Chapitre 3 : America et Mélissandre Scrabble

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- Gryffondor vainquera, Gryffondor, les meilleurs !

Les jumelles aux cheveux roux et bouclés scandaient leur discours sans faiblir, brandissant leurs poings en signe de propagande, agitant leurs écharpes pourpre et or sous le nez des nouveaux élèves, qui grimaçaient sous les cris des deux sœurs.

Elles s’arrêtèrent en sautillant devant une fille aux cheveux bruns et sortirent leur sempiternelle tirade.
Puis, America et Mélissandre s’arrêtèrent sous le « silence ! » de la directrice adjointe.
Les deux jumelles lissèrent leurs robes, se redressèrent fièrement en agitant leurs cheveux  et se préparèrent mentalement à la Cérémonie de la Répartition.

Les deux jeunes filles avaient deux parents sorciers. Leur père, Ramond Scrabble avait passé toute sa scolarité à Serpentard, mais il avait toujours eu une âme joyeuse et sympathique. Leur mère, Priscilla Scrabble, avait séjourné pendant sept ans à Gryffondor.

La famille vivait dans un manoir, en bordure de Liverpool. Mélissandre et America avaient très vite appris à se débrouiller seules. Leurs parents exerçaient tous deux des fonctions importantes. Leur mère travaillait aux Ministère de la magie. Elle était la secrétaire attribuée du Ministre de la magie, ce qui aidait beaucoup la famille financièrement. Quant au père, il était le directeur d’une célèbre entreprise moldue.

America et Mélissandre venaient d’une famille peu soudée. Les parents étaient généralement absents et les gouvernantes peu aimantes. Les jumelles avaient grandis dans une atmosphère froide et superficielle instaurée par Priscilla Scrabble, en entendant chaque jour que leur sang pur leur assurait une meilleure place dans la société. En fait, on aurait dit que leurs parents s’étaient trompés de Maisons.

America était des deux la plus fougueuse. Mélissandre, elle, préférait organiser leurs petites combines et agiter ses cheveux devant des garçons intéressés. Mais aujourd’hui, il n’était plus temps d’agiter ses cheveux ou de se montrer courageuse ; car elles étaient à Poudlard, et seul cela comptait.

Lorsque les portes s’ouvrirent, Mélissandre et America poussèrent un rugissement victorieux.

Elles se positionnèrent au premier rang, avant d’attendre leur tour. À vrai dire, ce n’était pas vraiment compliqué de tuer le temps. En attendant leur tour, America et Mélissandre observèrent les tables, les bancs où des dizaines d’élèves en robes et chapeaux pointus s’entassaient. Elles comptèrent les centaines de chandelles qui se consumaient en se balançant…
Après le passage de deux jeunes filles en S, une à Serpentard et une à Serdaigle, ce fut le tour d’America. Elle alla se placer sur le tabouret et enfila le Choixpeau sur sa tête.
Il ne fallut que quelques secondes au chapeau pour crier :

- GRYFFONDOR !

America sauta du tabouret, victorieuse et brandit ses poings en souriant de toutes ses dents. Un tonnerre d’applaudissements retentit, les élèves habillés de rouge et d’or lancèrent leurs chapeaux en l’air, comme pour toucher le plafond magique. America descendit de l’estrade en courant et fila s’asseoir à côté d’un garçon aux cheveux bruns qui attendait apparemment impatiemment que son assiette se remplisse.

America jeta un regard confiant à Mélissandre qui montait à son tour sur le tabouret, l’air anxieux. Lorsqu’elle posa le chapeau rapiécé sur sa tête, son cœur battait follement dans sa poitrine.

Mélissandre ne pût s’empêcher de sursauter lorsque la voix du Choixpeau retentit dans ses oreilles. La voix rocailleuse murmura un flot continu de chuchotis indescriptibles. Mélissandre voyait sa sœur trépigner sur son banc. Elle sentit une goutte de sueur couler sur son front. Pourquoi le chapeau ne s’était-il pas encore décider ?

- GRYFFONDOR ! hurla soudain le Choixpeau.
Ce cri retentit aux oreilles de Mélissandre comme une bénédiction.

