Ruelle

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Une longue route plongée dans l'obscurité me faisait face.

L'obscurité.

Cette nuance m'a rappelé celle de mes cheveux.
Des cheveux court légèrement ondulés d'un noir de jais.
Quelques mèches tombant sur un visage aux tempes pâles et aux joues creuses.

Cette longue route s'arrêtait dans une ruelle aussi sombre que le maquillage que je portais. Des yeux charbonneux et des lèvres pulpeuses sertis d'un rouge à lèvres légèrement brillant.

Il fallait bien cacher ma faim sous une tonne de fond de teint blanc.

Un bâtiment obscur que je connaissais bien, bordé de néon qui illuminait mon visage émacié, se tenait devant moi.

J'ai contourné les murs immenses aux briques ébènes. Ma main, décorée de jolies bagues en argent, frôlait le mur de pierre.

Une bague sertie d'un rubis crépusculaire, un anneau simple brillant dans la mélancolie et une dernière en forme de serpent s'enroulant autour de mon index.

Une fois que la chaleur des murs fut remplacée par la froideur du métal, je savais que j'étais enfin arrivé au bon endroit.

Une porte d'acier légèrement gelée, se tenait devant mes yeux fermés.

Pas la peine de les ouvrir avant de voir la lumière.

J'ai attrapé la poignée toujours aussi gelée avec ma main droite, la gauche étant restée dans la poche de ma veste en cuir rapiécé, pleine de trous et de traces de brûlures.

Une fois la lourde porte ouverte, je suis entré dans le long couloir noir qui me paraissait infinie, cette nuit.

Il me paraît de plus en plus dur à parcourir au fil des jours.

Ma main gauche a attrapé mon paquet de cigarette avec adresse, étant habitué à faire ce geste depuis des années maintenant.

Ma première cigarette était il y a longtemps.
Trop longtemps pour que je m'en souvienne en détail.

Je me rappelle juste du goût aphrodisiaque, de la peine s'effaçant en quelques instants.

Depuis ce délicieux moment, chaque cigarette me paraît de plus en plus fade.

J'aime le goût du renouveau.

L'odeur des grains de café et le délicat arôme de l'alcool glissant péniblement  dans ma gorge.

Après avoir glissé une cigarette entre mes lèvres, j'ai attrapé mon briquet et me suis empressé d'allumer le petit bout de paradis que je tenais à présent entre mon index et mon majeur.

Une bouffée d'air frais…

Un air pollué, remplit de l'amertume du mensonge.

Un air qui a l'effet d'un baiser donné par Lucifer en personne.

J'ai passé ma main libre dans mes cheveux avant de cracher la fumée de ma cigarette vers le plafond.

…………………………………………………

Après être arrivé devant la porte à la couleur de mes cauchemars, j'ai soupiré en prenant la poignée entre mes longs doigts fins.

Encore une porte.

Encore des couloirs.

Encore du noir.

Le confort rassurant de l'obscurité est décidément bien trop tentant.

Chaque être humain préfère se réfugier dans le noir plutôt que de voir l'immondice dans lequel il est sculpté.

Le diable est décidément munit d'un sens de humour des plus douteux.

Fer et Absinthe [Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant