⚠️ Chapitre 20 ⚠️

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La cave de la maison familiale des Oxford avait été reconvertie en espace détente par son père quelque temps après leur arrivée en ville. Un grand billard était posé dans un coin, ainsi que divers canapés confortables, un bar, une armoire remplie de jeux de société... tout ce dont on pouvait rêver pour se détendre après une longue journée. Mike, Mikey et Stessie adoraient venir chez leur amie pour cette raison : tous les quatre, ils pouvaient passer des heures autour du billard ou simplement avachis dans les canapés à refaire le monde.

La vraie cave, celle où Jeanne et Dean entreposaient leur congélateur, leurs bouteilles de vin et une tonne d'affaires sans utilité, se trouvait derrière une porte en acier non loin du jeu de fléchettes. La pièce, de petite taille, était sombre et exiguë. Tressie se souvenait qu'autrefois, elle détestait y descendre. C'est pourtant ici qu'elle avait décidé de conduire Triss et Albert.

Ce dernier, assis de force sur une chaise pliante, tremblait à cause de sa peur. Il n'était pas exclu que l'humidité et le froid régnant sur les lieux n'y soient pas également pour quelque chose : son pyjama ne le préservait en rien. Ses poignets étaient bloqués derrière le dossier et le scotch l'empêchait toujours de parler. Il avait cessé de lutter, conscient d'être pris au piège.

Triss Tander, ne se sentant pas très concernée par la situation, était assise sur le congélateur à l'arrêt. Son utilité était arrivée à terme. Son amie, elle, faisait les cent pas devant celui qu'elles venaient d'enlever. Elle se demandait ce qu'elle allait pouvoir faire pour lui foutre encore plus la frousse. Il était déjà à deux doigts de l'infarctus, mais ce n'était pas suffisant.

Afin d'y voir, elle alluma enfin la petite ampoule se balançant au-dessus de leur tête et s'arrêta de marcher pour s'approcher d'Albert. D'un geste sec, elle lui arracha le scotch lui obstruant la bouche. Il ne perdit pas un instant pour dire, la voix remplie de terreur :

– Tu fais une grosse erreur, Caine ne va pas...

– J'en ai rien à foutre de Caine, mon pote, le coupa la jeune fille avec un rire bref. Il ne soupçonne pas un instant ce qui est en train de se produire, donc tu peux oublier l'idée qu'il vienne te sauver. T'es foutu.

– Complètement foutu, même, ajouta Triss, affairée à jouer avec l'une de ses lames.

Le garçon, prenant son activité comme une menace de mort imminente, devint encore plus pâle. Tournant de grands yeux pleins de larmes en direction de la meneuse, il gémit :

– Pitié, ne me tuez pas...

Son interlocutrice, au début interdite, partit d'un grand rire ahuri. Elle se tourna vers son amie, qui rit aussi.

– Te tuer ? Mais voyons, Albert, tu me prends pour qui ? Hey, Triss, t'entends ça ? Albert pense qu'on va le tuer !

– Ridicule...

– Même complètement stupide !

Reportant son attention sur Albert, elle reprit, presque conciliante :

– Non, mon vieux. Je t'assure ! On va pas te tuer.

– Qu'est-ce que tu veux, dans ce cas ? l'interrogea-t-il, déjà un peu soulagé. De l'argent ? Je peux t'en donner, je m'en fiche.

– Albert, Albert, Albert... soupira la jeune fille en se penchant vers lui pour planter son regard dans le sien. On peut pas tout acheter dans ce monde, tu sais ? C'est pas tes bertos, que je veux.

– Mais quoi, alors ?

Désespéré, il ne paraissait pas savoir s'il devait pleurer, implorer, crier ou juste prier le ciel pour qu'un miracle le tire de ce pétrin. « Les quatre combinés ne seraient pas suffisants pour que je te laisse tranquillement rentrer chez toi... »

Revolt [Gone T.4]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant