa, comme elle devait se lire sur le mien. Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait.
- comment vous savez ça ?
- Une bonne journaliste ne dévoile jamais ses sources, vous devriez le savoir. Lena le sait, elle. Répondit Kara. Se faisant, elle se tourna vers moi et me sourit.
Mon cœur, ainsi que les papillons qui habitaient dans mon ventre, réssucitèrent immédiatement.
- Vous êtes au courant ? La belle affaire, vous ne pouvez pas m'arrêter. Je n'ai rien fait d'illégal !
- Rien ? Vraiment ? Et votre « associé » on en parle ? Faire alliance avec l'un des plus grands criminels de notre temps, ça n'est pas franchement judicieux.
Quoi ? Elle s'était associée à Lex ?
- Quoi ? Mais comment..?
Elle semblait déstabilisée, mais elle se ressaisit bien vite.
- De toute façon vous n'avez aucune preuve.
- Pas suffisamment pour présenter le dossier à un juge, effectivement. Mais pour convaincre ton père, c'était largement assez.
Sam arborait un sourire plus que satisfait alors qu'au contraire Andréa semblait se décomposer sur place. Kara prit le relais. Tout ça donnait l'impression d'un ballet soigneusement préparé.
- Quand nous lui avons montré le dossier que nous avions monté, il a été d'accord pour réunir le conseil d'administration d'Obsidian en urgence. Ils ont décidé à l'unanimité de vous destituer de votre poste.
- Jamais mon père n'aurait fait ça !
- Il n'a pas beaucoup hésité quand il a compris les risques pour la réputation de la société . Vous devriez savoir que sa société passe avant tout. Même avant sa propre fille.
Andréa était furieuse. Elle se dirigea vers la porte mais se retourna rapidement.
- ça n'est pas fini. Je reviendrai et j'aurai ma vengeance.
Elle allait repartir mais Kara l'attrapa par le bras et la força à se retourner.
- Si. C'EST FINI ! s'exclame-t-elle. Si j'apprends que vous avez ne serais-je qu'éternuer en direction de Lena, je rédige un article et je l'adresse à tous les journaux. Et je peux vous garantir que ça sera le moindre de vos problèmes. Je vous assure que vous ne voulez pas m'avoir pour ennemie. Et c'est ce qui se passera si vous vous en prenez encore à elle. Bonne journée Mlle Rojas.
Kara relâcha son bras et Andréa quitta la pièce.
- On a réussi ! Jubilait Sam. Rien que pour voir sa tête je suis prête à recommencer.
Je restai sans réaction. J'avais du mal à réaliser ce qui se passait. Je vis Kara s'approcher lentement de moi. Comme si elle craignait ma réaction. Je la regardais. Son sourire était hésitant. N'y tenant plus, je me jetais sur elle. Elle ouvrit les bras pour m'accueillir.
- Tu es vraiment là ? C'est vraiment toi Mo grá ?
- Il va vraiment falloir que tu m'expliques ce que ça veut dire. Ça fait plusieurs fois que je t'entends dire ces mots.
Je ne répondis pas. Si j'étais en train de rêver, je comptais ne jamais me réveiller.
Soudain, j'entendis la voix inquiète de Sam.
- Kara, elle est toute pâle.
- Lena ? Lena !!!
Black out...