Betty & Clive

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L'alarme de la banque retentit. Les voitures de police sont déjà sur les lieux. Les hommes vêtus d'uniformes sombres et d'un képi, dégainent leurs armes. Le capitaine Frédéric se rapproche doucement de l'entrée de la banque, mais les coffres sont vides et les cambrioleurs sont déjà partis.

Frédéric interroge les employés les uns après les autres, dans le grand hall en marbre de la banque. C'est au tour du jeune stagiaire, de répondre aux questions du capitaine. Il entrevoit à peine le visage de Frédéric, caché derrière sa longue et soigneuse barbe, ce qui le rend anxieux. Le front du pauvre garçon est dégoulinant de sueur. Le portraitiste, son carnet à la main, écoute les descriptions des criminels que donnent les employés. Les descriptions sont très claires, les deux voleurs sont, un homme aux cheveux bruns, vêtu d'une chemise beige et d'un pantalon couleur lagon tenu par des bretelles bleues claires. Sur sa tête, un béret couleur terre, et dans ses pieds des chaussures sombres. La femme, elle, est plus petite que lui, elle porte également un couvre chef, en paille, qui recouvre sa chevelure ténébreuse. Une longue robe de couleur chair avec un col blanc, camoufle son corps. Les portraits sont tout de suite accrochés sur les murs de la petite ville, déjà plongée dans l'obscurité. Les passants peuvent lire, grâce aux lumières des pubs encore ouverts, l'inscription "rechercher" sur les affiches représentant les deux cambrioleurs.

Clive court et se retourne, il voit un peu plus loin dans la rue, Betty qui le suit. Sa robe est tellement longue qu'elle se prend les pieds dans le tissu. Clive s'arrête, il ne peut pas continuer sans elle. Il s'approche d'elle la soulève pour la mettre sur son dos. Le chapeau de Betty tombe mais ils n'ont pas le temps de reculer, ils repartent de plus belle.

La nuit est totalement tombée sur la ville, les policiers décident de reprendre les recherches le lendemain matin.

Betty et Clive arrivent dans une forêt remplie de grands arbres sans feuilles. La lune éclaire la plaine. Plus un seul bruit retentit, uniquement les essoufflements des deux brigands qui reprennent leur souffle. Ils sont fatigués, posent un sac rempli de billets de banque et une arme sur le sol terreux et s'allongent l'un à côté de l'autre sur cette étendue bossue. Ils sont orphelins et n'ont aucun logement. Betty s'endort, dans les bras de son frère mais lui reste éveillé étant inquiet que la police les retrouve.

Le soleil se lève doucement et laisse entrer des rayons, entre les arbres, qui reflètent le doux visage de Betty, toujours allongée par terre. Clive la réveille, lui tendant une pomme rouge pour qu'elle mange quelque chose. Alors qu'ils sont tous les deux en train de profiter de cette nouvelle matinée près d'un lac au milieu de cette vaste forêt, des bruits surgissent derrière les buissons. Une grosse voix puissante qui scande le nom de Betty et Clive résonne dans tout l'environnement. Clive se lève, attrape le sac et agrippe sa sœur brutalement puis court avant de disparaître dans la nature. Ils sont malheureusement suivis de près par le capitaine Frédéric et son équipe qui ont retrouvé leur trace grâce au chapeau de Betty. Clive et sa jeune sœur ne s'arrêtent plus. Ils courent sans regarder derrière eux, main dans la main. Frédéric et ses hommes sont juste derrière eux et les suivent en courant, tous une arme à la main. La distance se creuse entre les deux bandits et les policiers. Le bout de la robe de Betty s'envole dans le vent et s'use à force de traîner sur des sols rocheux et sales. Si Frédéric ne fait rien, ils vont encore une fois leur passer sous le nez, il prend son arme et tire. Clive sursaute, il tire Betty par le bras et la pousse derrière un rocher pour qu'elle se protège, il la rejoint aussitôt. Ayant tiré le premier, ses hommes le suivent et ouvrent une fusillade des plus affreuses. Chaque policier tire les uns après les autres sans leur laisser de répit. Le frère cadet plonge sa main dans le sac et sort son arme. Il la charge. Relève sa tête, pointe le pistolet vers les policiers. Ses mains tremblent de peur, incapables de tirer sur l'un des hommes devant lui. Betty est couchée, la tête rentrée dans ses bras, la panique l'envahit, un mélange de larmes et de cris déstabilise son frère. Clive replonge au sol derrière le rocher, prend la main de sa sœur en essayant de la rassurer. Il se relève, attire sa sœur vers lui, et tire sans relâche. Ensemble, ils essayent de se sortir de cette embuscade. Les bruits des oiseaux et de l'eau qui ruisselle sont recouverts par le vacarme infernal que provoquent les tirs des policiers qui persistent. Clive et Betty sont vulnérables, ils n'ont plus qu'une arme avec laquelle ils tirent n'importe où. Les coups de feu rebondissent de tous les côtés. Betty et Clive arrivent tout de même à trouver une cachette dans une petite grotte au milieu de la forêt. Ils s'assoient sur le sol froid, Clive enlève son béret et souffle. Il est soulagé d'avoir pu contourner les hommes de Frédéric mais est encore craintif qu'ils se fassent retrouver une seconde fois. Il se retourne et voit Betty allongée sur le sol. Alors qu'il lui caresse les cheveux pour la rassurer, une tâche sur la robe de Betty attire son attention. Une tâche rouge foncée qui s'étend sur le tissu couleur chair de Betty. Elle le regarde, les yeux humides, des larmes en dégoulinent, elle a l'air apaisée. Clive est épouvanté, sa chère sœur venait de recevoir une balle en plein cœur. Il l'observe en retour avec un regard abattu. La simple pensée de vivre sans elle, est pour lui impossible. Il la remue brutalement pour ne pas qu'elle ferme les yeux et appuie sur le trou qu'a provoqué la balle dans le corps de Betty, essayant de stopper l'hémorragie. Betty lui souffle un dernier mot avant de sceller ses paupières. Clive s'effondre sur elle, il la serre et ne veut plus la lâcher. Il entend les pas désordonnés des policiers qui se rapprochent. Clive passe de l'anéantissement à la rage en un tiers de seconde. Clive attrape violemment son arme dans ses mains peintes de sang. Il contemple une dernière fois sa sœur. Il pose le bout de son pistolet froid, sur sa tempe pleine de terre, prend une inspiration et presse la détente. Le bruit résonne dans la petite grotte. La balle transperce sa boîte crânienne, faisant surgir une giclée de sang qui s'abat sur la chemise claire de Clive. Ses yeux se ferment et son corps se laisse tomber à côté de celui de Betty. Une nappe de sang se dessine autour des deux corps. Les bruits de la forêt reviennent doucement, les oiseaux chantent, l'eau s'écoule dans les rivières, les branches se craquellent sous les sabots des sangliers.

Betty et Clive sont enfin en paix. 

THE END 

Betty & CliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant