Chapitre 6

421 30 0
                                    


Quand les petites filles deviennent femmes, les monstres migrent de l'espace sous le lit. -JC-

JC :

Je m'éclipse et me fonds dans la foule. Éviter les menues chattes plus audacieuses qui se pressent autour de moi est un exercice habituel presque machinal.

Ah, les femmes ! Elles se montrent si crédules, c'est pitoyable. Tant pis pour elles.

Je revois le sursaut qu'a eu Cassie lorsque j'ai posé mes doigts sur sa jambe et revis l'adrénaline qui a parcouru mes veines. Brave petite. Elle dissimule plutôt bien ses sentiments, mais je la connais trop pour m'y laisser prendre et je décrypte les crispations de son visage. Je n'avais pas prévu l'intervention du professeur et j'ai dû réagir. La découvrir si réceptive à mes gestes et à ma voix a flatté mon ego et fait rugir de fierté le monstre en moi, mais je m'en suis voulu aussitôt après. La voir perdre les pédales devant son enseignant et toute la classe s'est avéré inacceptable. Je serai le seul à détenir ce pouvoir sur elle. Moi et moi seul. De plus, je ne souhaite pas être la source de son mal être face à d'autres personnes. Notre histoire ne concerne que nous. Heureusement, j'ai rectifié ma bourde et me suis fait pardonner.

J'enfourne ma moto, récupère le casque confié à un pote et savoure la vitesse. L'image de Cassie les yeux écarquillés et la bouche ouverte flotte dans mes pensées. Quel pied !

Avec sa cascade de feu, ses traits fins et délicats, cet air innocent et farouche, Cassie est une petite poupée. Une poupée fort jolie, mais une poupée quand même. Toute menue et bien proportionnée. Le sourire qui étire mes lèvres trahit mes réflexions : je vais adorer m'amuser avec mon nouveau jouet.

Pour autant, je ne compte pas la blesser. Il s'avère que je ne prends aucun plaisir sexuel avec une femme non réceptive à un minimum de souffrance. Néanmoins, toute peine doit s'accompagner d'un retour positif pour ma partenaire. Gagnant-gagnant.

Mes sourcils se froncent, mes poings se crispent sur le guidon. Dans mes tripes, je sais être un monstre. Il est anormal d'aimer infliger la douleur, de rechercher le goût et l'odeur du sang, de se repaître de visages baignés d'eau salée ou de corps marqués, d'avoir besoin de dominer.

Seulement, je suis ainsi et j'ai dû l'accepter. Aussi, lorsque je baiserai avec Cassie, je veillerai à la préparer en conséquence. Cette fille farouche est une battante, et c'est ce qui attise ma convoitise. Ses bravades appellent mon côté sombre parce qu'elle aime ça. Nous nous tournons autour, deux aimants opposés et complémentaires, attirés et incapables d'abandonner nos joutes. Une question me taraude : serait-elle assez coriace pour affronter ma noirceur et m'empêcher de la briser ? Non, mieux vaut se contenter d'une bonne baise et tchao.


Mes parents habitent au cœur de la Camargue, dans une villa de taille moyenne réaménagée selon leurs vœux au fil des ans et hyper sécurisée. Puisque mon frère jumeau manque à tous ses devoirs de fils, je vais leur rendre une petite visite pour nous faire pardonner. J'adore mes parents. Ils ont un cœur d'or ce qui me laisse le plus souvent perplexe et admiratif. Je ne pourrais jamais en faire assez pour les remercier de leur présence, leur amour, leur assistance. Lorsque tout le monde m'a tourné le dos et voulu me bannir, ils ont été un roc et un soutien inébranlable et indéfectible.

Un haut mur encercle leur terrain rehaussé d'un sympathique enchevêtrement de fils électriques. J'en fais le tour, peu séduit par l'idée de me prendre une châtaigne aujourd'hui. J'ai repéré lors de ma dernière venue un arbre dont les branches s'étirent au-dessus de la clôture. Passage un poil périlleux, même pour moi, mais trop tentant. Ça fait des années que je m'acharne à pénétrer par effraction sans y parvenir. Nat a réalisé un sacré travail et il s'avère excellent quand il s'en donne la peine. Je refuse cependant de pécher par orgueil et de sous-estimer nos trop nombreux ennemis. Alors, je guette les failles éventuelles et dès que j'en repère une, je teste la possibilité de l'exploiter pour m'introduire dans ce fameux bunker.

Je ralentis la moto, m'abrite sous la végétation. En quelques gestes, je m'équipe et cache mes affaires dans les buissons.

Quelques grognements, tractions et contorsions plus tard, le tout en silence, je me réceptionne avec grâce dans l'enceinte de la propriété. Un sifflement qui m'évoque un fouet et quelque chose enserre mes pieds. Une respiration et je me retrouve pendu à l'envers, ficelé tel un saucisson. Et merde ! Il a encore gagné, soufflé-je dépité.

Je pourrais sans doute me détacher, mais gaspiller mon énergie pour rien n'a aucune utilité. Je sais que la cavalerie a été alertée et que quelqu'un ne tardera pas à rappliquer pour me délivrer.

Je patiente en évoquant mon nouveau jouet et me crispe. Des beautés, je peux m'en taper à la pelle ; or par un phénomène que je ne m'explique pas, celle-ci accapare mon esprit. Je dois y mettre bon ordre et vite. Cette carapace qu'elle brandit comme un étendard me touche, je la comprends mieux que personne : je suis pareil. Du moins l'ai-je longtemps été. C'est certainement cela qui la différencie, ajouté à son innocence, sa force et sa nature de soumise.

Elle a tout pour m'intéresser. Alors, comment résister ? Quand j'aurai achevé de m'amuser avec elle, cela ira mieux.

Quelques minutes plus tard, j'entends le bruit caractéristique de l'herbe foulée et un sourire m'échappe. Tante Jeanne s'approche de son pas un peu tanguant et me présente son poing fermé pour notre tchek habituel.

— Faut vraiment que t'apprennes à passer par la porte, mon grand. Cette manie de t'infiltrer comme un voleur finira par te tuer.

Une pression sur un bouton de la télécommande qu'elle tient dans sa main et j'atterris en boule sur le sol. Heureusement, j'ai d'excellents réflexes et me rétablis avec souplesse. Je réajuste mes vêtements et appose un baiser sur la joue ronde de cette femme replète.

— Aucune fin mortelle avec les pièges de Nathan, il ne prendrait pas ce risque. Ton neveu deviendrait fou si je disparaissais, tatie. Je m'en voudrais jusqu'en enfer de vous infliger ça. Je suis obligé de rester vivant.

Elle estime mon cas désespéré si je me fie à son hochement de tête désabusé. Comme toujours, la lueur de tendresse qui brille dans son regard me réchauffe le cœur, et c'est bras dessus bras dessous que nous nous dirigeons vers la maison. Presque un an que tatie a choisi d'habiter avec sa petite sœur et son mari, et je m'en félicite chaque fois.

J'approche de la véranda lorsque je découvre oncle Richard installé sur un transat. Super, je vais pouvoir discuter affaires. Je suis proprement génial. J'oublierai Cassie une heure ou deux. Enfin, normalement.

JC (publication aléatoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant