PROLOGUE : Ce même cauchemar

988 80 11
                                    

Je n'entends que des murmures. Paralysé, c'est une douleur vive à la tête, à m'en faire perdre mes repères, qui me ressaisit. Je suis en vie. Une ligne sonore stridente me perfore les tympans, ma sueur m'aveugle, mon angoisse me ronge les entrailles. Je ne sais pas où je suis, ni avec qui. Seul un son me rappelle à l'ordre, me maintient en éveille. Le cri de ma mère, implorant le pardon, implorant la pitié. J'ouvre alors mes yeux. J'affronte la réalité d'une audace ne me ressemblant pas.

Mon père et ma mère sont attachés face à face, les yeux bandés. Ils subissent la torture de l'impuissance. Je baisse mon visage alors que l'anxiété me fend l'estomac, qu'un sanglot m'étrangle. Mon bourreau, d'une corpulence assez forte, qui me maintenait au sol jusqu'à présent, me relève la tête pour affronter le présent en me tirant mes longs cheveux en arrière. Pour regarder ce spectacle dont ma famille en est la protagoniste, et dont j'en suis le triste spectateur.

Mais la douleur sur le visage de ma mère me tue.

« Alors Hwang ! Dis-moi où l'as-tu planqué ? »

« Co... Comment le saurais-je, je ... je ne vois pas de quoi tu parles... » Tente tant bien que mal de lui répondre mon père, exténué.

Un coup. Puis deux. Puis une dizaine qui suit. L'homme n'y va pas de main morte. Ma mère hurle, elle demande pitié sans une once de fierté, elle espère faire arrêter ce massacre.

Pourquoi nous ?

« Tu veux que j'arrête ? Mais peut être que c'est toi qui sais où il est... » Demande notre agresseur en pointant son arme de prestige en direction de ma mère.

« Pi... Pitié... Laissez ma fa... Famille... » Le supplie-t-elle difficilement.

« OÙ EST-IL ? »

C'est finalement sur le visage de ma mère qu'il assène le bout de fer déjà pourpre. J'essaye de me défaire des bras trop puissant de mon bourreau, mais je ne peux m'y résoudre. Après tout, je ne suis qu'un enfant. Ils sont bien trop forts pour moi. C'est ma réalité.

« Hyun-Ae... Mon amour, sois forte... »

« Jung-Hwa... Je t'aime... »

« Vous ne voulez rien dire ? Très bien... » Finit-il par dire, perdant patience.

L'homme se retourne et me fixe en souriant. Il jette son arme et se repositionne à mes côtés. Une femme s'avance, sortant du silence. Puis elle se penche vers moi, sortant les mots qui me briseront à jamais.

« Abattez-les. »

« NOOOOOOOON. » Criais-je du plus profond de mon âme.

Je ne peux plus voir mes parent, ma tristesse me brouille la vision. Je me débats pour aller les sauver, mais le coup est fatal. Notre destin est déjà scellé... Je ne suis qu'un enfant. Les corps de mes parents tombent sur le bitume froid, immobile. C'était définitivement comme ça que c'était censé se passer.

« PÈRE ! MÈRE ! »

Je ne ressens plus de résistance sur mes bras, je m'élance donc vers la seule chose que je n'ai plus. Je pleure toutes les larmes de mon corps en prenant ma mère dans mes bras. J'insulte le monde de nous avoir imposé ça. Pourquoi ma famille ? Je ne suis qu'un enfant.

« JE VAIS TOUS VOUS TUER ! » M'écriai-je malgré moi.

Cette femme, d'une élégance à m'en écœurer, s'approche de nous, pour finalement se pencher sur mes parents, admirant les dégâts qu'elle a causé. Tout est de sa faute.

« Cette pauvre Hyun-Ae... Elle n'avait rien demandé pourtant. » Finit-elle par dire après ce long silence où elle les observait, tout en attrapant une mèche de cheveux de ma défunte mère. « Ils sont tombés sur la mauvaise affaire. »

Saut que ce n'était pas une simple histoire d'affaire policière.

Toujours penchée au dessus du corps de ma mère, je comprend qu'elle est proche. Très proche de moi. Elle agit comme si je n'étais pas là, assit sur le bitume à tenir le corps de mon défunt parent. Alors tremblant, pris d'un élan, je m'empare de son cou, serrant avec le peu de force qu'il me reste. Mais je vois bien vite que la douleur que je lui cause n'est rien à celle que je vie en ce moment-même. Elle me sourit, de ses dents parfaitement blanches et de son rouge à lèvre parfaitement tracé.

« Tu crois que tu vas réussir à me tuer comme ça mon petit ? Il va t'en falloir plus. »

Je ne suis qu'un enfant. Mais un jour, je la tuerai.

Ses hommes me plaquent au sol, mon visage baignant dans le sang maintenant rependu de mes parents.

L'homme qui les a abattus me regarde puis sourit sadiquement.

« Il a du mordant le gamin, ça me plait. »

Puis il fait signe à ses hommes, qui exécutent ses ordres en venant me prendre de force pour m'emmener loin de ce lieu. Pour que je subisse sûrement le même sort que mes parents.


« AAAAAAAH ! » S'écrit Hyunjin en se réveillant, en sueur, le cœur battant à tout rompre.

Encore ce rêve. Toujours ce même rêve depuis des années. Pas une seule nuit sans ce maudit rêve.

Un Tatouage Pour Une Vie ~ HyunLixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant