Abomination

3.3K 130 49
                                    

En ouvrant les yeux ce matin-là, Malachai soupira. Il se leva de suite, fit parfaitement son lit et s'assit un moment dans un coin, les jambes replier contre son torse, se balançant d'avant en arrière.

- Joyeux anniversaire ... chuchota-t-il.

Aujourd'hui, il avait neuf ans. Il savait pertinemment que toute la famille le souhaiterait à Josette, sa jumelle. Mais personne ne lui souhaiterait à lui. Pourquoi le ferait-il. Il était une erreur, un petit monstre suceur de magie.

Une abomination.

Lui et Josette était les jumeaux qui devait fusionner pour que l'un d'eux ne devienne le chef du clan Gemini. Mais il était né avec un défaut, un tare, il n'arrivait pas à créer sa propre magie, il devait se servir de celle des autres. Comme si il l'avait choisit. Bien-sûr qu'il aurait voulu apprendre des sorts, s'amuser à faire virevolter les feuilles mortes du jardin en automne, allumer la cheminée l'hiver par la seule force de sa pensée. Mais il ne pouvait pas. On apprenait tout à Josette alors qu'elle n'y arrivait pas, qu'elle ne retenait pas, que tout l'affaiblissait considérablement. Ce n'était pas juste, pourquoi c'est lui qui n'avait pas de pouvoir alors qu'il était plus doué qu'elle ?

Une petite larme roula le long de la joue pâle du garçon et il enfouit sa tête dans ses bras pour pleurer silencieusement. Il détestait son anniversaire. On gonflait des ballons, on faisait un gâteau, on allumait des bougies pour Josette et on prétendait que c'était pour lui aussi. Mais on lui adressait à peine la parole pour ensuite mieux se focaliser sur la jumelle, la gentille, la bonne jumelle. Pas l'affreux, le raté, le mauvais jumeau.

Il la détestait, cette gamine si parfaite et pourtant pleine de défauts. Il les détestait tous. Il était aussi méritant qu'elle. Il valait autant qu'elle. Il aurait du être aussi important qu'elle.

On ouvrit la porte de sa chambre, où plutôt de la pièce où il dormait. Un lit, un lustre, une armoire et des murs blancs, c'était tout ce qui composait sa « chambre » alors que celle des autres était pleine de jouet, de tableau et de couleur. Remplie d'amour.

- Kai, lève toi et habille toi. On a besoin de toi pour mettre la table.

Et la porte se referma tout aussi rapidement qu'elle ne s'était ouverte. Le garçon avait reconnu la voix froid, réfrigérante même, de son père. Si on pouvait l'appeler ainsi. Il lui avait certes donné la vie, mais il ne s'était jamais vraiment occupé de lui, se contentant de le juger et de lui cracher des insultes au visage.

Kai. Au moins, il ne l'appelait pas par son nom entier. Il détestait son prénom. Qui voudrait bien appeler son enfant ainsi ?

Mais le garçon se leva et obéit rapidement à son paternel. Il valait mieux lui obéir. Ça faisait mal si il ne lui obéissait pas. En descendant, il vit son frère, Joey, lui adresser un petit sourire avant de se remettre à gonfler des ballons de toutes les couleurs. Rien de plus. Kai ne savait pas si c'était parce qu'il avait peur de la réaction de ses parents ou si lui non plus n'en avait rien à faire. Adam courrait après Josette dans le jardin tandis que sa mère préparait le repas et que son père apportait les cadeaux - tous pour sa sœur sans doute - dans le coin de la pièce.

Kai se dirigea vers la cuisine et mit les couverts pour toute sa famille sans un regard sur les autres. Il n'avait pas envie de les voir. Il voulait être tout seul. Il y a deux ans, il s'était enfui le jour de son anniversaire. Il avait marché pendant deux jours et s'était caché dans la forêt. Il avait volé des cookies et des barres chocolatées avant de partir, son petit sac à dos sur les épaules. Il voulait seulement être un peu seul et qu'on vienne le chercher parce qu'on se serait inquiéter pour lui. On était venu le chercher. Cinq jour plus tard. On l'avait disputer parce qu'il avait gâcher l'anniversaire de sa sœur. Il avait été puni aussi, son dos en portait toujours les marques, jamais elles ne partiraient. Son père avait dit que ça lui rappellerait pour toujours qu'il avait un devoir envers cette famille et qu'il n'avait pas le droit de s'enfuir, de les abandonner. Le plus ironique, c'est que c'est eux qui ne voulait pas de lui et pourtant, il était coincé ici. Entouré par toute sa famille, mais pourtant tellement seul.

Abomination [kai parker] OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant