Souvenirs

Chapitre 9 - Alice

03 h 00

On a tout de même fini par dormir une petite heure, ce qui n'était pas prévu au programme, mais ce n'est pas grave, je ne voudrais pas rendre Chloé malade, elle l'est quand elle ne dort pas. Je viens de me réveiller, elle dort encore, elle à un visage de bébé dans ces moments-là, elle est enfin en paix.

Je lui caresse le visage. C'est vrai que j'ai du mal à croire que je vais faire ça, la laisser derrière moi, mais ma décision est prise et je ne reviendrais pas en arrière. Je retire ma main de son visage, elle ouvre ensuite les yeux et dit :

« Continue, j'aime bien quand tu fais ça »

Elle garde les yeux ouverts difficilement, je continue donc à caresser son visage, je veux mémoriser chaque partie de son corps, si j'ai une baisse de moral, je pourrais toujours penser à elle et à chaque chose que j'aime chez elle, comme son rire, elle à un rire très fort, qui ne passe pas inaperçu, je n'aime pas d'habitude ce genre de rire, presque exagérer chez certaines personnes, mais c'est différent chez elle.

« Je veux un dernier souvenir » lui réclamé-je

« Tu veux parler de quoi ? » me demande-t-elle

« Comment on la dit à nos parents »

« Ok »

Flashback 4

On avait décidé de faire un repas avec nos parents, les miens, et ce, de Chloé. C'était aussi la première qu'ils se voyaient. Je n'étais pas out à mes parents à ce moment-là, j'allais leur annoncer deux choses, le fait que je sois lesbienne et le fait que j'avais une copine. J'ai voulu leur dire plusieurs que j'aimais les filles, mais sans dire que j'avais une copine, je voulais faire petit à petit, peut-être pour ne pas les choquer ou pour plus facilement digérer l'info. Chloé était ok avec ce qui allait se passer, elle était déjà out et n'avais pas de gène à parler de sa sexualité à n'importe qui. Elle attendait mon feu vert. Le repas se passer au restaurant. Je m'étais dit que dans un endroit public, si mes parents aller avoir une mauvaise réaction, ils allaient s'abstenir de dire quelque chose de grave alors qu'il y avait une centaine de personnes autour de nous.

J'avais la jambe qui trembler tout au long du repas, j'ai eu du mal à manger, ma mère pensait que j'étais malade, je lui ai dit que j'allais bien, ce qui n'était pas vrai, je n'avais jamais été aussi mal. Je suis passée plusieurs fois aux toilettes pour me mettre de l'eau au visage. Je n'avais pas dormi la veille, je ne pensais qu'à ça, et la phrase est tombée comme ça, comme un cheveu sur la soupe.

« On est ensemble » je l'ai dit de manière assez basse mais, tout le monde a table à entendu, il y a eu un silence pendant quelque seconde, c'est ma mère qui l'a brisé :

« C'est pour ça que tu es stressée depuis ce matin ? Tu n'osais pas le dire ? »

Je respirais mieux déjà après avoir dit cette phrase.

« Oui, ça fait un moment que je veux vous le dire, j'espère ne pas vous décevoir »

Les parents de Chloé n'ont rien dit de spécial, ils se sont juste regardés d'un air ' elles l'ont enfin dit ', apparemment, on n'était pas discrète selon eux et ils captent rapidement de genre de chose. Chloé parlait beaucoup de moi à ses parents, ce qui leur à donnais rapidement un indice.

« Alice chérie, jamais tu nous décevras, c'est ta vie, tu fais ce que tu veux, je ne te jugerais pas sur des relations ou tes choix »

C'est à cette phrase que j'ai craqué, j'ai pleuré en plein milieu du repas, entouré de centaines de personnes qui se sont retourné vers notre table. Mon père à faire signe que tout aller bien, ils sont donc repartis à leurs repas et conversations déjà entamées.

On a fini le repas dans la bonne humeur, nous sommes tous ensuite repartie chacun de notre côté.

En rentrant, ma mère s'est dirigés vers la cuisine pour préparer plusieurs tasses de thé, je savais ce qu'il m'attendait, on allait en discuter, ma mère fait toujours ça quand on vient d'apprendre quelque chose d'important, que ça soit dans la famille ou autre. Elle n'a même pas pris le temps d'enlever son manteau et ses chaussures. On s'est tous installés sur la table de la cuisine, là où on mange tous ensemble.

Ma mère m'a rassurée, même s'ils ne comprennent pas tout cet univers, ils vont faire de leur mieux et se corriger.

Ma relation avec mes parents n'a pas vraiment changée suite à mon coming-out, nous ne sommes pas devenues plus proche qu'avant, je me sentais peut-être plus libre à parler. Pareil chez Chloé, rien à changer.

Je pense que c'est de ça que j'avais peur, que cette annonce allait changer toute ma vie. À mon avis, il est plus facile de parler aux inconnus ou aux personnes que l'on connaît le moins de notre orientation, ils ne se sont pas fait rapidement une image de qui nous sommes, contrairement aux membres de notre famille ou de nos amis qui ont déjà une image toute faite de nous. Nos proches vont nous associer à certaines choses, pas les inconnus, pour eux, ceux sera juste un truc en plus par rapport à nous.

4 h 00

Il est temps de repartir, il faut ranger la chambre et refaire ma valise, je suis épuisée, je ne l'ai jamais été autant. Je sors difficilement de mon lit, pendant que je range, Chloé me regarde.