Je braque mon arme sur l'individu qui se tient à genou face à moi. Il me regarde droit dans les yeux, sans ciller. Il le sait. Je pose doucement mon doigt sur la gâchette, il ferme les yeux, les miens, mais glissent seulement sur un cadre posé sur une petite table à ma droite. Sur la photographie, l'homme est accompagné de deux enfants, tous le sourire au lèvres, peu importe, ce n'est pas le moment pour avoir pitié. De nouveau, je tourne ma tête vers ma cible, les sentiments et les émotions n'ont pas leur place dans ma vie.Un bruit sourd retentit. Il tombe au sol, j'observe une mare de sang se former sous lui, j'ai visé le coeur, comme il le faut. Une mort rapide et efficace. Le corps doit rester visible, rien ne doit être caché. Je m'agenouille à côté de la masse inerte en prenant soin de ne pas poser un pied dans le liquide pourpre, sors un couteau de ma poche puis grave un minuscule symbole sur son avant-bras ; un petit corbeau, presque méconnaissable. Peu à peu le sang s'écoule de la fêlure, jusqu'à que de petites gouttelettes se forment et s'échouent sur le sol. C'est la procédure, interminablement marquer son passage, provoquer le risque, attirer le danger, c'est ça tout le plaisir.
J'entends des pas à l'étage, le coup de feu a du réveiller la famille, je ferai mieux de filer. Je n'ai pas vraiment été discret cette fois-ci, mais ce n'est pas de ma faute, je ne retrouvais pas mon silencieux, et le gars devait être buté ce soir, donc pas le choix. Tout en me redressant, je reste à l'affût des bruits en haut. L'escalier se trouve à ma droite, il y a une fenêtre à ma gauche, je dois me tirer, et sur-le-champ. Mon flingue désormais dans le dos, caché par mon sweat, je rabats ma capuche sur ma tête puis ouvre avec empressement la fenêtre avant de me faufiler pour retomber habilement de l'autre côté, mes mains atterrissant sur l'herbe humide afin d'amortir ma réception. Je jette un coup d'œil discret par la fenêtre, des cris se font entendre, la femme de l'homme que je viens de tuer accourt près de lui, les larmes aux yeux. Elle va sûrement appeler la police, qui vont faire des patrouilles, sauf que malheureusement pour eux, je serai déjà parti depuis bien longtemps, si l'on veut bien venir me chercher. Je reste baissé puis passe discrètement sous la fenêtre et je sors mon téléphone avant de composer un numéro. La sonnerie de mon téléphone retentit. Puis enfin, la personne décroche.
— Ouais, salut. Faut que tu viennes me chercher, j'ai buté notre type. Non on ne m'a pas vu, tu sais comment je suis. Où je suis ? Euh vers Monroe Avenue je crois, tu me verras. A toute.
Mon doigt se pose sur le bouton rouge et un bip sonore retentit avant que l'appel ne prenne fin. Je longe le mur de la maison, puis me trouve sur le trottoir, et là, je dois agir normalement, pour ne pas paraître suspect, on ne sait jamais. Un adolescent, marchant la nuit, tout habillé de noir, le portrait parfait du tueur qui a un lourd passé et qui décide de tuer tout le monde pour sa propre satisfaction. Sauf que la différence avec moi, c'est que ce n'est pas mon cas. Je ne tue pas seulement pour le plaisir de tuer.
Je mets mes mains dans les poches de mon sweat puis marche un peu avant de m'arrêter a un coin de rue, près d'un passage piéton ou un vieux me regarde bizarre en passant à côté de moi. Je lui lance un sourire innocent avant de détourner le regard et de me sortir une Marlboro et de l'allumer à l'aide de mon briquet. Je tire une taffe doucement et recrache la fumée en basculant ma tête en arrière, les yeux fermés. Un bruit d'accélération me sort de mes songes, une BMW noire est garée près de moi, j'écrase ma cigarette au sol à l'aide de mon talon puis entre dans la caisse.
— Salut Amy. Je me recule dans le fauteuil passager, et jette un regard à la personne qui se trouve à ma droite. Une jeune fille aux cheveux courts et châtains, ses yeux en amande sont plantés sur moi.
— T'as vérifié qu'on ne t'avait pas vu ? Pas d'empreinte ? De traces de pas ? Me questionne-y-elle.

VOUS LISEZ
Jusqu'à la mort
Novela JuvenilD'un côté, il y a Hunter. Hunter, c'est le profil typique de l'adolescent à problème qui aime se battre et qui a mal tourné. C'est le genre à garder tout le temps un flingue sur lui, et à jamais dire merci. Ses seuls amis forment un petit groupe de...