Folie

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C'est la petite suite bisous.
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Vous voyez ces dessins animés où un personnage passe la porte d'un couloir, seulement pour atterrir dans le même couloir ? C'est ce que je ressens, là. Je n'ai rien vu d'autre que la même bibliothèque durant deux jours d'affilée. Rangé après rangée après rangée. Merde, quoi. J'aime les livres, comme tout le monde, mais c'est un petit peu excessif, là. Mais je continue à marcher tout droit, évidemment. Je peux voir les panneaux qui pendent du plafond passer les uns après les autres. Dommage qu'aucun ne dise « Sortie ».

Je ne sais pas à qui j'adressais cette question. Disons que ce n'était que de l'entrainement pour l'autobiographie que j'écrirai quand je serai sorti d'ici. Ça s'appellera « Ma sortie tout à fait normale dans un bon vieil IKÉA ordinaire ».

Si je sors un jour d'

Ça y est, j'ai trouvé d'autres personnes ! Eh oui, il s'avère que je ne suis pas le seul pauvre diable coincé ici. Tant mieux pour moi, je suppose. Ma sixième nuit ici, deux de ces trucs du personnel sont venus vers moi dans le noir. Différents de celui que j'avais déjà vu, mais quand-même déformés. Je les ai entendu s'approcher en disant que le magasin était fermé et que je devais partir, très poliment et tout. Je sais pas ce qui était le plus bizarre, le fait qu'ils n'avaient pas de bouche ou qu'ils essayaient apparemment de me tuer en disant ça. Ils se sont jetés sur moi comme des chiens enragés.
Donc, je me suis barré. J'ai sprinté à travers IKÉA, dans le noir, comme un taré. Je l'ai vu en dépassant une autre de ces étagères géantes, illuminée par des torches et des projecteurs. Ils ont construit toute une ville ici ! Ils ont un énorme rempart fait d'étagères, de lits, de tables et de trucs du genre. Je jure que c'est la plus belle chose que j'ai jamais vu. Du coup, je suppose qu'ils m'ont vu arriver (ou qu'ils ont entendu mes cris de fillette très virils), parce que la porte était ouverte avec deux personnes qui me faisaient signe. J'ai entendu les trucs du personnel frapper contre la porte une fois fermée, tout en nous informant poliment que le magasin était désormais fermé. Ils ont fini par partir.

Ils appellent la ville Echange, parce que c'est ce qui est écrit sur le panneau qui pend du plafond, juste au-dessus. Echange et Retours. Tout illuminé au milieu de la nuit grâce à des lumières qu'ils ont trouvées et raccordées au réseau électrique. Et il y a des lits, de la nourriture, des gens. Plus de 50 merveilleuses personnes avec des membres de la bonne taille et des visages au complet. J'en suis à ma septième nuit ici, et la première que je ne passe pas dans le noir total. Une semaine entière à vivre dans un IKÉA. Une série là-dessus doit bien exister quelque part.

Maintenant qu'il y a d'autres personnes autour de moi, je commence à me sentir un peu plus normal. Peut-être que normal n'est pas vraiment le bon mot. Mais après une semaine passée en la seule compagnie du bruit de mes propres pas, je commençais à être persuadé que j'étais devenu fou. Que j'étais ligoté quelque part dans une cellule capitonnée, à me taper la tête contre les murs. Mais non, je me sens très sain d'esprit maintenant, merci beaucoup !

Apparemment, il y a d'autres villes, ici. Certaines plus peuplées, d'autres moins. J'ai trouvé ça assez ahurissant – comment autant de gens peuvent-ils disparaître sans que personne ne le remarque ? Quelqu'un doit bien s'être rendu compte que tous les gens se rendant à IKÉA semblent s'évaporer. Ou peut-être que ce n'est pas tout le monde. Peut-être que nous sommes les heureux élus.

Les gens ici appellent simplement les monstres du personnel le Staff. Apparemment, ils restent tranquilles le jour, s'occupent de leurs affaires en déambulant dans les allées. Mais dès que la lumière s'éteint, ils pètent complètement les plombs. Donc pendant la journée, les gens sortent pour trouver de la nourriture, de l'eau et tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Les autres disent qu'il y a des restaurants et des boutiques aux alentours qui sont régulièrement approvisionnés. Personne ne sait comment. Peut-être que le staff s'en charge. Mais ils n'ont pas l'air de très bien faire leur boulot, parce que le réapprovisionnement prend parfois du temps, ce qui oblige à rationner la nourriture. S'ils n'étaient pas aussi occupés à courir après des gens la nuit, peut-être qu'ils seraient plus efficaces.

En tout cas, quand la nuit tombe, le staff devient fou et tout le monde reste derrière les murs. Apparemment, cet endroit est partout pareil - quoi que cet endroit puisse être. L'Ur-IKÉA, d'où tous les autres IKÉAs sont nés. Ou peut-être que nous sommes encore tous à l'intérieur de l'IKÉA d'origine, et que tout ça n'est qu'une hallucination causée par un ennui débilitant. Qui sait.

SCP 3008Où les histoires vivent. Découvrez maintenant