22:41 - Que serait la vie d'une solitaire
"Mourir d'ennui". Quelle expression étrange.
Comment peut-on se sentir mourir quand l'envie même de penser s'éloigne?
Ou alors, je réfléchis beaucoup trop. Ce doit être ça.Pourtant, là, maintenant, l'expression "mourir d'ennui" me semble des plus appropriées à la situation dans laquelle je me trouve. Je m'explique.
J'ai l'impression que la moindre irruption d'un signe extérieur dans le coton qu'est devenu mon cerveau sera un choc si violent que le prix à payer du retour à la réalité sera une belle crise cardiaque. Je mourrais donc d'ennui. Bingo, vous avez compris !Pour me distraire de mes pensées quelque peu mortifères, je décide de repasser en pensée mon planning de la semaine :
- Amis à voir : 0
- Sorties de jour : 0
- Sorties noctures : 0Bon.
Les conclusions ne sont pas très brillantes, je l'admets. Mais paradoxalement, elles me rassurent. Consacrer moins de temps à d'autres, ça fait moins de responsabilités, moins de tracas, moins d'effort, quoi. Ces moments creux ont tellement de potentiel ! Je pourrais apprendre le dessin, le piano, et même faire du chant...
Une petite voix dans ma tête, que j'appelle Hélène, me souffle que c'est bien beau, tout ça, mais que ça ne m'avance guère. Autrement dit : je n'ai jamais appris le dessin, le piano ou le chant, mais pas par manque de temps. Non, je qualifierais plutôt ma mollesse de flemmingite aiguë.D'ailleurs, je suis en train de subir une attaque de cette maladie décidément chronique en ce moment. Ce qui explique cette méditation sur mon égoïsme viscéral, des plus inintéressantes en temps normal. En revanche ici et maintenant ce sujet occupe toute ma tête, c'est dire à quel point ma situation est particulière.
Épuisée par cet accès de réflexion intellectuelle, je ne me sens pas m'endormir.