La ligne d'Arya

Chapitre 10

Le métro est vide. Je regarde Oscar se diriger vers une banquette double et m'installe prés de lui. Les portes émettent ce bruit si distinctif pour indiquer qu'elles vont se fermer et nous voilà lancés vers l'université. Je tourne la tête vers mon voisin qui hausse un sourcil interrogateur.

- T'es sûr de pas vouloir venir ce soir ?

Vous ai-je déjà dit que je ne lâchais jamais l'affaire ?

- Qu'est-ce que j'y gagne moi ? En plus, tu vas rester avec ta copine et je vais rester comme un con dans mon coin. 

- Tu connais la moitié de la fac. 

- Faux. Je connais la moitié des deuxièmes années en lettres modernes, pas les premières années de toute La Sorbonne.

- Raison de plus pour venir ! Tu pourras te faire des amis et puis tu y gagnes ma compagnie. Je te jure de rester avec toi. Aller s'il te plait Oscar, accompagne ta voisine préférée, j'ajoute avec des yeux de chat botté. 

- T'es relou Arya, tu crois vraiment que les gens veulent devenir amis avec le fils Durnalis ? Ils sont pas tous aussi barrés que toi... Bon, je viens te chercher à quelle heure ?

Je sauterai presque de joie, mais je me retiens pour faire bonne figure en lui indiquant l'heure. Arrivés devant notre salle, nous entrons sous les regards désapprobateurs de certains élèves. Je leur ferais bouffer leurs feuilles à ces petites enflures. J'en fusille quelques uns du regard sans aucune retenue. Je m'installe en attendant l'arrivée du professeur. Seulement, je reçois un papier en pleine tempe. Je le déplie et lis ce qu'il y est inscrit. « On tombe sous le charme du meurtrier princesse ? ». Je me retourne et vois Grilam se marrer avec ses potes.

- Fait voir, demande Oscar. 

- Non, je réponds sèchement. 

Je me lève et me dirige vers ce type exécrable. Je pose sèchement le papier sur la table. Je dois avoir cinq minutes avant le commencement du cours.

- Tu te crois drôle ? Ha mais oui c'est hilarant ça ! Humilions donc notre camarade. En plus d'avoir l'égo le plus surdimensionné de cette classe t'es doublé d'un connard ? Tu te crois maître du monde à lancer des petits papiers avec tes mots provocants ? Qu'est-ce qu'il y a Grilam, pourquoi as-tu besoin de te sentir exister à travers des actes à la hauteur d'une pourriture ?

Il a cesser de rire. Complètement. Il me regarde ne sachant quoi dire.

- C'est bien ce que je pensais, tu respires la connerie. Vous êtes pas mieux vous, à suivre ce mec et à croire tout ce qu'il vous dit par peur qu'il vous atteigne. Arrêtez de croire qu'il n'a pas de faiblesse, dis-je en regardant sa petite tribu. En parlant de ça, Grilam, il est où toi, ton papa ? 

- Ferme là, me supplie-il presque. 

- Haaa mais oui, il t'a abandonné après ce que t'as fait à ta mère. 

- Ta gueule j'ai dit ! crit-il en se redressant.

Je ne me laisse pas intimider et pose une main sur son torse. Doucement, tout doucement je me penche vers lui pour que personne ne m'entende.

- Qu'est-ce qu'il y a, tu vas me frapper moi aussi ? Ne t'avises plus de rabaisser qui que ce soit où crois moi, je déballe tout.

Sans un regard de plus, je me réinstalle à ma place, sous le regard ébahi de mes camarades. J'étais sûre que Grilam n'avait pas un passif digne d'un ange, alors j'ai effectué des recherches sur sa famille hier soir. Cette ordure a battu sa mère pendant trois ans pour obtenir tout ce dont il avait besoin. Son père l'a appris, et bien que remarier, il a mis son ex-femme en sécurité et a coupé les ponts avec son fils qui se débrouille avec un certain Kyllian pour vivre. Ça je le sais grâce aux réseaux sociaux, à vouloir montrer sa vie cet abruti va se faire griller.

Notre professeur arrive enfin et le cours peut commencer. Oscar me regarde, mais je n'ose lui parler pour le moment. Je me suis laissée emporter et mon impulsivité reste mon plus grand défaut.