Empathy

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S'il y a bien une chose que j'aime chez moi, c'est mon empathie. Je crois que c'est la première qualité que je m'attribuerais avec la gentillesse.

Mais aujourd'hui je hais cette empathie. Il est trois heures du matin, c'est le premier novembre et je hais mon empathie. Une empathie que j'ai détesté, puis nourri et adoré. Cette nuit j'aurais aimé ne pas avoir d'empathie. Cette nuit j'aurais aimé ne pas avoir de pitié ou de tristesse pour ces gens qui m'ont causé du tort. Pourtant cette part de moi ne cesse de tambouriner "et si tu étais à leur place ?" dans mon crâne rempli de principes juridiques assez fouillis. Elle s'apprête à être écrasée par celle qui hurle, plus fort encore, "qu'ils crèvent et pourquoi pas toi avec ?". Des voix fortes, envahissantes, terrifiantes.

Ces voix je les connais bien, elles ont toujours été en compétition permanente dans mon crâne aussi loin que je m'en souvienne dans mon enfance. Et pourtant c'est presque comme si je les entendais pour la première fois. Car pour la première fois elles étaient là pour des raisons que je pouvais identifier clairement. Car pour la première fois même ma raison était d'accord. Pour une fois je n'avais pas envie de lutter et de prendre de décision. Et pourtant je n'en ai pas vraiment le choix (pas le choix de pas prendre de décision, c'est pas mal ça encore, je devrais écrire des sketchs), je risque de virer barge, sinon. Qui suivre ? Qui croire ? Qui écouter ?

Ces derniers temps, je ne l'admettrais probablement jamais à quelqu'un qui lirait cela (ironique n'est-ce pas, puisque je l'écris ici ?), rien n'a été plus dur pour moi que de lutter contre tout encore. Quand je parle de "tout", certains comprendront peut-être de quoi je parle ; pour les autres, vous devrez utiliser un peu votre imagination. J'ai lutté, j'ai gagné la lutte (probablement le seul combat que je gagnerais jamais), mais maintenant je regarde en arrière. Je sais que c'était moi ou eux, ou elle.

Mais aujourd'hui, en cet instant précis, devrais-je faire preuve d'empathie ou devrais-je penser à mes intérêts d'abord ? Devrais-je faire preuve de clémence et proposer une aide que je ne suis pas sûre de pouvoir mobiliser ? La question est sans réponse pour le moment.

{Écrit le premier novembre mais en le relisant des mois après, j'aime bien. Alors je le publie.}

Nous sommes aujourd'hui en mars, des mois après. Aujourd'hui je sais que je ne peux mobiliser cette aide. J'aimerais aider. Sincèrement. En fait je pense que je pourrais, et même que je voudrais. Mais je ne dois pas le faire. Mon empathie n'a pas de limite mais ma raison sait la tenir en laisse. Avant il m'était dur de retenir cette empathie et cette envie d'aider les autres. Mais aujourd'hui, avec le recul et l'expérience (surtout les mauvaises expériences), je sais qu'il sera mauvais pour moi sur le long terme de tenter d'aider des gens qui m'ont fait du mal par le passé. C'est comme si ma main droite se tendait vers ces gens pendant que ma main gauche la retenait avec insistance. Une lutte acharnée à laquelle j'ai mis un terme : je ne dois pas aider les personnes qui ont été toxiques pour moi. J'ai trop souffert et rouvrir mon cœur ne ferait que de rouvrir des plaies liées à ces gens. Je ferai mieux de laisser le monopole de ce privilège à mon copain, avec qui ça commence à dater d'un peu plus d'un an maintenant, et à quelques amis très proches à qui je fais confiance. Car je sais que si je commençais à aider les gens je ne pourrais m'empêcher de m'ouvrir comme une fleur sous le soleil, machinalement et sans y prêter attention. Je me connais, maintenant, mieux qu'il y a quelques années.
Après tout, ces années de thérapie aident et auront aidé, bien que ça ne soit pas l'avis de tout le monde.

FleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant