Elle s'observa attentivement dans le miroir. Une des domestiques lui avait attaché les cheveux en une natte qui formait désormais un chignon élégant, décoré de nombreuses fleurs. Celles-ci s'harmonisant parfaitement avec les tons de la robe. Le miroir lui renvoyait une image de jeune demoiselle timide, très soignée et surtout satisfaite de sa vie actuelle, tout ce qu'elle n'était pas. Etant la première fille du duc Oscar Clark, elle se devait de participer à la réception de ce soir même si la vue de toutes ses grandes dames tirées à quatre épingles la répugnait au plus haut point. Depuis sa tendre enfance on l'avait toujours prévenue : si son comportement n'était pas exemplaire, elle et toute sa famille deviendraient la risée du pays.
Tant d'autres rêveraient sans doute d'être à sa place : porter de beaux vêtements, avoir des domestiques qui font tout pour eux, être admiré par tant de de personnes. Tout ça elle n'en voulait pas, elle n'en avait jamais voulu. Quand les enfants de son âge ne rêvaient que de pouvoir vivre dans un immense château, elle rêvait de pouvoir sortir librement sans aucunes restrictions, profiter de l'été qui arrivait à grands pas, pouvoir sauter pieds joints dans les flaques lorsque l'automne pointait le bout de son nez. Toute sa vie on lui avait appris comment bien se tenir à table, comment faire la discussion à des aristocrates et tout plein d'autres choses qui l'insupportait de plus en plus. Mettre des livres sur ma tête pour savoir rester digne en toute circonstances, tant d'énergie utilisée pour rien, avait-elle songé plusieurs fois.
Ses seize années de vie ne se résumaient qu'au longs couloirs du manoir, les interminables banquets organisés par son père pour montrer son prestige et enfin ses devoirs de fille ainé. L'époque où elle pouvait jouer quelques heures avec son meilleur ami dans l'immense jardin lui paraissait bien loin désormais. En cet instant, Connor, son meilleur ami d'enfance, devait surement se battre aux cotés de ses camarades pour gagner cette guerre qui durait depuis bien trop longtemps. Enrôlé il y a quelques mois, elle ne l'avait plus revu depuis. Ils s'échangeaient parfois des lettres tentant tant bien que mal de rester le plus possible en contact. Lui, racontait souvent des âneries pour oublier ne serait-ce que quelques instants les horreurs de cette guerre, elle se plaignait de sa vie de château en ironisant le fait que les banquets étaient très agréables et que son mariage arrangé avec le fils cadet du duc Miller l'excitait au plus haut point.
Chaque jour, des milliers de soldats mouraient au combat tandis qu'elle se prélassait dans son imposant manoir. Plusieurs fois, elle avait tenté d'en parler avec son père mais les discussions se terminaient bien souvent dans les cris et les pleurs de sa mère qui n'acceptait pas que sa grande fille sorte en ces temps de conflits. Voilà ce qu'elle représentait aux yeux du pays : la jeune fille ainée du célèbre duc Clark, une demoiselle déjà mariée avec le second fils du Duc Miller, prête à créer une progéniture.
Cette société plus que n'importe laquelle, la dégoutait au plus profond d'elle-même. Elle n'était pas juste une machine à enfant, elle valait bien plus que ça. Depuis son plus jeune âge, une passion pour la justice brulait en elle attendant simplement le meilleur moment pour se montrer et tout ravager sur son passage.
Ce soir la salle était remplie, des ducs, des duchesses, des vicomtes et leurs femmes qui se pavanaient devant leurs congénères. Un verre à la main, elle tentait de faire bonne impression, s'efforçant de se fondre au décor. La suite de son plan ne dépendait que de cet instant. Assisse à ses côtés, sa sœur cadette, Eléa, l'observait du coin de l'œil. Elle était un des seules personnes à connaitre le plan de son ainée. Ce plan lui faisait peur d'ailleurs, peut-être était-ce la dernière fois qu'elles se voyaient. Bien plus peureuse que sa sœur Victoria et surtout assez satisfaite de sa vie de privilégiée, cette soirée l'angoissait énormément, un seul faux pas et tout pourrait échouer. Victoria, elle ne paraissait pas stressée, son regard fixé sur le Major placé à l'autre bout de la pièce. Le Major Lee, chef des armées et père de Connor, sembla s'agiter lorsqu'il croisa le regard de la meilleure amie de son fils.

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Une soldate ?
JugendliteraturSuite de mon OS " une soldate? " Je ne sais pas vraiment combien il y aura de chapitres mais je ne compte pas trop m'éterniser sur cette fanfic ( même si les idées débarquent sans rien dire et à n'importe quel moment de la journée: oui oui même à 4h...