Chapitre 2

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« C'est le terminus les jeunes, leur cria la voix du chauffeur.

— Comment ?»


Yoongi se releva d'un bond vif, envoyant valser contre la vitre Jimin qui grogna de mécontentement. Le blond s'était à son tour endormi sur lui pendant le trajet en bus. Avec une voix encore prise par le sommeil l'autre demanda au chauffeur depuis combien de temps ils avaient dépassé leur arrêt :

« Depuis longtemps » se contenta de leur répondre le conducteur d'un ton sec « Sortez je dois rentrer au dépôt moi.»


Yoongi était mal à l'aise face à l'air contrarié de son interlocuteur.


« Mais, comment on va rentrer chez-nous ?» demanda-t-il quand même, ne récoltant pour toute réponse qu'un haussement d'épaule dédaigneux, pendant qu'un Jimin encore à moitié endormi se dirigeait résigné vers les portes. Yoongi le suivi à contre-cœur, effrayé à l'idée de perdre de vue son ami.


« On fait quoi maintenant ? soupira-t-il en regardant le bus qui s'éloignait déjà au loin.

— On a qu'à rentrer à pied» balbutia Jimin lentement, l'esprit toujours dans le brouillard.


Mais les deux amis n'avaient pas la moindre idée du chemin à prendre.

La route se prolongeait à perte de vue dans les deux sens, perdue entre des arbres qui s'étendaient à l'infinie autour d'eux. Le vieil arrêt où ils avaient été déposé tombait en décrépitude et l'affiche des horaires avait été blanchi par le temps, la rendant maintenant indéchiffrable.

Les deux garçons, n'avaient donc aucun moyen de savoir si un autre bus passerait bientôt ou non. Et leurs téléphones qui ne captaient aucun réseau ne leur étaient d'aucun secours. Une situation qu'ils n'avaient pas connu depuis des années. Ils auraient pourtant donné cher pour pouvoir au moins téléphoner à l'un de leurs proches.


Malgré la nuit, la lune éclairait de sa lueur mystérieuse les environs, leur permettant de voir qu'ils se trouvaient bel et bien au milieu de nul part. Sûrement le long d'une route de campagne peu fréquenté qui traversait une forêt dense, mais ils ne pouvaient guère en savoir plus.

L'angoisse de ce lieu inconnu et inhabité se frayait peu à peu un chemin, dans la poitrine de ces deux amis de la ville.

À défaut d'une solution — car ils n'en voyaient aucune, privé de la technologie de leurs smartphones sur lesquels ils comptaient à la moindre occasion — ils décidèrent de s'asseoir sur le bas-côté en mangeant silencieusement leurs sucreries. Ils espéraient voir arriver un nouveau bus ou faute de mieux une voiture qui voudrait bien les ramener vers la ville, mais aucun véhicule ne semblait jamais parcourir cet endroit désert.


Les minutes passèrent, uniquement ponctuaient par le bruit des créatures nocturnes qui les faisaient sursauter de leurs cris et par leurs coups d'œil fréquents à leurs smartphones, pour vérifier qu'ils n'avaient toujours pas de réseau et que le temps passait à une lenteur toujours aussi infernale.

Yoongi avait déposé sa cape de sorcier sur les épaules de la petite fée frigorifiée par la froideur nocturne, et alors qu'il allait proposer de marcher en suivant la route au hasard, Jimin lui donna un coup de coude en chuchotant :

« Regarde, là-bas entre le grand chêne et le peuplier, il y a de la lumière...

— Où ça ? Tu crois que je sais reconnaître les arbres... En pleine nuit en plus. Et attends, tu les connais toi ?

— Non, j'ai sorti des noms au pif, parce que ça sonnait cool, avoua-t-il avec un rire sans joie. Mais c'est pas ça le plus important idiot, tempêta-t-il. S'il y a de la lumière, ça veut dire qu'il y a des gens ! On devrait aller leur demander de l'aide.»


Le petit sorcier brun hésita, il était plus de trois heures du matin, ils risquaient de déranger. D'un autre côté s'il y avait de la lumière, c'est que ces gens ne devaient pas dormir. Et eux n'allaient pas tarder à se rendormir, pour la seconde fois de la soirée, s'ils restaient là.

Être seul endormi au bord d'une route inconnu ne lui semblait pas non plus très prudent. Et puis Jimin lui sorti l'argument imparable :

« En plus on a presque plus de bonbons.»


Et c'est ainsi qu'une fée et un sorcier d'halloween s'aventurèrent dans cette forêt, vers une lumière inconnue qu'ils entrapercevraient à peine.



.*. ✧ .*.



Ils poussèrent le lourd portail en bois, qui pivota lentement dans un grincement strident, dévoilant à leurs regards une vieille bâtisse tel qu'ils n'en avaient encore jamais vu.

Elle se tenait sur plusieurs étages au bout d'une allée de gravier blanc, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle était d'une apparence tout à fait incongrue.


Pour y accéder quelques marches permettaient de se rendre sous le lourd porche en bois de style traditionnel du rez-de-chaussé. Mais l'architecte semblait avoir changé d'avis en cours de route, quittant le style coréen, pour agrémenter l'étage du dessus de lourds balcons aux arches et colonnades gothiques venue tout droit d'Europe. Les planches de bois du dessous se mêlant à la pierre taillée du dessus dans des arabesques compliqués. Le second étage quittait les temps anciens pour faire place à de larges baies vitrées modernes, qui gardaient tout de même des encadrures fantaisistes rappelant l'art nouveau. Le troisième étage ne possédait lui rien d'étrange à première vue, si ce n'est qu'il semblait bien trop petit pour y faire tenir des humains. Un homme de taille moyenne devrait assurément s'y tenir à quatre pattes pour s'y déplacer. Et il était surmonté d'un dernier étage bien plus grand que tous les autres, qui le tassait encore un peu plus. Finalement le créateur farfelu de cet endroit était revenue à son idée de départ avec un toit traditionnel, à la courbure légère et aux tuiles sombres, pour surmonter l'ensemble.

Et, ce n'était pas tout, après avoir observé l'ensemble, Yoongi remarqua caché sur le côté du bâtiment une fine tour élancée, qui s'accrochait désespérément au reste de l'édifice, en le dépassant finalement de quelques mètres à son sommet. Le moment à partir duquel elle se mettait à pencher dangereusement vers l'extérieur, comme prête à se jeter dans le vide.

La lumière que Jimin avait aperçu devait provenir des nombreuses meurtrières de cette dernière, qui brillaient tel un phare dans la nuit.


Les deux garçons se firent la réflexion que les gens qui vivaient ici devaient être de sacré originaux. Mais ils avaient marché trop longtemps pour s'arrêter là, sans compter qu'ils n'étaient même pas sûr de retrouver la route par eux-même, car aucun chemin ne semblait mener à cette étrange maison.

Alors dans un même élan, ils frappèrent à la porte, attendant avec une certaine appréhension sur le porche, pendant que des pas précipitaient se faisaient entendre depuis l'intérieur.


La porte s'ouvrit d'un coup vif et les deux amis crièrent en cœur la phrase qu'ils avaient répété toute la soirée : « Des bonbons ou un sort ?»

À travers la brume | BTS bxbOù les histoires vivent. Découvrez maintenant