Mélissandre retira le chapeau de sa tête, et descendit de l’estrade fébrilement. Elle rejoignit la table des Gryffondor, sous les hourras et s’assit aux côtés de America.

- Je suis fière de toi ! Et je suis sûre que Maman le sera aussi ! dit-elle en la serrant dans ses bras.
Mélissandre sourit et se tourna vers la table. Les assiettes d’or restaient désespérément vides. Les jumelles sentirent leurs ventres gargouiller. Le garçon assit à côté d’elles tourna la tête au même moment en s’exclamant : 

- Bon Dieu ! Quand vont-ils abréger nos souffrances et nous laisser manger ?

- Un jour ils arrêterons de nous faire attendre, et ce jour là, les scroutts à pétards seront les rois de la mode ! répliqua une fille de cinquième année en relevant la tête.

Mélissandre ne savait pas ce qu’était un scroutt, mais elle se doutait bien que ce n’était surement pas quelque chose de magnifique.

Soudain une voix puissante retentit. Les jumelles tournèrent d’un même mouvement la tête vers la table des professeurs. Un petit homme chauve vêtu d’une robe verte et d’un chapeau de la même couleur se tenait derrière une statue d’or en forme de chouette aux ailes déployées. Il alluma d’un coup de baguette les cierges qui fondaient sur les plumes de la statue.

- C’est lui le directeur ? demanda Mélissandre au garçon, qui semblait mieux informé.

- Ouais, répondit-il en jetant un regard envieux  son assiette. C’est Armando Dipet. C’est à cause de lui qu’on est encore en train d’attendre que la nourriture atterrisse sur la table !

- Il a l’air gentil.

- Oui, d’après ma cousine, il n’est pas trop sévère, répondit le garçon.

- Au fait, les coupa America, c’est quoi ton prénom ?

Le garçon lui sourit.

- Je m’appelle Peter. Peter Clawing. Et vous mesdemoiselles ?

Alors que Mélissandre se préparait à répondre, America lui passa devant et cria en riant :

- Moi c’est America ! Et elle c’est Mélissandre.

Pendant un instant, Mélissandre crût voir sa sœur lui jeter un regard dédaigneux, mais elle se convaincu que non lorsque sa sœur lui lança un sourire éclatant.

Un instant plus tard, la voix amplifiée mais pourtant toujours aigue du directeur retentit.

- Bienvenue dans notre majestueuse école de magie qu’est Poudlard. Cette année encore, nos chers professeurs vont se donner toutes les peines du monde pour vous apprendre les bases de la magie. Notre chère Millandra tient à rappeler aux élèves que la magie dans les couloirs est interdite. Pénétrer dans la Forêt Interdite l’est aussi. Mais ça… vous deviez vous en doutez.

Les élèves ricanèrent.

- Les élèves se doivent de respecter le règlement intérieur du château. Cet établissement sera votre maison, et les élèves votre famille durant de longs mois. La coupe des 4 Maisons sera le moyen de voir lesquels d’entre vous sont les plus accrochés à l’honneur de leur maison.
Et maintenant, dit-il en ouvrant les bras, régalez-vous ! Le festin est ouvert !

Aussitôt, des dizaines de plats d’argent remplis de mets appétissants se matérialisèrent sur la table.

Peter se jeta littéralement sur un plat de pommes de terre et se servit au moins trois côtelettes.

Mélissandre le regarda éberluée. Elle était affamée et pourtant elle ne s’était servie que deux parts de tarte aux légumes.

Peter remarqua son regard et lui lança un regard gêné.

- Il est mignon, non ? lui demanda soudain America en la regardant très sérieusement.

Mélissandre ne répondit. Elle mâcha silencieusement jusqu’à ce le dîner soit fini.

Le professeur Dewey se leva de table et annonça à tous les élèves :

- Maintenant que ce copieux repas est terminé, je vous invite à une bonne nuit de sommeil. Veuillez suivre vos préfets qui vous mèneront à vos dortoirs respectifs.

- Bonne nuit, murmura Peter aux jumelles.
Mélissandre eut l’impression que cela ne s’adressait qu’à elle.

 

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