« Secret Commun. »

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« Secret Commun. »

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                Il est dix heures du matin lorsque Vitaa se réveille enfin. Sa meilleure amie, la belle et grande Beverlly avait quitté l'appartement depuis un moment pour se rendre à son travail, contrairement à la petite châtain qui pouvait s'offrir une grâce matinée. En effet, la petite Scott disposait de son mercredi matin. C'était sa matinée de congé, et cela depuis maintenant deux ans.
Doucement la belle émergeait de son sommeil, qui lui parut court mais qui fut des plus profonds. Se positionnant sur le dos et sortant ses bras de sous la lourde couette pour ensuite les claquer sur le dessus du drap, Vitaa resta ainsi plantée dans son grand lit un moment, admirant le plafond blanc de la pièce. Mais la petite mannequin ne tarda pas à se lever. Elle devait se préparer. Non pas pour déjà se rendre au Studio Compagny'Ether, non. Elle ne devait être sur les lieux de son travail que pour trois heures trente de l'après-midi. Si la jeune femme allait, sans plus attendre, se laver et se vêtir, s'était pour se rendre au cimetière. Seulement âgée de douze ans, la petite Vitaa avait perdu son père. Elle ne parlait de ce malheur à personne. Beverlly était au courant de toute l'histoire, mais les deux amies n'abordaient jamais ce sujet sensible. Vitaa ne voulait pas en parler. À qui que ce soit. C'était une blessure qu'elle gardait enfouie au fond d'elle, au plus profond de son cœur, et dont elle ne dévoilait l'existence à personne.
Ses vêtements du mercredi dans les bras, la belle châtain se dirigeait dans la salle de bain ou elle s'enferma. Une fois dans la petite pièce, Vitaa exerça son rituel quotidien : elle déposa ses habits sur la machine à laver, puis s'appuya de ses deux mains contre l'évier, situé sous le seul miroir qui habillait la salle d'eau, et elle regarda un court instant son reflet. Son terrible reflet matinal, renvoyant l'image atroce d'une fille aux yeux verts incroyablement cernés, aux cheveux en bataille, complètement emmêlés, et aux joues de plus en plus creusées par le manque de nourriture. Ne voulant plus affronter cette horreur, comme pour modifier cette image abominable d'elle, Vitaa empoigna la brosse qui était placée sur l'étagère postée juste en dessous du miroir et démêla sa longue et imposante chevelure. Une fois coiffée plus correctement, la jeune mannequin ramena sa tignasse en un chignon fait à la va-vite et reposa sa brosse à son emplacement, en laissant s'échapper un de ces soupirs désespérés et tristes. La petite Scott quitta ensuite ses vêtements de nuit qu'elle mit dans le panier en osier où le linge sale dormait, et entra dans la cabine de douche. Se plaçant sous l'affluence d'eau qui jaillissait de la paume de douche qui était suspendue à son socle, la petite châtain laissait le liquide presque bouillant glisser le long de son corps. Sur sa peau couleur café. Inondée par les tonnes de pensées, toutes différentes, Vitaa se savonna avec des gestes extrêmement lents, l'esprit torturé sous l'acharnement de toutes ces pensées qui prenaient peu à peu possession d'elle. D'un mouvement rapide de tête, la mannequine chassa toutes questions, suppositions ou encore souvenirs de son crâne et se rinça, cette fois-ci plus activement, puis elle sortit de la douche. Enveloppant sa poitrine d'une serviette de bain, la jeune femme alla se repositionner face à ce miroir de malheur. Là, elle ne s'attarda pas sur la tête de zombi qu'elle avait, mais elle appliqua délicatement, et avec une extrême douceur, sa crème de tous les jours. Celle-ci ne lui servait pas à empêcher la moindre ride qui pouvait venir gâcher la beauté parfaite de son visage, mais elle exerçait plutôt un effet lissant et protecteur sur la peau de bébé de la petite hawaïenne. Vitaa s'attaqua ensuite à son maquillage qui fut très rapide et très léger. Un vulgaire trait d'eye-liner et de crayon ainsi qu'un petit coup de mascara faisaient l'affaire. Après tout, se rendre au cimetière n'était pas comme faire un défilé, il n'y a pas besoin de tonne de maquillage. L'étape « visage » accomplie, la petite châtain enfilait maintenant son ensemble du mercredi, entièrement de couleur noire. Celui-ci comprenait simplement des sous-vêtements accordés, en dentelle, un collant en laine simple et une robe banale s'arrêtant aux genoux de la belle. Commençant seulement à bien se réveiller, la jeune femme qui était sortie de la salle de bain faisait désormais son lit de manière plus énergique que lorsqu'elle avait prit sa douche.

Tu n'es pas seul. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant