Chapitre 3.

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Les deux garçons se toisaient du regard depuis une dizaine de minutes. Alliant regard furtif et curieux pour l'un, méprisant pour l'autre. Malo n'avait daigné lui adresser la parole, le blond se battait intérieurement pour ne pas lui mettre son poing dans la figure :
« - Je t'en foutrais moi des allures de ténébreux de mon cul. Marmonna-t'il
- Répète un peu qu'on rigole ? Menaça Malo
- T'es là, tu m'adresse pas un mot alors qu'on va passer pas mal de temps dans la même chambre, ton air hautain est ridicule. On est dans ce trou à rat parce qu'on va mal alors pourquoi t'es si froid ? »
Le brun se leva et se dirigea vers Élyas. Il l'empoigna par le col et rapprocha son visage de celui du plus jeune :
« - Écoute moi bien blondasse, ici, t'es dans un putain d'hôpital psychiatrique, pas dans un hôtel ou en colonie de vacances. T'es pas ici pour te faire des amis compris ? On est pas colocataires ou quoique ce soit, t'as décidé de venir ici, moi non. Alors me les casses pas, déjà que tu t'incrustes dans ma chambre. Dit le brun d'un ton glacial. »
Il poussa Élyas en arrière et sorti de la chambre d'un pas énervé, laissant un petit blond déboussolé, curieux et sûrement malheureux.
Élyas aurait voulu appeler Paola, pour qu'elle le rassure. Il pensait à elle, elle devait être en train de passer son examen d'italien. Elle souhaitait intégrer une école de mode à Florence et le blond croyait en elle.

  De son côté, Malo cogitait, à la recherche d'un infirmier qui pourrait lui donner sa dose quotidienne de Tercian*. Il ne l'avait pas pris ce matin et sentait la colère monter en lui. Ses muscles se tendaient un à un. Une boule grandissait sous son sternum, appuyant sur son nerf, lui infligeant un souffle erratique, rapide. Le brun sentait ses mains devenir moites, son pouls s'accélèrerait et sa vue se floutait. Il était paralysé par la colère. Il aurait voulu retourner dans sa chambre, attraper la gueule d'ange par le cou et serrer très fort pour évacuer toute cette haine. Cette haine qui se transformait petit à petit en angoisse, ingérable et effrayante. Malo sentit son corps secoué par les spasmes s'effondrer. Il était comme spectateur de lui même, incapable de se contrôler. Il se voyait sombrer mais ne pouvait intervenir.
Son corps tremblait, l'angoisse était si pesante qu'il en perdit connaissance. Un infirmier, alerté par le bruit sourd de son corps tombant lourdement sur le sol, se précipita vers lui. Le silence régnait dans le corridor, seule la respiration saccadée du brun montrait signe de vie. Sa tête tournait et il se sentait épuisé. Faites en sorte que ça s'arrête.
L'infirmier l'accompagna à sa chambre, craignant une nouvelle chute. Malo croisa une nouvelle fois le regarde de Élyas. Bleu contre vert. Aventurine bleue contre émeraude. Le brun pensa que le visage candide du blond était trop pur pour ce monde. Que ces deux yeux verts ne devaient jamais découvrir la brutalité d'une société patriarcale où chaque différence est un défaut. Les malades mentaux vivent reclus de la société puisqu'un schizophrène qui fait de mal à personne, ça dérange. Cette société psychophobe et haineuse qui prône l'égalité seulement si vous êtes un homme blanc chrétien hétérosexuel cisgenre et français. La fraternité mais seulement entre ceux qui se ressemblent. La liberté - valeur importante la liberté- toutefois n'osez pas l'utiliser pour dénoncer les vices et mœurs de ce monde. En gros sois toi même mais pas trop non plus.
Le blond dévisageait le brun qui avait une expression étrange. Il semblait perdu dans ses pensées et Élyas se surpris à espérer que le petit monde dans lequel il était temporairement, lui soit agréable. En détaillant un peu plus Malo, il se rendit compte de son mal être. Fière carrure qui semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. Ses yeux incroyablement beaux mais dénués d'émotions.  Ses grandes mains masculines sans cesse crispées. Une âme perdue, figée. C'était un triste spectacle. Le plus jeune aurait vraiment aimé le connaître, mais le brun ne semblait pas être du même avis. Trop renfermé, pas assez aimé. Finalement c'est ce que chacun était dans cet hôpital.
Le blond ferma les yeux et des flashs lui revinrent. Des souvenirs qu'il aurait voulu oublier. T'aimes ça hein ? T'es une petite salope. Oh arrêtes de pleurer, t'as l'air de kiffer pourquoi tu veux pas ? C'est juste une main au cul en fait pas tout un drame. Sale. Humiliation. Élyas ouvrit les yeux d'un coup. Son passé ne pourrait-il donc jamais le laisser tranquille ? Souvent Élyas se disait que beaucoup d'autres avaient vécus pire, et il s'en voulait d'être dans cet état pour si peu. C'est vrai quoi, il n'avait pas été violé. Quelques mains par ci par là c'était pas si grave. Il se haïssait d'être aussi sensible à ce genre de chose. Ce ne sont que des mots et quelques gestes, alors pourquoi n'arrivait-t'il pas passer à autre chose ?

Ce chapitre est plus court que les autres car je voulais vraiment une coupure a cette dernière phrase
En espérant que ça vous ait plus
N'hésitez pas à mettre une petite étoile, ça me donne plus de visibilité et c'est sympathique
(Félicie tu vas être contente jpp)

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04, 2021 ⏰

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