Eudaemonia

Chapitre 1

09 juillet - C'était une belle journée d'été

Arrivés à Paris la veille, ils avaient pris le bus jusqu'à Lyon. Le trajet avait été long, dans un car bondé où ils n'avaient pas pu choisir leur place. Ainsi séparés et le cerveau embrouillé par le décalage horaire, Taehyung avait fini par s'effondrer de sommeil contre la vitre embuée.

En voyant la gare routière se dessiner, Yeji avait glissé son bras entre les deux sièges devant elle pour caresser du bout des ongles le cou de Jimin et le réveiller. Les autres passagers du bus avaient eu le temps de partir que les trois jeunes étaient toujours sur le trottoir, entourés de leurs valises et des étoiles pleins les yeux.

C'était la première fois qu'ils voyageaient aussi loin. La nuit commençait à tomber, un lampadaire à la lumière criarde éblouissait le côté droit de leur visage, mais une euphorie soudaine leur était montée à la tête lorsqu'ils avaient entendu des rires depuis la rue passante un peu plus loin.

Alors avant de rejoindre leur hôtel et même s'ils avaient les mains pleines de poignées de valises et les épaules blessées par les lanières de leurs sacs à dos, ils avaient suivi la musique et le bruit ambiant pour s'intégrer à la foule. 

Ils avaient rigolé en entendant tous ces gens parler dans une langue qu'ils ne comprenaient pas, avaient déambulé dans des petites rues en s'extasiant d'un rien du tout comme s'ils étaient dans un musée et s'étaient débrouillés pour trouver un chauffeur qui les avait gentiment raccompagnés jusqu'au pied de l'hôtel qu'ils avaient choisi pour la nuit.

Le lendemain, ils n'étaient toujours pas remis de leurs siestes improvisées et du soleil qui venait seulement de se lever alors qu'il était censé être la pleine après-midi à Séoul. Taehyung avait eu une petite baisse de moral, parce qu'il s'imaginait la plage et les terrasses à peine son pied aurait foulé le sol français, alors Jimin avait accepté de prendre le volant de leur voiture tout juste louée.

Et depuis, ils roulaient vitres baissées et les cheveux au vent, au rythme de leur playlist ou de la radio française quand la curiosité les prenait.

« Et comment tu vas faire ?!

- J'irai en acheter, ne t'inquiète pas.

- Et s'ils n'en n'ont pas ? » S'égosilla la voix à travers le téléphone, « C'est mieux que je te les envoie Yeji.

- Maman, je pense que les pharmacies existent en France. »

C'est ce que la jeune femme s'évertuait à expliquer à sa mère depuis dix minutes. La pauvre maman venait de découvrir avec horreur la trousse de soins de sa fille oubliée sur la table du salon. Et elle s'imaginait déjà Yeji sans son aspirine si elle avait mal à la tête, sans ses gélules contre le mal de mer si jamais ils décidaient de faire une virée en bateau...

« Et puis je ne suis pas toute seule, regarde... Jimin, tu as des compresses par exemple ? » Demanda-t-elle en activant le haut-parleur.

Les yeux sur la route et faisant non de la tête en silence, le brun prit pourtant de sa voix la plus sage pour répondre :

« Compresses, pansements, Arnica, crème solaire... J'ai tout ce qu'il faut madame ! »

Il n'avait rien de tout ça et la rouquine dut retenir un fou rire devant l'improvisation de son ami avant de reprendre le téléphone contre son oreille.

« Tu as vu ? Je gère.

- Et ta pilule ? Tes amis ils la gèrent ? » Explosa la mère en continuant de dresser la liste de ce que sa fille avait oublié.