Chapitre 15: Mélina

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--Tu habites dans le coin ??

Lorsque nous sommes arrivés chez moi, j'ai proposé à Pitt quelque chose à boire, par courtoisie, oubliant que mon réfrigérateur était vide. Ce n'est qu'en étant face au problème que ça m'est revenu, me trouvant alors bête d'informer Pitt sur le néant total qu'est mon frigo ainsi que mes placards. Sans même réfléchir, il m'a suggéré de me conduire faire les courses. Ne connaissant pas les lieux, je n'ai évidemment pas refusé son aide. Si je veux tenir le coup toute la journée, il va me falloir de quoi me sustenter, mais aussi et surtout du café, breuvage obligatoire pour me permettre de garder les yeux ouverts. Ainsi, nous sommes actuellement sur la route et voulant briser le silence, c'est la première question qu'il m'est venu en tête.

-On peut dire ça, me répond-il vaguement en tournant la tête vers moi.

Voyant mon froncement de sourcils, il daigne approfondir sa réponse face à ma réaction. Il fait bien. Il ne se doute pas que je suis plutôt curieuse et si, pour l'instant, j'ai gardé le plus gros de mes questions pour moi, là, je n'aurai certainement pas abandonné.

-Bon, étant donné que tu connais notre nature, je vais être honnête avec toi. Ça fait plusieurs années que je vis dans une grotte non loin de chez toi. Ne me demande pas pourquoi, je ne suis pas encore prêt à te dévoiler certains épisodes de ma vie. Tout ce que je peux dire, c'est que depuis hier, j'ai décidé de reprendre une vie ordinaire et en attendant, je vis chez Karl.

Est-il encore possible à notre époque de vivre dans une grotte ?? Devant son air sérieux, il semble que oui et j'en suis sidérée. Qu'est ce qui peut encourager une personne à vivre dans un lieu aussi austère qu'une grotte et comment faisait-il pour se laver ? À cet instant, je suis en train de l'imaginer comme un homme de Neandertal, frottant deux silex pour allumer du feu, chassant ses proies avec une lance confectionner à partir d'une branche et d'un silex taillé en pointe. Cette idée m'a à peine effleuré l'esprit que je pars immédiatement en fou rire, surprenant Pitt. Il me dévisage, essayant de comprendre ce qui peut bien m'amuser à ce point.

-Ça me plairait bien de me marrer aussi, lance-t-il. Je ne vois pas ce que j'ai pu dire pour que tu en arrives à rire à ce point.

-Excuse-moi Pitt. C'est seulement...

J'ai dû mal à aligner deux mots tellement je ris, tentant tout de même de reprendre mon sérieux.

-Désolé, commencé-je en soufflant plusieurs fois. Je t'ai imaginé dans ta grotte comme un homme de Neandertal avec les silex, la chasse et toute la ribambelle d'anecdotes les concernant, je poursuis. Ne pense pas que je me moque, mais avoue qu'à notre époque, vivre dans une grotte est plutôt très rare voir même improbable.

J'attends qu'il me donne son opinion ou encore qu'il me crie dessus, un stimulus autre que son regard rivé sur la route, les lèvres pincées. Puis d'un coup, dans un soupir, il s'exprime enfin, mais pas sur le sujet dont j'imaginais.

-Il va me rendre fou s'il continue comme ça, lance-t-il sans que je saisisse de quoi il parle.

-Euh, Pitt, serais-tu atteint d'une forme d'Alzheimer ? Je te parle d'homme préhistorique et toi, tu me balance ça. Qu'est ce qui te prends ?

-Karl me harcèle depuis que nous sommes partis de chez lui. Je ne vais pas tenir s'il continue et ça risque de partir en clash ce soir quand je vais rentrer.

-Pourquoi fait-il cela ?

Je n'aurais pas cru Karl capable de tel agissements, l'envisageant plutôt comme quelqu'un de calme et posé, sauf, bien sûr, la fois où il a fait pleuvoir son aura sur nous tous, en partie par ma faute. Une théorie me saute soudain aux yeux.

-C'est à cause de moi, c'est ça ? je lui demande, désirant ardemment me tromper.

-Oh non, je n'entrerais par sur ce sujet, Mélina, hors de question. Il va falloir que je réapprenne à me taire, murmure-t-il pour lui-même. Tu lui demanderas directement quand tu le verras, mais ce n'est pas à moi de te dire...

-De me dire quoi, Pitt ?

-Rien, laisse tomber, Mélina. Je vais l'étrangler ce soir et tout sera régler, affirme-t-il en me regardant, sourire aux lèvres.

Je crains fortement que mes doutes soient fondés. Se pourrait-il que ce beau brun ténébreux en pince pour moi au point que j'en devienne une obsession. Non, ça craint. Je range cette idée dans un coin de ma tête et je décortique le reste de son problème. Une idée me trotte dans la cervelle.

-Tu sais, la maison principale où je vis est vacante pour l'instant et je ne pense pas que ça dérangerait ma sœur que tu l'occupes le temps qu'elle trouve un locataire. Donc si ça peut t'aider, vient donc t'installer dans la maison.

Je le vois méditer ma proposition. Mine de rien, le faite que je sache que quelqu'un de fort comme lui soit à deux pas de mon studio, me réconforte et me rassure. C'est le moment précis où je percute que je n'ai plus aussi peur qu'avant et pour preuve, je suis en présence d'un homme que je connais à peine, enfermé dans une voiture et aucune crise n'a fait son apparition. Une petite victoire que j'accueille avec joie.

UN MONDE A PART (Tome 1 complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant