-Bonjour Nova, assieds-toi, je t'en prie. Choisis l'endroit où tu souhaites t'installer. Je regarde autour de moi, cherchant désespérément un endroit confortable où me poser afin d'être "bien". Je prends un vieux pouf rose.
-Alors comment te sens-tu ? Ta semaine s'est bien passée?
Je la regarde dans le blanc des yeux ne sachant pas quoi répondre. Comment pourrais- je lui expliquer que je me sens tellement vide que je ne sais pas comment je vais et que les jours se ressemblent tellement que je ne sais même pas quel jour nous sommes? Je lui réponds alors que je me sens comme tous les autres jours de la semaine et que je n'ai rien fait de ma semaine. Elle insiste de plus belle pour essayer de me faire parler mais aucun mot ne sort de ma bouche, je ne sais quoi lui dire. Je serre alors mes mains l'une contre l'autre et les frotte afin de faire descendre mon anxiété. Puis je touche frénétiquement mes longs cheveux bruns et en arrachent quelques-uns. Elle essaye de me toucher afin de me calmer et de me dire tout va bien mais son contact hérisse ma peau et me révulse. Mes battements de cœur se font plus forts et ma respiration plus courte. Je ferme quelques instants les yeux pour me calmer.
C'est moi qui voulais venir ici et pourtant rien ne sort, je ne veux rien lui dire. Je veux juste que tout s'arrête, mettre ma chanson de rock préférée à fond dans mes écouteurs et partir.
Ce n'était pas une bonne idée de venir, de vouloir m'exprimer à propos de ce que je ressens à quelqu'un, elle aussi, elle me prendrait pour une folle. Mais pour une fois, j'espérais tellement pouvoir avancer et devenir enfin la personne que je veux .Seulement j'étais trop optimiste et j'ai oublié l'essentiel : que j'allais devoir communiquer.
C'est si compliqué de s'exprimer lorsque tu ne l'as jamais fait. Surtout lorsque tu es habituée à te renfermer sur toi-même en te créant des boucliers contre le monde extérieur. Cela devient encore plus complexe lorsque que tu as été trahie et qu'on te dit que tes sentiments n'ont aucune importance et qu'il vaut mieux que tu te taises . Cependant pour une fois, je voulais m'ouvrir à quelqu'un, briser mes milliers de barrières et parler de moi. Juste pour une fois, je voulais penser à moi et à ce que je ressens.
Si j'avais eu le courage de lui parler, je n'aurais pas eu besoin de me demander si Alix avait toujours des problèmes avec son petit ami et si elle était en train de se saouler la gueule pour oublier toutes les erreurs qu'elle a commises dans sa vie. Je n'aurais pas eu à savoir qu'une rumeur tourne sur moi dans l'université selon laquelle, je suis dans une secte et que j'ai torturé psychologiquement des gens. Je n'aurais pas regardé à ma fenêtre pendant des heures en rentrant des cours en attendant que quelque chose se passe et que ce vide en moi s'atténue.
Non. Je n'aurai sûrement pas eu tout cela mais je suis incapable de parler, incapable de penser à moi juste une fois. Je suis incapable de me dire que j'existe, que je mérite qu'on se soucie de moi. En soit, que j'en vaux la peine. Alors, je suis partie. Je n'ai rien dit et je suis partie. Peut-être que ça n'aurait rien changé de parler mais peut-être que ça aurait pu changer quelque chose, même une simple discussion aurait pu avoir un impact énorme sur moi, peut être que ça aurait pu soulager ma peine. Mais je n'ai pas pu, comme si quelque chose était bloqué en moi.
Alors, j'ai fermé la porte et j'ai marché seule sous la pluie à regarder mes pieds et avec ma musique à fond dans les oreilles pour rentrer chez moi. Ouvrir ma fenêtre, contempler les étoiles et dormir.
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Toi et Moi nous ne faisons qu'un.
Fiction généraleJe ne me suis jamais sentie normale. J'avais ce trou béant en moi qui grandissait de plus en plus et qui détruisait ma vie. Je me sentais vide, éteinte et lorsque j'ai voulu enfin profiter de la vie. Il est revenu me hantait comme un cauchemar qui...