Chapitre 4

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C'est vers cinq heures du matin qu'une sensation étrange et inconfortable me tire de mes rêves. Les draps sont froids et humides, trempés même. Et l'odeur elle, est explicite: ça sent le pipi. Vu que mon pyjama me colle aux cuisses exactement de la même façon que lorsque j'avais simulé l'énurésie nocturne à l'hôpital, j'en déduis que ma couche a du avoir des fuites. Ce ne serait d'ailleurs pas surprenant vue la quantité de liquide que j'ai ingurgité durant le dîner. Sauf qu'en réalité je me rends compte que ma vessie est pleine et ma couche encore sèche. Il n'y a alors pas trente six solutions possibles, je tire au peu plus les draps du coté de ma petite sœur. Elle dort profondément mais à en juger par l'auréole nul doute que c'est elle l'origine de l'inondation. D'une main sur son front je vérifie qu'elle n'est pas fiévreuse puis, rassuré, je décide de la réveiller. Elle met un certain temps à sortir du brouillard, se demandant bien pourquoi je la secoue en plein milieu de la nuit.
-''Abby, réveille toi, tu as fait pipi au lit.''
A peine ces mots prononcés, ma frangine ouvre grand les yeux et d'un seul coup s'effondre en sanglots. Mon premier réflexe est de la serrer fort dans mes bras pour la consoler du mieux possible, elle est pétrifiée et n'ose plus bouger le moindre muscle, comme paniquée par cette situation qu'elle ne maîtrise plus. Les pleurs ne tardent pas à réveiller mes parents. Il faut dire que dans ce mobile home, le moindre petit bruit tourne vite au vacarme. Ma vessie se rappelle aussi à moi et je décide de lui donner raison. En effet cela paraîtrait suspect si ma couche était encore sèche alors que je suis sensé être incontinent. Mais cette fois ci il n'y a pas le moindre plaisir dans ma démarche, la tristesse de ma petite sœur parasite tout ce qui pourrait être agréable.
Puisqu'Abbygail reste collée à moi, c'est ensemble que nous allons jusqu'à la salle de bain tandis que papa et maman s'occupent de changer les draps. Fort heureusement l'alèse de protection, destinée à l'origine à protéger le matelas contre la transpiration a parfaitement joué son rôle.
De mon coté le bilan s'améliore, ma petite sœur a cessé de pleurer.
-''Pardon Jeff...'' Marmonne t'elle alors que je la savonne avec tendresse.
-''Pardon pour quoi?''
-''Pour t'avoir fait pipi dessus.''
-''Pfff...tu as un train de retard. Cette nuit j'ai été le premier à me faire pipi dessus.''
-''Dis, tu crois que papa et maman vont vouloir que je remette des couches?''
-''Non, je pense pas. Pas pour un simple petit accident de rien du tout.''
-''Oui mais...déjà hier après midi pendant la sieste, j'ai fait pipi dans ma culotte.''
Tout en réfléchissant à la manière la plus diplomatique de lui répondre, je coupe l'arrivée d'eau pour m'emparer d'une grande serviette et l'enrouler autour de ma frangine.
-''Franchement Abby, ça t'embête tant que ça de porter des couches? Tu sais, moi je m'en moque totalement. Regarde, est ce que j'ai l'air malheureux? Et puis comme ça on serait tout les deux pareils. Et puis tu sais quoi? Je vais aller parler à maman pour qu'elle arrête de te demander dès le matin si tu as mouillé ta couche ou pas. Je vois bien que tu détestes quand elle te pose la question. Mais en échange je veux que tu me promettes d'arrêter de faire cette tête de chien battu. On est en vacances, on est là pour s'amuser et pour rigoler, d'accord?''
-''Oui...'' Me répond elle timidement.
-''Bien, maintenant c'est à mon tour de me laver. Va plutôt voir ce que font papa et maman.''
-''Ok.''

A ma sortie de la douche, maman me demande de la suivre dans notre chambre et malgré la fenêtre ouverte, l'odeur d'urine est toujours bien présente. Les draps du lit ont disparu alors c'est à même le matelas que ma mère me demande de m'allonger pour qu'elle me mette ma couche. Et tout comme la veille, je me laisse faire bien gentiment. Nous en profitons aussi pour aborder le sujet de l'énurésie nocturne de ma petite sœur et maman en est arrivé à la même conclusion que moi: deux pipis au lit en une journée, cela signifie un retour nécessaire aux couches et elle est soulagée qu'Abby n'y soit pas réticente. Reste encore à trouver où se fournir car ma sœur est entre deux âges: trop grande pour les couches de bébés et trop petite pour les couches d'adultes. En supermarché il ne reste alors que les drynites mais maman ne veut plus en entendre parler car selon elle, elles n'absorbent pas assez et que tous les matins il y avait des traces de fuites sur les draps. Bref la situation est presque surréaliste, j'ai une discussion d'adulte avec ma mère tandis que cette dernière me lange comme un nourrisson.

Au fond du puitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant