Ma place

3 0 0
                                    

Cela fait une vingtaine de jours que j'ai emménagé dans ma nouvelle maison, avec ma mère. Et pourtant c'est aujourd'hui que j'ai ressenti pour la première fois, ce feeling du « je suis chez moi, je suis là où je devrais être », vous savez ce feeling qui vous remplit le cœur d'une douce sensation de chaleur.

Je dis « vous savez », mais au fond il m'a moi-même fallu attendre près de 17 ans d'existence pour ressentir ça pour la toute première fois dans ma vie, même si je connaissais bien ce sentiment du « enfin rentré au bercail » en revenant dans ma petite ville du 94 où j'ai passé les premières années de ma vie.

Je m'en souviens comme si c'était hier, de cette première fois, pourtant cela remonte déjà à quelques années. Je marchais avec ma mère, dans les vignes, cet endroit dont j'ai déjà beaucoup parlé ici, d'ailleurs. Il était à peu près 11 heures, ce qui est assez rare, car habituellement me voir debout avant midi en pleines grandes vacances relève du miracle, aujourd'hui encore, le souffle du vent faisait voler nos cheveux pendant que nous faisions notre marche sportive, et que les aiguilles de pin se brisaient sous nos baskets. L'air embaumait le pin, il faisait bien 35 degrés, je venais de vivre une sacrée débandade amoureuse et j'étais loin de chez moi : toutes les conditions réunies pour faire de ce moment un core memory. Vous me direz peut-être que je suis fou, ce qui ne me changerait pas particulièrement, mais ce jour-là, j'avais l'impression d'être Pocahontas, que le vent essayait presque de me dire quelque chose. Que j'étais à ma place, que je méritais d'être heureux. Cela résonnait beaucoup en moi à cette période, j'avais beaucoup souffert et mentalement, j'étais dans une des phases les plus basses de ma vie. Ce sentiment de réjouissance après la tempête, quand les nuages se dissipent pour laisser apparaître un arc-en-ciel, je l'ai vénéré. Je suivais ma mère chaque matin sans broncher quand elle me réveillait à 9 heures du matin, parfois plus tôt. J'avais encore des problèmes articulaires à cette époque-là, mais je me taisais et me contentais de profiter du vent et de cet environnement paisible.
Dès lors, je n'ai cessé de me répéter : c'est ici que je suis chez moi. C'est en Occitanie.

J'ai déménagé dans le Gard quelques années plus tard, j'y ai commencé mes études supérieures, j'y ai attendu ma mère, et me voilà dans ma petite maison avec piscine incluse et étage, avec terrasse et cour intérieure, dans cette belle région du Gard. Une vraie maison du sud, avec les pierres des murs apparentes, la végétation locale (lavande, etc)... et surtout les voix des villageois qui grimpent les murs et résonnent dans notre cour, avec, bien sûr, l'accent du fond du pays.

Et voilà qu'aujourd'hui, alors que je préparais à manger avec ma mère, que nos chattes étaient respectivement assises autour de nous, semblant attendre la becquée, que l'odeur de viande sur la plancha toute neuve sur la terrasse embaumait le salon et la cuisine, que ma mère m'adressait un sourire en enfournant les frites, que j'ai su que j'étais chez moi, à ma place.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 22, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

FleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant