deux | leila

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elle aimait contempler les étoiles. elle aimait s'abreuver de tout les mystères de l'univers. elle aimait imaginer d'innombrables galaxies. leila le savait, et, elle n'en avait rien à faire. leila était la meilleure amie dont tout le monde rêvait. parfaite dans les esprits, imparfaite partout ailleurs. elle était celle qu'il fallait appeler en cas de baisse de morale. et après son altercation avec sa mère, la fille n'avait eu qu'un seul prénom à l'esprit pour s'évader quelques minutes : leila. elle entrait dans la chambre, comme une apparition divine, comme la marraine de cendrillon prête à la métamorphoser en magnifique princesse.
-mon bus passe à 45. mais j'ai pût venir.
-c'est gentil...
-c'est une grosse connasse la meuf de l'accueil. elle m'faisait « j'ai besoin d'une autorisation de la part du médecin. » mais baises ta mère, j'en ai pas.
peut-être parce que tu ne venais presque jamais.
-laisses tomber... l'important c'est que tu sois là.
-ouais...
t'as plus rien à dire ? tu te sens dans une autre dimension ? vous ne partagez plus les mêmes envies ? normal, elle va crever, toi pas.
-oh j't'ai pas dit !
ouais, fais tourner la conversation autour de toi. tu le faisais si bien avant.
-quoi ?
-camille j'peux plus m'la voir meuf. c'est pas, en cours, elle arrive, et pendant que j'tape la bise à manon, elle fait « j'ai raté des trucs moi. » mais de quoi je me mêle ? la meuf elle lèche le cul des gens qu'elle critiquait y'a deux jours. l'hôpital qui se fout de la charité.
tu crois vraiment que la fille en avait quelque chose à faire de ces histoires ? elle ne faisait pas attention à ce que disaient les gens d'elle; elle faisait attention aux battements de son cœur.
-pff. elle est trop chiante, jamais elle s'arrête.
-vrai-ment meuf. ah au fait j't'ai pas dit, j'ai parlé avec lucas. et apparemment, il aurait entendu théo dire que j'étais trop belle. j'suis trop contente meuf!
tu trouves pas que ça devient gênant votre conversation là ? tu trouves pas que la fille a d'autres choses à éprouver, qu'elle t'a pas appelé pour qu'elle te serve de journal intime mais pour que tu l'écoutes éprouver, parce qu'elle en peut plus. elle est rongée par l'idée de mourir.
-j'espère tu vas pécho hein...
-ouais moi aussi.. putain il est 41 faut que j'y aille, je t'aime ma vie!
tu m'aimes mais tu le montres mal. t'es aussi égocentrique que ma mère, t'as toujours considéré notre amitié comme une séance de psy. je n'avais aucunes histoires et j'écoutais les tiennes. tu te sens fébrile parce que pour la première fois on entend parler de moi, et que dans quelques jours tu seras juste la meilleure amie de la fille morte. t'as peur? tu voulais rester leila la meuf trop belle? t'es mignonne, mais tes récits futiles sur tes déboires amoureux ne marchent plus pour prouver que t'es mon amie. c'est dans ce genre de situations qu'on voit qui l'est, et agit, et qui reste passif. t'es passive.
et si elle avait dit ça ?

last phase.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant