Mon frère, mon alpha

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Liam avait eu beaucoup de mal à se rendormir cette nuit-là et lorsqu'il y était enfin parvenu, son sommeil avait été agité. Il ne se souvenait pas avec précision de ses rêves. Il en avait simplement gardé une trace. Une sensation désagréable de peur ancrée au plus profond de lui.

Réveillé dès les premières lueurs du jour, il attendit patiemment qu'un bruit dans la maison lui donne le signal pour se lever.

Une heure plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit et des murmures lui parvinrent. Derek venait de rentrer. Le cœur de Liam se serra. A quoi avait bien pu ressembler sa nuit ? Coincé dans une voiture avec le corps de son ami installé à l'arrière et Damon pour qui le défunt avait été à bien des égards plus présent pour lui, que son propre frère. Le bêta, lui, n'avait plus personne d'aussi proche, mais il se rappelait ce que cela faisait d'entretenir ce genre de relation.

Préférant ne pas continuer à s'apitoyer sur lui-même, Liam sortit du lit et alla directement sous la douche. L'eau lui fit du bien et il avait besoin de tout le réconfort qu'il pouvait trouver, même si dans ce cas il ne s'agissait que d'une douce chaleur. La journée allait être éprouvante. Retrouver ses anciens amis, ne pas se départir du masque de l'homme amoureux épanoui dans son couple, soutenir Bonnie, enterrer une personne qu'il aurait adoré connaitre. Il soupira, conscient que ce jour était l'un de ceux, que l'on a pas envie de vivre.

Liam dut se forcer à sortir de cette bulle de douceur, préservée de la violence extérieure dans laquelle, il le savait, il ne pouvait demeurer éternellement. Il s'habilla et s'orienta dans l'immense maison grâce aux voix étouffées qui lui parvenaient.

Lorsqu'il entra dans la pièce, rien sur son visage ne laissait entrevoir la tempête d'émotion qui l'avait tourmentée toute la nuit. A peine de légers cernes, preuves d'un repos agité, qui passeraient tout aussi bien pour de la tristesse.

- Liam !

Le bêta dut se retenir pour ne pas afficher sa surprise. Derek s'était adressé à lui avec une voix emplie de tendresse et de douceur. Une attitude si éloignée de l'homme qu'il avait connu, qu'il mit un moment avant de répondre à l'accolade fraternelle que l'ancien alpha lui donnait. Lydia avait bien fait de le prévenir du changement profond qui s'était opéré en lui depuis que Stiles faisait partie de sa vie. Sans quoi le bêta aurait cru à une blague.

Derek finit par desserrer son étreinte et s'écarta de lui.

- Je suis content de te voir, dit-il en affichant un sourire sincère même si l'ambivalence de ses émotions était visible.
Il était joyeux et triste à la fois. L'expression souvent utilisée lors de tels événements, « j'aurais préféré qu'on se retrouve dans d'autres circonstances », prenait ici tout son sens.

C'était le type de jour où l'on s'interdisait d'être heureux. Par respect, par compassion, par nécessité ou par obligation. Pour ne pas éprouver cette pointe de culpabilité. Parce qu'à ce moment-là chaque sourire devenait douloureux. Chaque petit instant de joie nous renvoyait au chagrin que l'on se devait de ressentir. Dans lequel, parfois, on voulait se contraindre à rester. Refusant d'admettre que ce bonheur auquel on n'aspirait plus, finirait par revenir. Ne pas se reprocher d'être toujours capable d'aimer malgré la peine.

Liam ne répondit rien à l'ancien alpha certain que son ton le trahirait. Jamais il n'arriverait à jouer son rôle toute la journée si dès les premières minutes, la tristesse l'étreignait à ce point.

- Je te sers un café ?

Poursuivit Derek, comme s'il n'avait pas ressenti le trouble du jeune loup.

- Je veux bien merci, acquiesça ce dernier espérant que sa voix ne tremblerait pas trop.

Liam allait faire le tour de l'ilot central pour récupérer sa tasse, quand il réalisa que Damon était là depuis le début. Légèrement en retrait, il s'était contenté d'observer l'échange entre les deux hommes, sans jamais signaler sa présence. Le regard du vampire était perçant et un instant le bêta eut la conviction qu'il lisait en lui aussi facilement que dans un livre. Il cacha son trouble et s'avança vers lui la main tendue.

- Désolé Damon, je ne t'avais pas vu. Il faut croire que je ne suis pas si bien réveillé que ca.

La présence que Liam perçut tout à coup derrière lui déclencha l'accélération incontrôlée de son cœur. Il se retourna rapidement et son regard croisa celui de Scott. Dans un mouvement instinctif et naturel, il se dirigea vers lui et fut accueilli par une étreinte emplie de tendresse. Il se sentait comme un enfant dans les bras de ses parents après un long séjour loin de chez lui.

Se priver du lien qui l'unissait à son alpha était un véritable enfer à vivre. L'impression d'un vide immense à l'intérieur de lui, provoqué par la perte d'un repère. Scott était devenu un modèle à suivre pour Liam dans chacune de ses deux existences. Leur relation était l'une des rares à ne pas avoir souffert de la disparition et du retour de Stiles.

Le bêta admirait l'homme qui lui avait sauvé la vie en le transformant. Grâce à cela, Liam avait découvert le bonheur d'appartenir à une famille qui le comprenait. Le véritable alpha représentait à la fois l'autorité et l'affection. Capable de force et de droiture autant que de douceur et de compassion.

Il l'aimait, loyalement, d'un amour différent de celui qui était réservé à Theo, mais tout aussi fort. A cause de cela, le souvenir de ce qu'il avait infligé à son mentor, manquant de peu de le tuer, le hantait toujours. Au fond de lui, il en voulait à la chimère de l'avoir poussé à faire une chose pareille.

Un raclement de gorge mit un terme à ces retrouvailles touchantes.

- Dis-moi tu as déjà un mec, donc tu pourrais peut être me laisser le mien !

Jusque là, il n'avait prêté aucune attention à Malia pourtant juste derrière Scott. Son ton était beaucoup plus accusateur que son visage ne l'exprimait en réalité. Elle aussi affichait ce sourire à la fois heureux et triste. Liam aurait même juré avoir vu une larme couler le long de la joue de la coyote.

Elle ne l'avouerait jamais, mais il lui avait manqué autant qu'aux autres.

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