Chapitre 17

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Comme d'habitude, Wooyoung est entré dans la maison de San, comme il le faisait tout les jours. Cependant, aujourd'hui c'était différent. Il y avait une lumière brumeuse mais réconfortante, un sentiment d'appartenance qui n'existait pas auparavant. Alors qu'il entrait dans la maison, à travers une porte qui était apparemment déverrouillée, il avait l'impression de flotter vers le bout du couloir. Flottant vers lui.

"Wooyoung!" cria San avec une sorte d'excitation dans sa voix. Il semblait différent aussi. Il était plus heureux que d'habitude, courant vers Wooyoung avec un saut dans sa course. Bien sûr, Wooyoung ne s'est pas opposé à son attitude, se trouvant lui-même à apprécier le bonheur de San, le partageant presque. Il sentit des bras s'enrouler autour de lui, une étreinte serrée et affectueuse. Malgré sa surprise, il n'a pas hésité à le serrer dans ses bras en retour. San faisait de bon câlins où Wooyoung se sentait plus en sécurité qu'il ne l'a jamais été dans un immeuble et plus confiant qu'il ne l'a jamais été seul.

Malheureusement ils ont dû se séparer à un moment donné. Ils étaient assis l'un à côté de l'autre à la fameuse table, où ils avaient partagés tant de rires. Que de souvenirs... Wooyoung traça de ses doigts les bords de la table. Sa main était vide, et il ne put s'empêcher de penser au garçon à côté de lui. A quel point leurs doigts s'entrelaceraient parfaitement et à quel point ce serait agréable, rien que de le tenir.

Le soleil brillait à travers la fenêtre, presque trop aveuglément, laissant des éclats de lumière dorée dispersés sur leur silhouettes. Tout dans ce moment était si parfitement imparfait, si magnifiquement tragique. Alors que Wooyoung regardait vers San, qui le regardait aussi avec tout autant d'adoration, il jura avoir senti son cœur se briser à force d'avoir tant d'admiration. Rein ne semblait vraiment réel, comme si tout autour de lui lui échapperait des mains s'il commettait la moindre erreur.  Comme du sable dans un sablier ; son temps était limité. Néanmoins, il ne voulait pas bouger. Si l'amour était un jeu, il ne voulait pas progresser. Il voulait faire pause et rester ici, avec deux cœurs battant comme un seul, et deux personnes devenant lentement une.

Mais pour sûr, si ce n'était pas réel, il n'y aurait aucune conséquence. Il n'y aurait pas de regard critique ou de lutte avec le bien ou le mal. Il n'aurait pas à cacher qu'il pensait à San qu'il ne l'aurait jamais pensé, et cette idée à elle seule le remplissait d'excitation. L'adrénaline coulait dans ses veines lorsqu'il réalisa qu'il avait ce moment. Un rêve merveilleusement brisé dont il ne voulais jamais se réveiller mais, finalement, il devait le faire.

"T'es vraiment beau aujourd'hui", a-t-il dit, presque exaspéré par le temps qu'il avait attendu pour le dire. Pendant tant de jours, il avait ravalé ses mots pour la simple raison de la confusion, mais aujourd'hui il voulait perdre le contrôle. Aujourd'hui, il dira ce qu'il pense. Un seul jour peut ne pas sembler suffisant, mais c'était assez pour lui. San s'est mis à rire. "Je sais" blagua-t-il, en repoussant dramatiquement ses cheveux en arrière en riant. Wooyoung n'avait pas l'énergie pour riposter, car le simple fait de l'entendre rire le faisait fondre. Il le considérait comme un diable au moment de leur rencontre, mais il est maintenant devenu évident que ce n'était pas tout à fait vrai. Peut-être qu'il était un diable, mais un mignon. Juste un garçon qui aimait faire des conneries, se cachant sous une couverture de mystère pour se protéger de la froideur mordante des autres.

"Plus sérieusement, merci",  alors que les rires s'éteignaient, San reprit la parole, "T'es beau aussi aujourd'hui", et encore, "T'es beau presque tout le temps" le flirt est sorti presque comme un murmure, mais Wooyoung l'a entendu, et ses joues ont rougi sombrement. Pourquoi ne pas faire un autre mouvement? si ça s'est si bien passé, pourquoi ne pas tout déballer? Il pouvait dire tout ce qu'il voulait, faire tout ce qu'il aurait voulu. Il était trop ivre sur le moment, trop ivre de San, pour se soucier des conséquences.

Il entrelaça leurs mains, et c'était exactement comme il s'y attendait. Leurs mains s'emboîtent comme si elles avaient été sculptées dans le but précis de se tenir l'une l'autre. San tourna la tête vers le bas pour regarder leurs mains, un sourire s'étalant sur son visage. Il leva les yeux pour rencontrer le regard de Wooyoung, un pur bonheur apparaissant sur son visage. C'était comme s'il avait attendu, espéré quelque chose comme ça. Même si San ne l'aurait jamais admis, il l'était aussi.

Ses yeux divaguaient sur les lèvres de San, recroquevillées en un sourire. Elles avaient l'air plus douces que les nuages, plus roses qu'une rose et tellement tentantes. Il ne put s'empêcher de se pencher, son rythme cardiaque s'accélérant de seconde en seconde. Lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, le monde sembla s'arrêter.

C'était exactement comme il l'avait imaginé. C'était comme des papillons dans son ventre. C'était comme être assis devant un feu chaud. C'était comme des fleurs, effleurant doucement sa peau. C'était comme rentrer à la maison après une longue période de solitude, de froid. C'était comme un foyer qu'aucun d'eux n'avait jamais eu, une sorte d'amour qu'aucun d'eux n'avait jamais connu, quelque chose d'indescriptible pour eux.

Tout était si parfait. Tellement bien jusqu'à ce que quelque chose commence à ne pas aller. Wooyoung a été soudainement arraché au garçon qu'il aimait, le moment qu'il avait secrètement désiré, et ramené à son enfance. Le flou d'un souvenir dont il ne se souvenait pas tout à fait, seulement le son et les couleurs résonnaient comme un mal de tête. "Les garçons n'aiment pas les autres garçons, tu iras en enfer si tu fais ça" il ne se souvenait plus de qui lui avait dit cela, seulement que c'était quelqu'un qu'il connaissait, et il pouvait sentir l'air quitter ses poumons.

Il savait qu'ils avaient tord. Il savait que c'était interdit. Cependant, il était jeune et naïf quand il l'a entendu. Il a choisi d'écouter, car que pouvait-il faire d'autre ? 

Il ressentait un sentiment de culpabilité. Il aimait San, il le savait, même s'il ne l'admettait que maintenant. Mais quand même, quelque chose dans sa tête criait que c'était mal. Il n'avait jamais exploré ce côté de lui-même, et une autre partie de lui-même le suppliait de ne pas le faire. Il avait l'impression de se noyer dans les bruits, et alors qu'il remontait lentement à la surface, luttant pour respirer...

Sa tête se releva et soudain il se réveilla.

Même vieille chambre, même vieille maison.

Les mêmes vieux sentiments pour San, qu'il n'admettait que maintenant.

Même culpabilité pour ce qu'il ressentait.

Le fait que le seul garçon qu'il aimait vraiment, le seul garçon qui le faisait se sentir vivant, il ne le poursuivrait jamais.

Lucifer ~ WoosanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant