Chapitre 17

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Cassie

Je m'éloigne du magasin, en adoptant une démarche décontractée. Soucieuse de ne pas être vue, je scanne discrètement les alentours et souffle de soulagement. C'est bon, personne ne s'intéresse à moi.

J'ai repéré quelques articles attrayants qui me font de l'œil, mais la prudence reste de mise. Je vais effectuer un bref tour dans le quartier avant de revenir. Personne ne doit découvrir mon penchant pour l'utilisation de ces objets particuliers, peu prisés des femmes.

Je suis une grande fille, et devrais me sentir libre d'agir à ma guise, mais mon père est un personnage important dans son milieu. La réputation est fondamentale pour lui, aussi me semble-t-il suicidaire, connaissant ses colères, de tester les limites de son amour paternel.

Le jeune vendeur est la discrétion même, aucun souci de ce côté. Il se montre très gentil, affable et je crois qu'il en pince pour moi. Il m'a l'air très bien, pourtant, je ne parviens pas à accrocher. Un peu trop pervers sur les bords et un peu trop cool également. Aucune vibration ne me traverse lorsqu'il focalise ses iris bruns sur moi.

Mon examen des rues voisines réalisé, je reviens vers le sexshop avec cette impression de ne pas être seule. Me fais-je des films à cause du type canon qui se la joue badass ? Possible. J'emporte toujours le traceur GPS dans mon sac, il ignore ainsi être démasqué. Après mûre réflexion avec moi-même, j'ai décidé de tenir le rôle de l'ignare. Une part de moi jubile à cette idée, l'autre me tacle et me traite de folle.

Est-ce qu'il me suit partout, tout le temps, car c'est la sensation que je ressens ? Pourtant, c'est simplement impossible. Il est bien obligé de s'interrompre pour un tour aux toilettes comme tout un chacun. Il est humain après tout.

Tu es sûre ? me glisse la partie la plus sensée de mon cerceau, du moins ce qu'il en reste.

Concentration, Cassie !

Les sexshops. C'est une super invention ce truc, il aurait tout de même été plus sympa de permettre l'accès à tout le monde à ce genre de marchandises via des magasins tout publics. Ce doit être un peu complexe avec les gamins, ceci dit. Y'a internet aussi, maintenant. Seulement, quand on veut rester discret et que l'on habite chez maman, la livraison d'un fouet ou de menottes n'est pas envisageable. Je grimace en imaginant la tête de mon père s'il voit ce que je cache dans le fond de mon armoire. Je crains qu'il ne m'envoie parmi les bonnes sœurs sans passer par la case psy.

Je ralentis. Une dernière inspection des lieux me rassure et je m'engouffre dans le magasin accompagné d'un son caractéristique. Ouf !

— Bonjour !

Le jeune vendeur me fixe avec intérêt, délaisse le couple occupé à débattre sur les bienfaits des fouets à disposition et s'avance vers moi.

— Euh, bonjour.

Je recule parce qu'il se situe trop près de moi et toussote, mal à l'aise. J'ai l'impression qu'il a décidé de passer à l'étape supérieure. Il ne manquait plus que ça ! J'en ai pas assez avec l'autre psychopathe, je dois me coltiner le pervers boutonneux du sexshop et son pantalon treillis. Les mecs qui revêtent une tenue militaire juste pour se donner un genre, alors qu'ils n'ont aucun rapport avec ce métier, je trouve ça nul.

Quelques amabilités et sourires crispés plus tard, je parviens à échapper à la sollicitude du vendeur.

Je saisis des menottes, objets classiques des jeux en couple. Le métal gris et froid glisse sous les doigts. Un frisson me parcourt. L'image de mon tourmenteur dont les mains chaudes encerclent mes poignets me revient. Je pense constamment à lui, cela en devient ridicule. Consciente d'être perturbée par son aura puissante, je repousse ces images et m'intéresse aux autres articles disposés sur les étagères.

JC (publication aléatoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant