Les deux femmes s'éloignèrent du groupe une fois que la nuit était entièrement tombée et que la fatigue commençait à peser dans leurs jambes. Le restant de la soirée avait été monotone et platonique, sans nouvelles rougeurs au visage ni de cœur palpitant. La seule couleur différente qui se démarquait de sa peau claire fut celle ancrée dans son nez ; le vin qu'elle avait bu la trahissait. Jeanne lui fit remarquer dès qu'elles entrèrent dans la chambre et que la faible lumière brûlée dégagea son visage.
Adèle se libéra de son chapeau ainsi que du corset qui étouffait sa taille. Sous sa coiffe en cuir, ses cheveux s'étaient emmêlés entre la sueur et le sel. Elle regardait son propre reflet dans le miroir au-dessus de son bureau jusqu'à ce qu'elle vit celui de Jeanne à l'autre bout de la pièce, dos à elle en train de troquer sa tenue de journée pour la robe qu'elle portait la nuit. A nouveau, les battements de son cœur s'accélérèrent brutalement.Elle se rapprocha lentement de Jeanne jusqu'à être assez proche d'elle pour que sa poitrine soit séparée de son dos que par quelques centimètres. La brune sentit le corps d'Adèle derrière elle juste au moment où elle finissait d'ajuster sa chemise de nuit. D'une main, elle dégagea ses cheveux de sa nuque, les plaça sur un côté et regarda Adèle par-dessus son épaule. Adèle n'était plus effrayée à présent. Elle sentait que ses sentiments étaient réciproques et que Jeanne voulait la même chose qu'elle. Alors elle s'avança plus près d'elle encore et posa délicatement ses mains sur la taille marquée de Jeanne. Elle ne sursauta pas, ne tressilla pas à son contact, comme si elle l'attendait depuis toujours ; au lieu de cela, elle poussa son corps vers l'arrière pour se sentir davantage proche d'Adèle.
La capitaine sentit l'avidité lui brûler les lèvres tant son désir fut grand.
Sans attendre plus longtemps, elle trouva enfin le courage d'amener sa tête au-dessus de l'épaule de Jeanne et de sentir sa peau au travers du tissu. Après une attente qui lui parut être aussi longue que l'éternité, ses lèvres rencontrèrent le cou de celle qu'elle désirait plus que tout. Jeanne pencha la tête vers le côté opposé afin de lui offrir chaque parcelle atteignable de sa peau, elle aussi brûlante d'envie. Ainsi la bouche humide d'Adèle découvrit la peau bouillante de Jeanne, tout en la serrant fermement entre ses doigts.
Quand Jeanne voulut arrêter de fixer le mur, elle se retourna et fit subitement face à Adèle et son visage écarlate. C'est elle qui prit le visage d'Adèle entre ses mains et qui l'embrassa avant qu'elle n'ait le temps de le faire à sa place. La blonde fut surprise, mais ne tarda toutefois pas à enrouler ses bras dans le dos de Jeanne. Elles ne se décollèrent plus. La chambre fut à présent plongée dans un mélange de bruits de bouches et de souffles courts. La robe de Jeanne tomba au sol avant même qu'elles n'atteignent le lit, dévoilant son corps si bien formé aux yeux d'Adèle. Ses mains remontèrent le long des bras de Jeanne jusqu'à caresser ses épaules ainsi que ses mèches bouclées. Elle se servit de cet appui pour la faire tomber en arrière sur le matelas et grimper ainsi par-dessus elle. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau dans un élan de cupidité ; elles s'embrassaient presque n'importe comment, juste dans l'espoir de goûter à l'autre du bout de la langue le plus possible. Jeanne entremêla ses doigts dans les cheveux blonds éclaircis par les rayons ardents du soleil d'Adèle, qui lutta pour ne pas descendre sur son corps.
Elles n'eurent aucune idée du temps qu'elles passèrent à s'embrasser et à se serrer l'une contre l'autre. Lorsqu'elles se décollèrent pour reprendre leur respiration, Adèle sentit la sueur couler le long de ses tempes et dans son dos encore recouvert de sa chemise. Elle s'assit alors sur le bassin de Jeanne et, sous son regard brûlant qui la fixait, se débarrassa de son haut après l'avoir lentement déboutonnée. Elle libéra sa poitrine qui avait été compressée toute la journée dans sa tenue de capitaine et eut l'impression de respirer pleinement à nouveau.Aussitôt mise à nue, Jeanne l'attrapa par le cou pour la ramener à elle et l'embrasser de nouveau de plus belle, laissant ensuite ses mains divaguer dans son dos. Adèle mordit la lèvre inférieure de Jeanne en sentant ses ongles s'enfoncer dans la peau humide de son dos. Puis progressivement, sa bouche descendit sur sa joue, jusqu'à son cou qu'elle recouvrit entièrement de baisers frais. Les gémissements à peine audibles de Jeanne s'immiscèrent dans son oreille tel un son mélodieux et la fit frissonner. Plus elle découvrit son corps, plus les sons qui sortaient de sa bouche se firent forts.
Adèle trembla légèrement à cause de la peur qui prit possession de son être. Elle avait peur de mal faire, de faire quelque chose de travers et de tout gâcher. Or lorsqu'elle prit le sein de Jeanne entre ses doigts et qu'elle sentit son cœur battre à vive allure sous son toucher, toutes ses craintes s'évaporèrent.
La peau de Jeanne avait le goût du sel de mer. Adèle reconnut ce goût sur sa langue comme si elle était née sur les flots. Elle voulut le sentir pour toujours, qu'il ne quitte jamais sa bouche et que Jeanne reste auprès d'elle jusqu'au bout du monde. Les minutes s'écoulèrent tandis qu'elle était en train de fondre d'une émotion qui l'avait quittée il y a bien longtemps de cela. Quand elle vit cette si belle créature bouger sous elle et la supplier de continuer, Adèle ne put repousser ce qu'elle ressentait au fond d'elle.
Leurs deux corps ne firent qu'un. Adèle était remontée vers elle et avait recommencé à l'embrasser passionnément. Sa langue se mêla à celle de Jeanne tandis que sa main se fia un passage entre les jambes de son amante. Jeanne se cambra instantané lorsqu'elle sentit Adèle entre ses cuisses et resserra ses doigts autour des épaules rondes d'Adèle. C'est tout ce qu'elle avait toujours attendu, de prendre possession du corps d'une femme, de le chérir et le rendre fou grâce à son toucher expert. Avec Jeanne sous elle, les yeux fermés et les lèvres gémissantes entrouvertes, elle se dit qu'elle pourrait définitivement prendre goût à l'acte charnel et à la vie à deux.
Venu un temps, Jeanne ne fut plus que tremblements et soupirs entre les doigts d'Adèle. La capitaine la trouvait magnifique comme ça, avec ses pommettes roses et la sueur dans ses cheveux. Elle voulait l'admirer toute la nuit, qu'elle imprime l'image de Jeanne au bord de l'orgasme dans sa tête et qu'elle la regarde tous les jours.
Jeanne vint au bout d'un moment, puis s'écroula dans les draps trempés, épuisée. Adèle posa son front contre sa poitrine et reprit lentement son souffle. Quand elle redressa la tête et qu'elle croisa les yeux foncés de Jeanne, la regardant avec tant de tendresse, elle su ce que lui criait son cœur.
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cursed sailor
FantasyLa courte histoire d'une pirate exilée secourue d'une mort certaine par l'équipage du Sunkanam et sa capitaine. Des chuchotements, des caresses, des épées, une vérité.