Galopant à toute allure, elle esquivait tant bien que mal les tirs de ses ennemis. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'elle tournait à droite et à gauche sans vraiment savoir où elle allait. Les tirs de balles lui semblaient chaque fois de plus en plus proche. Son groupe s'était dispersé dès que des tirs s'étaient fait entendre et de nombreux cris résonnaient à présent dans la forêt autrefois calme et silencieuse. Soudain, un trompette retentit et bientôt plus un bruit ne se fit entendre. Le cœur battant et les mains fermement agrippées sur ses rennes, elle ne ralentit pas pour autant. Quand elle fut sûre que personne ne la suivait, elle arrêta son cheval et se retourna. Le cœur battant à tout rompre, elle scrutait les alentours à l'affut du moindre geste. Seul le bruissement des feuilles rompait le silence inconfortable de ce sombre bois. D'une légère pression sur le ventre de son compagnon, elle le fit avancer et ils retournèrent sur leurs pas.
Combien de temps était-elle partie ? Combien était encore vivant ? Qui retrouverait-elle et dans quel état ?
L'air frais semblait glacial, il s'engouffrait sans peine dans son uniforme troué. L'odeur de sang lui parvint enfin et elle ravala difficilement cette envie de rendre son repas de la veille. Le sang battait contre ses tempes, des frissons de terreurs parcouraient son corps de toute part. A quelques mètres, une masse difforme gisait au sol et un peu plus loin elle pouvait aisément deviner un autre corps. Ne prenant pas le risque de descendre de selle, elle s'avança lentement vers le deuxième cadavre, de nombreux impacts de balles trouaient le corps, imbibé de sang l'uniforme du soldat ressemblant d'avantage à une guenille. Remarquant que son camarade gardait les yeux ouverts, elle mit pied à terre et s'approcha du cadavre. Le torse de l'homme ne se soulevait plus et ses lèvres avaient pris une teinte bleutée. Il avait les yeux révulsés et une des plaies saignait encore.
Après l'avoir allongé correctement, Victoria prit la tête de l'homme dans une de ses mains tandis que de l'autre elle lui ferma les yeux. A peine eut-elle posé la tête au sol que celle-ci roula, se détachant complétement du corps. En un instant elle rendit tripes et boyaux, les larmes aux yeux et les mains trempées de sang, elle tentait vainement de reprendre son souffle. Les oreilles bourdonnantes, Victoria n'entendit pas les pas d'un soldat courant en sa direction.
- Hé, tu vas bien ?!
Elle sursauta et pointa son arme sur son interlocuteur.
- Oh doucement, je ne te veux pas de mal, s'exclama-t-il en levant les mains en l'air de sorte à lui montrer qu'il ne portait pas d'armes.
Reconnaissant les vêtements de son allié, elle baissa son fusil et se redressa difficilement en s'essuyant la bouche.
- Tu vas bien ? Il marqua une pause avant de reprendre. On est en train de rassembler les survivants, il faut que tu viennes avec moi. Après avoir jeté un rapide coup d'œil au cadavre décapité il ajouta, je peux te laisser lui faire tes adieux si tu le souhaites.
Sans un regard en arrière elle rejoignit son compagnon. Celui- ci s'agenouilla auprès du corps froid et le porta sur son dos. D'un geste bref de la tête, il désigna la dépouille du second soldat :
- Tu te sens de le prendre avec toi ?
Encore sous le choc, elle obéit simplement et ils se mirent en selle, croisant sur leur passage des dizaines de cadavres. A présent le silence s'était fait et Victoria ne se sentait pas prête à le briser. A vue d'œil, le cavalier devant elle ne devait pas être plus âgé qu'elle et il avait l'air tellement minuscule dans cette tenue dix fois trop grande pour lui. Ses cheveux noirs rendaient son teint bien plus pale et à bien y regarder ses yeux rougis par les pleurs n'arrangeaient en rien ce triste portrait. La mâchoire crispée et les mains presque bleues dû au froid, ses yeux scrutaient les alentours à la recherche d'un quelconque signe de vie.

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Une soldate ?
Teen FictionSuite de mon OS " une soldate? " Je ne sais pas vraiment combien il y aura de chapitres mais je ne compte pas trop m'éterniser sur cette fanfic ( même si les idées débarquent sans rien dire et à n'importe quel moment de la journée: oui oui même à 4h...