« Jamais deux sans trois. »

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« Jamais deux sans trois. »

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        - Beverlly ! Hurla la mannequine depuis le rez-de-chaussé, où est-ce que tu as mis mes escarpins nom de Dieu ! S'exaspéra Vitaa qui cherchait désespérément ses chaussures à travers l'appartement.
        - Lesquels ? Demanda la voix encore endormie de la jolie blonde.
        - Les bleus électriques ! Lança la belle hawaïenne qui se déplaçait à quatre pattes dans le salon, cherchant sous les canapés et la table basse.
        - Ils sont là roh, pas besoin de crier comme ça dès le matin ! Se plaignit Beverlly qui descendait lentement les escaliers avec la paire de chaussures à la main.
        - Je suis en retard, ça fait vingts minutes que je cours partout, tu pouvais pas le dire avant que c'est toi qui les avaient ? Râla la jeune femme, ayant arraché les escarpins des mains de sa meilleure amie. T'es pénible de ne jamais remettre les choses à leur place ! Enchaina-t-elle, c'est vrai quoi, si tu avais rangé ces chaussures correctement, je ne serais pas en train de gueu...
        - Vi', tais-toi cinq minutes ! La coupa subitement Beverlly d'un geste de la main, avançant vers la télévision, comme absorbée par l'écran.
        - Quoi ? Demanda fermement la petite mannequine qui enfilait durement ses talons.

                 CNN. La plus célèbre chaine d'informations d'Amérique diffusait la grande nouvelle du jour. Beverlly en était abasourdie et s'était laissée tomber dans le sofa tout en ne quittant pas une seconde la télévision du regard, bouche-bée. La journaliste avalait chacun des mots prononcés par la présentatrice. Elle détaillait chaque image qui défilait sur le petit l'écran. BOUM! Beverlly détourna le regard vers sa meilleure amie. Vitaa venait de s'écraser au sol. Celle-ci prétexta avoir perdu l'équilibre en enfilant son second escarpin. Seulement ce n'était guerre la vraie raison de sa chute soudaine. La vérité n'était autre que cette information inattendue qui venait de tomber sur la tête des deux amies : Michael Jackson était accusé de pédophilie. D'autres choses surprenantes allaient se passer en cette journée. Seulement ça, Vitaa l'ignorait.
Les jeunes femmes, toutes deux pour des raisons différentes, ne pouvaient y croire. Ce fait semblait irréel aux yeux de Beverlly et complètement impossible aux yeux de Vitaa. La belle hawaïenne ne comprenait pas. Certes ils se disputaient souvent, les vannes fusaient entre eux, et la jeune femme n'avait qu'une envie : mettre des tartes à ce prétentieux à longueur de journée. Elle le haït de tout son être. Mais elle n'avait jamais souhaité cela, même si parfois elle n'en pouvait plus. Elle n'aurait jamais crus qu'une telle chose pourrait arriver. Elle le connaissait finalement tellement bien après ces années, même s'ils ne s'étaient jamais vraiment et réellement parlé en toute sincérité. Elle le connaissait, elle savait ses habitudes, ses manières et même quelques uns de ses goûts. Et jamais elle n'aurait, ne serait-ce que pensé une seule seconde à ce genre de chose. C'était impossible. Et elle le savait. Tous ces journalistes et paparazzis cherchent à vous mettre plus bas que terre, et malheureusement il n'y a pas qu'eux. Il y a des gens qui sont mal intentionnés, qui vous veulent du mal quand vous avez de l'argent. Elle savait que c'était faux, que tout cela n'était qu'une mascarade, au fond d'elle, elle le savait, elle n'aurait pas pu dire exactement pourquoi mais elle savait qu'il était innocent. Et pour la première fois, s'il fallait le défendre, elle le ferait.
Cette nouvelle avait eut l'effet d'une bombe dont le compte à rebours était désormais lancé, et intérieurement, la mannequine hurlait. C'est en trombe que la belle Vitaa sortie de l'appartement, sans même prendre la peine de dire au revoir à sa meilleure amie qui se retrouva très vite seule avant de n'avoir prononcé un misérable petit mot à l'intention de la petite hawaïenne. Aujourd'hui un grand et important shooting attendait la mannequine au Studio Companie'Ether, c'est pourquoi elle devait être au plus tôt sur les lieux. Et ce n'est qu'à sept heures moins vingt que la jeune femme arriva, ayant, tout le trajet durant, cogité à cette accusation qui devait désormais avoir fait le tour du monde entier. « Pauvre Jackson », avait-elle pensée alors qu'elle s'engouffrait dans l'ascenseur qui la menait au vingt-quatrième étage du building. Quand la belle entra dans l'immense salle réservée spécialement pour l'occasion, tout un tas de gens se jeta sur elle, ce qui ne la tira pas pour autant de ses pensées. Elle ne prêtait attention à aucun d'entre eux, qui qu'ils soient, photographes, managers ou même maquilleuses. Personne n'attira un simple regard de sa part. La jeune femme avançait, fixant un point face à elle et se dirigeant à sa loge, la horde d'hystériques à ses côtés. Une chose l'obsédait à ce moment précis, une seule et unique chose : Le grand Michael Jackson. Vitaa était déterminée à aller lui parler, et ce, aujourd'hui même. Tous les mannequins n'étaient pas encore arrivé, et la petite Scott avait encore du temps devant elle avant que ce ne soit le cas. Assise dans la chaise qui portait son nom brodé sur le tissu noir du dossier, face à l'immense miroir qui prenait toute la largeur de la pièce, la mannequine fixait d'un regard vide son reflet. Les paroles, remarques et autres discussions l'entourant n'étaient maintenant plus que bruits de fond. Comme si la belle faisait partie d'un monde parallèle à ce moment précis. Elle réfléchissait. Pensait. À ce qu'elle pourrait bien lui dire. Tout cela n'avait rien de facile. Depuis leur adolescence, jamais les deux artistes n'avaient pris le temps de se poser et de discuter. À quoi bon ? Toutes tentatives finissaient par ne servir strictement à rien, bien qu'il n'en eut en réalité que de très rares.
Dix heures approchaient. Le soleil brillait de mille feu en ce 17 Août 1993 et il faisait déjà une chaleur abominable dans le studio photo, pas même les ventilateurs n'y résolvaient quelque chose aussi minime soit-elle. Toutes ces personnes présentent en masse dans une même et unique pièce commençaient à rendre la superbe hawaïenne mal à l'aise. Elle étouffait. Elle suffoquait. Alors que la séance n'avait même pas encore commencer. Et pourtant. Vitaa portait déjà la tenue qu'on lui avait demandé d'avoir pour le premier shooting la concernant, son maquillage et sa coiffure étaient presque au point. Quelques détails manquaient, mais rien de bien grandiose. Et c'est durant cette séance coiffure/maquillage que la belle mannequine décida de partir, sous les regards interrogateurs, surpris, choqués et scandalisés du personnels et des autres mannequins. Elle voulait prendre l'air. Elle le devait.

Tu n'es pas seul. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant