Les rebus des vitres fracassées ornaient le sol du grand corridor, autrefois convivial, éclairé et achalandé. Les centaines de tableaux accrochés au mur, avant d'être complètement massacrés, représentaient avec fierté l'évolution du royaume de Varderi, de ces nombreux dirigeants et dirigeantes qui aspiraient à un monde plus libre et juste. Il y aura fallu six décennies exactement avant que ce régime ne s'effondre, le système politique n'était pas fonctionnel et cette bombe à retardement n'était qu'une question de temps avant qu'elle n'explose en pleine figure. Nous l'avions pourtant vu venir, la petite Vallée d'Osirée était l'engrenage d'une descente aux enfers imminente pour la petite minorité qui vivait à l'intérieur du royaume. Les insurgés étaient sans pitié, de nombreux corps jonchais le sol de l'établissement, femme et enfants, peu importe. Le bureau de la constitution n'était qu'un ramassis d'étagères au sol, tables et bureaux fracassé et de nombreux documents d'état étalés sur le plancher. Des flaques de sang étaient éparpillés partout, mur, sol, tableau, tout y passait. Cette attaque avait été sanglante, jusqu'à la fin. Les nombreux cris avaient été longs et pénibles à entendre, les respirations devaient être coupées à l'arrivée de qui compte qui pénètre les pièces de l'établissement. J'étais couché sous une petite trappe secrète dans ma chambre, complètement blessé au niveau de la côte droite. Nous étions attablés comme chaque soir, vers 18h00, pour notre souper en famille, une des rares fois que mon père pouvait se présenter à table, sans devoir nous quitter pour des dossiers urgents ou rencontre diplomatique avec les pays voisins. Tout avait commencé par une petite pierre qui fracassa la grande baie vitrée de la salle à manger, puis à des lueurs orangeâtes de plus en plus nombreuses. Les agents de sécurité entrèrent dans la pièce et invita mon père et nous à se réfugier le plus rapidement possible, c'est en se dirigeant vers les cachettes que tout a basculé davantage. Une bombe placée, explosa, laissant une immense fumée plonger la pièce dans une absence de vision absolue.
— Court, Siméon ! Cria ma mère désespérée, tenant entre ses bras, ma petite sœur, en pleure.
Ce fut la dernière fois que je l'ai aperçu. Je m'étais dirigé rapidement vers le grand vestibule, les femmes de ménage et majordome couraient dans tous les sens, plusieurs étaient blessés par l'explosion. Certains tentent de retenir les grandes portes, des gens essaient d'entrer.
— Siméon, viens par ici ! S'exclama, Martha, une femme de ménage qui m'avait vu naître et grandir.
— Que se passe-t-il ? Dis-je. Elle m'agrippa par la manche et me tira vers les escaliers, l'immense porte s'ouvrit au même moment et des coups de feu se firent entendre. Elle se lança devant moi et pris une balle dans la poitrine, complètement ensanglanté, elle me regarda, couchée sur les marches.
— Court, dans ta chambre me cria-t-elle, ne regarde pas derrière toi !
Je me levai d'un coup et courut rapidement vers ma chambre, m'accrochant au passage à une petite table de chevet en bois. Je me retournai et tomba nez à nez devant un homme tenant un couteau de cuisine dans les mains. Son regard était d'une froideur sans nom, il me fit un léger sourire et me poignarda sur la côte droite, je lâchai un immense cri et le poussa avec force, il recula vers la rampe de l'immense escalier et tomba. Je déposa rapidement ma main sur la plaie ensanglantée et courus vers ma chambre, cette fois sans me retourner. Arrivé dans ma chambre, je refermais la porte à clef, puis poussai mon lit, pris ma petite clef laissée sous mon oreiller puis ouvrit la petite trappe. J'entendis les pas de la foule se diriger dans le corridor, certains coups commencèrent à taper sur ma porte. Je plongeai dans ma trappe et poussa rapidement mon lit au-dessus de moi, en tirant sur l'une des pattes. Je me penchai, puis garda légèrement la porte de la trappe entrouverte. Me permettant d'apercevoir légèrement les gens qui pénètrent dans la pièce. Cela n'aura fallu que quelques secondes avant que la porte ne se fasse complètement défoncer par la foule, une dizaine de jambes marchaient sur le sol de ma chambre. Plusieurs avaient les jambes ensanglantées de sang, d'autre blessé, certains laissaient glisser de long coupé sur le plancher, de quoi glacer le sang.
— J'étais sûr de l'avoir vu venir ici, marmonne un homme.
— Ce n'est pas grave, nous allons bien le retrouver rapidement, il ne doit pas être caché bien loin repris un autre homme avant de sortir complètement de la pièce.
Je respirais lentement, mais pas trop fort, au risque de me faire cerner. Je ne comprenais pas exactement tout ce qui arrivait en ce moment précis. Cependant, je venais de comprendre, à la hauteur de mes 17 ans que ma famille était vraisemblement décimée, mon père le premier. Pour seule raison d'avoir été le premier ministre d'un système politique désuet, mais également être le premier Premier ministre de la minorité ornais à avoir accédé au pouvoir du plus haut poste du royaume.
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Tous mes héros sont morts - Tome 1 : En exil
ActionSuite à de nombreuses années d'instabilité politique, le royaume de Varderi s'effondre par un soulèvement populaire d'une branche radicale de la population. Ce résultat n'est guère une bonne nouvelle pour une minorité de la population qui y sera per...