Believe in us: New Era

Dix Neuf : 213

Il avait toujours eu horreur des hôpitaux, le personnel, le lieu en lui-même, l'accueil, les chambres, les uniformes. Absolument tout ce qui attrait au milieu hospitalier, alors, revenir ici, voir sa mère mourante pour la dernière... non, il ne pouvait pas s'y résoudre, tétanisé, devant la porte 213, il ne veut pas, il ne peut pas. Franchir cette porte signifiait qu'il ne le fera plus jamais de sa vie, et ce n'était pas pour une bonne raison.

-Warren, respire, je t'attends ici, je ne bouge pas

-non je ... viens avec moi, s'il te plait ne me laisse pas tout seul.

D'une côte Seth ne pouvait pas le laisser affronter tout ça seul... mais de l'autre il aurait préféré ne pas voir toute cette souffrance qui englobait toute la pièce. Warren était en face de lui vulnérable et faible, les yeux gonflés, les lèvres tremblantes, face au futur deuil.

Seth ne pourrait jamais imaginer la souffrance émotionnelle, qu'il pouvait ressentir à cet instant. Il ne voulait pas y penser. Finalement, en prenant son courage à deux mains, il ouvra la porte pour Warren et ils s'engouffrent dans la chambre.

Pour la première fois Seth voit la mère de Warren, il aurait aimé que cela soit dans d'autres circonstances. Il eût la chance de découvrir une belle femme aux cheveux grisâtre mi-long, fraichement taillés des yeux noirs ornés de cernes prononcés. Elle avait l'air faible et extrêmement fatigué, son père était présent lui aussi assit au bord du lit sa main gauche posé sur son genou...

-papa ?

-mi hijo ! Je suis content que tu sois là

-mon chéri, tu es enfin venu me voir, tu es là Warren !

-oui maman, je suis là ma ptite maman...

-Je t'ai déjà dit d'arrêter de critiquer ma petite taille Warren ! haha

D'une toute petite voix à peine audible sa mère l'appel à lui, Warren s'assoit de l'autre côté, prend sa main et la pose contre sa joue. Des larmes silencieuses se forment dévalant ses joues.

-non, ne pleure pas, je suis en paix ! J'ai demandé à ton père de me laisser partir, toi aussi tu dois me laisser partir sans aucun remord, je suis prête maintenant...

-non maman, tu ne peux pas, on va...

-mon chéri, ne soir pas triste, écoute-moi, je te connais, mais je veux que tu saches que tu n'aurais absolument rien pu faire de plus. Je veux que tu sois heureux mon fils ! Avec un gentil garçon, un bel homme hein ! Pas comme ton père ! haha

Ils se mettent à rire tristement, même sur son lit de mort elle se permettait ce genre de blague, je vois que tu as emmené quelqu'un, est-ce que c'est ton copain.

-non Maman, c'est mon meilleur ami.

- quel dommage, il a l'air charmant pourtant !

-haha, maman arrête un peu tes bêtises,

-je t'aime mon fils, tu es ma plus belle réussite et je suis heureuse de quitter cette terre en laissant derrière moi quelqu'un de bien... Promet moi de faire le bien autour de toi, répand ta joie, libère-toi.

-oui maman, moi aussi je t'aime, plus que tout ! Je te promets de castrer papa s'il se remarie !

-non non, je lui ai donné ma bénédiction, mon chéri ne garde aucune rancœur, aucun remord, j'ai pu te voir, une dernière fois. C'est pour moi la meilleure des façons pour partir, j'ai vécu une belle vie.

- tu n'as pas peur ? tu ne t'en fais pas ? 

Seth regarde la scène avec tendresse, doucement il s'éclipse leur laissant un peu d'intimité entre eux, pendant ce temps, il téléphone et explique la situation à Alex qui le comprend qui lui accorde du temps pour épauler son meilleur ami.

Il se sent faible, d'un coup, s'il perdait lui aussi l'un de ses proches trop tôt, comment pourrait-il réagir ? Il n'a jamais encore fait face à la mort, mais pour l'heure il devait se ressaisir, pour Warren, comment pourrait-il l'aider si lui-même avait besoin d'aide ?

De son côté, Warren écoutait sa mère parler lentement de tous les bons moments qu'ils avaient passés tous ensemble, des cinq ans de son fils, quand il avait demandé toute la collection de Lego pour construire tout seul. Ou alors quand il voulait absolument sortir en soirée avec ses amis, mais que finalement il s'est endormi dans sa chambre en tenue.

Après ça, après avoir passé quelques heures de plus en la compagnie de sa mère, fut le moment de la laisser partir. Il suffirait de débrancher la machine qui la maintenait en vie, et sans peur, sans douleur elle s'en est allé. En partant Warren avait l'impression qu'elle était partie avec une part de lui-même, si avant il se sentait vide, là il était livide.

Un medecin voulait leur expliquer la marche à suivre, mais son père avait déjà tout prévu en respectant le souhait de sa mère, de la seconde ou ils la débrancheraient jusqu'à l'enterrement

En sortant il se tenait au mur, vider de ses forces, vider de toutes émotions, il n'avait même plus de larmes à déverser, Seth le sert le plus fort que possible jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches...

-Viens, on va se reposer... on va te trouver un petit quelque chose à manger

-je n'ai pas ...

- juste deux sachets de sucre dans ce cas ... juste pour moi, je sais que c'est dur mon amour...

Maintenant, il ne retournerait plus jamais dans cet hôpital, dans cet endroit maudit et lugubre, cet endroit où il venait d'y perdre une partie de lui-même. À cet instant lui aussi voudrait faire comme elle et partir pour le grand voyage

- Toutes mes condoléances Warry, viens, ne restons pas là

Comment pouvait-on faire son deuil ? Si c'est propre à chacun, comment lui le pourrait ? Pourquoi il n'existe aucun mode d'emploi ? Aucune notice ? C'st si personnel, si intime. On dit que certain ont besoin d'aller régulièrement au cimetière, de garder un bijou, un objet pour se sentir encore proche d'eux, ou à l'inverse, ils ont besoin de partir loin, pour fuir cet état d'âme, fuir leur mal-être.

 Certain ont besoin d'être entourés, d'autres ont besoin de leur solitude pour regarder chaque photo, remémorer chaque souvenir pour se dire que finalement il n'y en aurait plus de nouvelles. Cruel sort de destin, du bon dieu, et de la vie en général, tout ce qui rentre doit sortir, tout ce qui vie doit mourir.