VII

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~~ PDV Nagisa ~~

Pour la première fois depuis des années, je fis un doux rêve. Les cauchemars qui m'assaillaient chaque nuit depuis ma rupture brutale avec le rouge avait disparu, et les nombreuses nuits sans songes dû à ma consommation de drogue s'étaient évanouies. Mon subconscient m'offrait enfin une nuit reposante.

Je m'éveillai doucement, ressentant un état de béatitude méconnu et une chaleur réconfortante. Mes yeux à demi-ouvert, rentrèrent en collision avec un torse dont le propriétaire avait échappé à mes souvenirs. Vaseux, je tentais de réimprimer mes souvenirs de la veille dans mon esprit et inspirai une bouffée d'air chargée d'un parfum beaucoup trop plaisant. Alors que cette odeur familière voyageait jusqu'aux tréfonds de ma mémoire, ma vue percuta l'objet qui déclencha subitement tous mes souvenirs. Ce pendentif, cette croix en argent sur cette peau brulante, c'était lui ! Mon corps dans un reflexe protecteur, repoussa violemment le plus loin possible de moi le garçon aux cheveux écarlates qui se réveilla en sursaut.

- Putain !

- Non .. impossible .. murmurais-je paniqué.

- Mais qu'est ce qui te prends !?

Sa mauvaise humeur fit surface et réveilla ma colère, qui prit place sur ma panique ressentie.

- Pourquoi on est dans le même lit !? m'écriais-je excédé.

Je vis ses yeux dorés s'écarquillaient de surprise puis ses sourcils se froncèrent, et il me demanda d'une voix froide :

- T'es sérieux là ?

Son intonation me fit frémir et j'esquissai sans le vouloir un mouvement de recul pour me rapprocher du bord de lit. Cependant, quand une légère douleur en bas de mon dos me tirailla, ma question trouva bien vite sa réponse. Mes pensées se reformèrent et me rappelèrent ma soirée, la confrontation de Karma et du client avec lequel j'étais, l'effet de la drogue qui consumait mon corps, la proposition du rouge de ne pas me laisser seul dans cet état et puis... mes joues s'embrasèrent quand je me remémorai ma nuit avec Karma, mes supplications désespérées et ce plaisir immodéré que notre union m'avait procuré. Comme pour dissimuler mes rougeurs, je plaquai ma main devant ma bouche et chuchotai pour moi-même :

- C'est pas vrai ...

- On dirait que tu te souviens..

Il enleva la couette d'un geste de son corps et se leva, entièrement nu, en direction de son placard pour, sans aucun doute, prendre des vêtements. Mes yeux suivirent par reflexe ce corps dénudé en le détaillant beaucoup plus que nécessaire.

- Pour quelqu'un qui me déteste et d'aussi mauvais poil, tu louches un peu trop longtemps sur mes fesses...

Sa remarque cinglante me fit détourner le regard de mon point d'observation, et vexé d'avoir été pris en flagrant délit de voyeurisme, je répondis :

- Ne prends pas tes rêves pour la réalité ! C'est toi qui te ballades à poil devant moi !

Dans un geste de fuite improvisée, je voulus sortir à mon tour des draps pour me rhabiller mais, à peine mes jambes touchèrent le sol, qu'elles cédèrent sous mon poids et à la douleur en bas du dos que je ressentais. Dans ma chute, j'avais bousculé mon sac dont les affaires s'étalaient hors des poches. J'entendis les pas précipités du rouge se rapprochaient de moi et sa main vint se poser sur mon épaule :

- Tu vas bien ? Si tu as mal reste au lit pour le moment...

- Non.. je vais partir ... je ne veux pas rester ici... répondis-je en coulissant mes objets dans mon sac.

Amour NarcotiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant