Chapitre 1

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- Arya, n'oublie pas ton sac ! Tu vas finir par être en retard si tu continues à être aussi tête en l'air !

- Oui maman, deux minutes, je réponds avec mon mascara dans une main et mon recourbe cils dans l'autre.

On dirait que c'est ma mère qui fait sa rentrée aujourd'hui, elle est tellement stressée. Je lui fais un grand sourire à travers mon téléphone pour la rassurer, histoire de lui montrer qu'il n'y a pas de quoi paniquer. Depuis que j'ai quitté la maison pour m'installer sur Paris, nous nous appelons en FaceTime assez régulièrement. Aujourd'hui, étant le grand jour, elle a insisté pour me voir une dernière fois avant que "sa fille ne devienne une adulte qui oublie sa mère pour aller faire la fête". Sûrement sa phrase préférée, j'y ai droit au minimum quatre fois par semaine.
Je termine de me coiffer et lui souhaite une bonne journée en lui promettant de l'appeler ce soir. Je prends mon sac, puis me dirige vers le métro aidé de mon application, parce qu'avec ce trafic et toutes ces lignes, ne pas se perdre relève d'un réel talent !
Je n'ai pas mentionné le fait que je rentre à la Sorbonne en première année de licence. Lorsque j'ai vu mon admission je n'en revenais pas et aujourd'hui encore j'ai du mal à réaliser que je passe la porte de cette université.

Un chemin m'amène vers une cour entourée de bâtiments à minimum quatre étages. Je repère immédiatement la bibliothèque située au sous-sol. Mon premier cours est celui de littérature occidentale, ne me demandez pas de quoi il s'agit, moi-même je n'en ai aucune idée.

Assez vite, je retrouve quelques visages aperçus sur Instagram, avec qui je m'installe dans le grand amphithéâtre. La journée passe rapidement et je suis ravie de tous mes cours.
Maintenant, je dois retrouver mon chemin et rentrer dans mon petit appartement du 16e arrondissement. En suivant le guide, je reprends la ligne qui passe par l'Arc de Triomphe. Je favorise ce temps de transport pour pouvoir lire, seulement là je ne comprends pas pourquoi le métro devient tout d'un coup aérien ? Je lève les yeux, consternée par mon sens de l'orientation niveau moins douze. En effet, j'ai pris la ligne dans le mauvais sens, je vous l'avais dit, il faut posséder un talent pour savoir se retrouver dans la capitale !

Je sors pour prendre le chemin inverse, il y a tellement de monde dans ce si petit espace. Je me retrouve bousculé de toute part. Un homme se colle à moi en me lançant des regards salaces. J'essaye de me tortiller pour m'écarter le plus possible de lui mais ce pervers avance pour me coller contre la paroie. À ce moment un garçon de mon âge vient s'interposer, il se met face à moi avec un regard compatissant. Le soulagement doit se lire dans mon regard car il me lance :

- La prochaine fois, hésite pas à lui donner un coup de pied bien placé.
- Je prends note, merci ...
- Oscar.
- Merci, Oscar.

Un silence un peu gênant s'installe, plusieurs personnes descendent dont l'homme au regard insistant. Des places se libèrent alors je pars m'asseoir suivi de mon sauveur. Il sort ses écouteurs, alors j'en déduis qu'il ne souhaite pas engager la conversation.
En l'observant plus attentivement, sans paraître pour une psychopathe, je constate qu'il possède un sac à l'effigie de la librairie Boulinier, que sous son masque, il a un visage aux traits fins et que...

- Qu'est-ce que t'as, j'ai un truc sur le visage ou quoi ? me lance-t-il.

Ai-je mentionné mon absence de discrétion ? Je vire au rouge.

- Non je regardais les arrêts derrière toi excuse-moi.

Sans dire un mot de plus je m'enfonce dans mon siège avec une soudaine envie de disparaître. Je vois à ses yeux qu'il sourit, mais ne dit rien.

Arrivée à ma station je descends. Oscar se lève en même temps que moi, on s'entrechoque littéralement pour sortir. Il me laisse passer avec une posture de gentleman.

- Alors comme ça tu habites dans le quartier toi aussi ? je lui demande.
- Ça je te le dirai si on se recroise. Peut-être devrais-je jouer les chevaliers servants encore une fois ?

Sans se retourner il part avec sa musique, ses vans usées et cet air qui semble dire "on se recroisera princesse."

Et quand j'y repense, je ne lui ai même pas donné mon prénom...

La ligne d'AryaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant