Loin De chez Nous

Entre deux rives ...

Alice et Fred longent le fleuve Amstel pour se rendre à la galerie qui se trouve non loin de leur hôtel.
La vitrine de la Villa del Arte est sobre mais chic. Il y a beaucoup de monde mais la foule ne semble être là que pour un seul et même but.

Alice fait le tour des lieux sur les deux étages pour se familiariser. Elle croise celui qu'elle pense être le petit Paul qui court entre les invités. Elle flâne ensuite pour découvrir les œuvres, plutôt abstraites pendant que Fred se dirige vers le bar pour glaner quelques informations.

Il y trouve le barman qui par chance parle français mais avec un fort accent. Celui-ci est plutôt très bavard et lui dresse donc le portrait de la majorité des convives.

- Le monde est petit par ici, vous savez, on se connait tous, conclut-il.

Fred est alors attiré par un échange entre deux hommes qui parlent à voix basse. Il s'approche et se poste derrière un pilier mais manque de rompre l'échange d'un flacon de comprimés. Il s'apprête à aborder le plus jeune mais est interrompu par un brouhaha.

Une artiste va présenter son œuvre et non la moindre car il s'agit de Victoire Thierry dévoilant l'hommage à son ancienne fille au pair.

Fred retrouve Alice, discrètement glissée parmi les invités et lui murmure ces informations au creux de l'oreille tout en humant son doux parfum fleuri. Ils écoutent à demi-mot le discours de l'hôtesse mais sont rapidement interrompus par le bris d'un verre. Ils ne voient rien du fond de la pièce mais comprennent qu'un incident a eu lieu.

Alice tend l'oreille pour écouter les commentaires de deux femmes qui échangent en anglais puis traduit à Fred qui est dans l'attente, impatient.

- Le tableau de l'artiste a été repris apparament pour rajouter la silhouette noire que tu vois dans le coin en haut à droite, explique t'elle en pointant son doigt vers le sujet de tension.

Il est dubitatif alors que elle, commence à s'interroger.

- Quoi qu'il en soit, il se passe des trucs louches par ici, en déduit le commandant, observant le couple suivi de sa famille quitter les lieux précipitamment. 

Le duo leur empiète le pas mais les perd de vue dans l'angle d'une rue.

- Putain, fais chier, jure Fred, passablement déçu.

- T'énerves pas, ça sert à rien, le détend t'elle en posant une main affectueuse sur son avant-bras.

Il est sur le point de capituler quand il aperçoit l'homme qui a fourni le flacon à Mr Thierry. Il se précipite donc sous l'œil incrédule d'Alice qui tente de le retenir mais en vain.

- C'était quoi ce flacon de médocs, lui demande t'il de but en blanc en le plaquant contre le mur par le col de sa veste.

- Pardon ? Vous êtes qui, vous, s'offusque l'homme.

- Tu ne devrais pas te préoccuper de qui je suis mais de ce dont je suis capable pour avoir une réponse à ma question, grogne t'il entre ses dents serrés.

- Fred, arrêtes, accourt Alice. Tu vas encore avoir des problèmes à la brigade, bluffe t'elle. Excusez le, poursuit-elle a l'intention du suspect, il est sur un gros dossier aux stup et il est à cran, ment-elle.

- Les stup, répéte t'il. Je suis pas un dealer, je suis médecin, affirme t'il en sortant sa carte de visite de sa poche intérieure.

- Bien, doc, se détend Fred. Tu vas donc m'expliquer pourquoi tu files son traitement en douce au Mr Thierry ?

- C'est pas pour lui, c'est pour sa femme, Victoire, se défend t'il. Elle est  fragile psychologiquement. Elle sort d'un divorce pour violences et le père de son fils aîné revient à la charge. Il veut juste l'épauler comme il peut donc je lui donne des anxiolitiques, rien de plus.

Le couple le sent honnête donc le libère de cet interrogatoire sauvage et forcé avant de l'inviter à ne pas dévoiler cette entrevue aux intéressés.

- Vraiment quelque chose de pas net dans cette famille, confirme le commandant en reprenant le chemin de l'hôtel.

- Ça commence à s'accumuler, en effet, valide t'elle. Mais on va trouver, comme toujours, dit elle le sourire aux lèvres en lui prenant la main.