Couloir

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Je n'avais pas pu prononcer le moindre mot.
Il avait fui lâchement et je n'avais rien fait pour le retenir.

Je sentais presque les larmes me monter aux yeux  et ma vue s'est brouillée quelques instants avant que je ne finisse par ressentir l'absence de chaleur autour de moi.

L'air glacé, coupant mon épiderme sans pitié, me frictionna la peau comme pour me réveiller, et j'ai juste eu le temps de cligner des yeux que sa silhouette gracile et si chaude avait disparu. La petite lueur qui occupait mes pupilles noires à rester éveillé s'éteignit à cet instant, me laissant une fois de plus dans le froid, seul sur ce toit.

Une fois descendu, je me suis remis les idées en place en me frappant le front du plat de la paume.

J'étais un idiot !

Je l'avais laissé partir sans aucun scrupule, avant de rester planté là comme un crétin transi, l'esprit embrumé par les vapeurs d'alcools.

Comme un voyageur du désert privé de son eau, j'ai couru aussi loin que mes jambes me portaient, criant silencieusement à la terre de s'arrêter de tourner.

Le ciel noir obscurcissait mon chemin, rendant le moindre de pas, aveugle.

Voila ce que j'étais.

Un drogué, rendu hypnotisé par une peau pâle, que la pulpe de mes doigts avait effleuré une seconde.

Une douce senteur épicé semblable à de la cannelle prit mon nez, ne me laissant même pas respirer plus d'un instant.

Mais son parfum à lui avait plutôt l'odeur des aiguilles de pins aux relents âcres d'alcool fort et de cigarettes.

Mes yeux bleus, aveuglés par sa présence encore chaude, cherchèrent sa silhouette, parmi les grandes ombres qui m'enveloppaient.

J'avais chaud, si chaud, et pourtant ma peau semblait si glacé sans son toucher.

J'ai déambulé dans les rues en le cherchant du regard jusqu'à ce que mes jambes me portent d'elle même à mon appartement où je me suis effondré mollement sur le canapé du salon, les bras de Morphée me portant péniblement jusqu'au pays des rêves, seul endroit où j'espérais le revoir désormais.

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Le réveil fut difficile.

Chaque muscles de mon corps en sueur restaient accrochés fermement au coussin rêche de mon canapé, ma peau rougie par les frottements de tissus, se roulant péniblement au bord du lit de fortune pour attraper mollement mon téléphone.

Aucun message et pas un seul appel manqué.

J'ai laissé tomber ma main, mes jointures frôlant le tapis avant que mon portable ne glisse entre mes doigts qui le retenaient à peine, pour atterrir trois centimètres plus bas, sur la fourrure douce du tapis.

J'ai fait craqué mes articulations pour le réveiller, mon esprit encore entrain de collapser me tirant de mon sommeil lourd.

Enfin presque sobre, mes pas m'ont dirigé avec mécanisme vers la cuisine où j'ai pris un simple verre d'eau qui avait goût de calcaire.

Le sentiment de vide qui me pesait sur la poitrine d'intensifia en remarquant que Yoongi n'était pas rentré.

J'ai pesté contre moi même en écrasant mon poing contre le plan de travail.

La chute après l'envol.

Mes jambes ont titubé jusqu'au sol, me laissant pourrir sur le carrelage de la cuisine comme le lâche que j'étais, pendant qu'une seul bribe infime de pensée parvint à percer la bulle noir dans mon esprit.

Fer et Absinthe [Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant