XIV

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~~ PDV Nagisa ~~

A mon réveil, lorsque mes yeux se posèrent sur la personne à mes côtés et qui avait partagé une nuit d'ivresse charnelle avec moi, je ne fus pas écœuré. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas éprouvé autre chose qu'une déception en me rappelant de la personne avec qui j'avais couché la veille. Non, cette fois, seul un sentiment de plénitude envahissait mon cœur. Parce que le simple fait que cette personne soit Karma évinçait toutes mes craintes et mes doutes, ne laissant en moi que l'envie de lui appartenir. Toutes mes anciennes conquêtes nocturnes ne me laissait qu'un goût infect quand je me remémorais la sensation de leurs mains moites, sales sur mon corps vulnérable. Cette désagréable sensation d'avoir été souillé par le vice de la luxure tel un jouet entre leurs bras. Cette nuit, le rouge m'avait rendu vivant. Dans ses bras, je me sentais à ma place, en sécurité , protégé des ténèbres qui recouvraient ma vie depuis son départ.

Je me retournai dans les draps pour faire face à son visage endormi. J'avais oublié mon intention première de cette sortie hors escort : élucider cette question qui me turlupinait depuis ma discussion avec Park. Comment pourrais-je aborder le sujet ? Un soupir vaincu franchit la barrière de mes lèvres et un léger rictus étira ma bouche. Où étaient passés mon courage et mon effronterie qui me caractérisaient si bien ? En la présence de Karma, je me transformais de nouveau en ce garçon chétif et faible que j'étais à l'époque du lycée. Pourtant lors de nos retrouvailles au Ruby Room, il y a déjà quelques mois, ma confiance en moi et ma colère contre lui ne me manquaient pas. Ce pouvoir de m'apprivoiser et de m'adoucir, il n'y avait que le rouge pour exercer un tel changement en moi. Maintenant, je me situais dans son lit, après avoir couché toute la nuit ensemble, sans même savoir ce que l'homme aux cheveux carmins pensait de moi ou de notre relation fébrile.


Et cette relation tourmentée continua pendant encore plusieurs rendez-vous. Ni le rouge ni moi mentionnions ce lien qui nous unissait et qui nous attirait inlassablement l'un vers l'autre à s'appartenir. Entre les rendez-vous d'escort et les rendez vous dit« personnels » je passais le plus clair de mon temps avec Karma. Etrangement, le fait de le voir aussi souvent m'ouvrait les yeux de plus en plus sur ma sombre vie. L'éclat des paysages et la beauté de la vie retrouvaient leurs couleurs et me semblaient moins ternes à ses côtés. Je revivais. Hiro remarqua bien vite mon changement de comportement et se douta de l'origine de cette altération de ma personnalité. Pour éviter qu'il ne s'intéresse de trop près à cette relation, que moi même je ne pouvais qualifier, j'essayais de garder mon rôle d'escort devant lui, essayant de m'accorder une journée en sa présence où je retrouvais mes vieux démons comme ma consommation de drogue en sa compagnie. Malgré ces moments de faiblesses, je me félicitais d'avoir réduit à néant ma consommation de cannabis et de tabac. Cela n'était pas simple, parfois le manque se traduisait par des tremblements excessifs mais tant que je ne me confrontais pas à des émotions trop vive ou des sentiments d'angoisse comme par le passé, je surpassais mes addictions et limitais désormais aussi l'absorption de drogues plus importantes comme l'ecstasy. Oui, je reprenais en main ma vie abandonnée dans la bourrasque des vents de mes erreurs.

Après un autre rendez-vous improvisé entre moi et Karma, hors escort, nous avions succombé une nouvelle fois à nos envies de possession sexuelle. Le lendemain matin, j'étais reparti chez moi sans faire attention qu'il me manquait quelque chose d'important, d'essentiel. Ce n'est que le surlendemain, après avoir retourné mon appartement de fond en comble, que j'affrontai la dure réalité : j'avais oublié mon portable chez le rouge. Je m'empressai de rejoindre la résidence de Karma et après avoir harcelé la sonnette pendant plus d'une dizaine de minutes, je me rendis à l'évidence, il n'était pas chez lui. En effet, en ce début de semaine, le rouge devait être sur son lieu de travail. Je décidais de repartir et de repasser plus tard dans la soirée, malheureusement, la scène se répéta, la porte resta close sans aucune réponse de la part du propriétaire.

Amour NarcotiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant